La Fête cantonale vaudoise 2022 démarre le vendredi 10 juin à Yverdon. Il s’agira de la neuvième fois que la Cité thermale accueille la manifestation, qui a bien évolué au travers des décennies.
La Fête cantonale vaudoise de gymnastique (FCVG) s’apprête à prendre ses quartiers à Yverdon (du 10 au 12 juin et du 16 au 19 juin), 169 ans après son premier passage dans la Cité thermale, en 1853. Les six premières éditions yverdonnoises étaient réservées aux gymnastes adultes masculins, la Journée cantonale de 1945 aux femmes et la Fête cantonale des jeunes gymnastes de 1980 aux sportifs âgés de 11 à 16 ans. Ces différentes manifestations ont depuis fusionné, pour constituer l’actuelle FCVG, mixte et ouverte à tous les âges.
Membre de la division communication-archives de l’Association cantonale de gymnastique, Jean-François Martin s’est penché sur les précédentes FCVG ayant eu lieu à Yverdon avec, à la clé, des anecdotes permettant de mesurer l’évolution de la manifestation et de ses à-côtés, en plus d’un siècle et demi d’existence.
1853: tous à pied
La première Fête cantonale à Yverdon a lieu les 30 et 31 juillet 1853, deux ans après la première édition de la manifestation à Lausanne. Les chemins de fer n’étant pas encore d’actualité, les sections se déplacent souvent à pied, ce qui restreint la participation. La Feuille d’avis d’Yverdon du 16 juillet 1853 mentionne que «deux membres du comité se transporteront au domicile des citoyens […] pour prendre note des logements disponibles», afin d’offrir un toit aux participants.
Les sections de Lausanne, Sainte-Croix et Yverdon, ainsi que celles de Morat, Fribourg, Neuchâtel, Fontaines, Fleurier et Buttes prennent part à la manifestation qui, à l’image des fêtes de gymnastique de l’époque, donne plus d’importance aux assemblées, cortèges, bals et banquets qu’aux concours en eux-mêmes.
1870: la FCVG épargnée
La mobilisation de l’armée, à la mi-juillet, à cause de la guerre franco-allemande, a eu raison de la Fête fédérale de Liestal, prévue en août et finalement repoussée d’une année. La Fête cantonale, qui a lieu les 2 et 3 juillet, est épargnée de justesse. Mais le concours individuel aux engins est perturbé par la pluie, le samedi, et seuls 52 gymnastes participent au concours de sections le lendemain.
1883: théières et bretelles
Les deux journées de concours, les 7 et 8 juillet, débutent aux aurores, puisque les gymnastes s’affrontent dès 6h du matin à la place d’Armes. Le dimanche, les exercices généraux sont notamment au programme, auxquels s’adonnent 150 gymnastes avec des cannes de fer au son de la fanfare. De très nombreux prix sont distribués, tels que pantoufles, théières, argenterie, cigares, bretelles et liqueurs. Le Journal d’Yverdon du 11 juillet 1883 salue en outre la prestation du Corps de musique de la ville, lequel a notamment joué le Ranz des vaches.
1908: un arc de triomphe
Le comité d’organisation sort le grand jeu pour fêter le cinquantenaire de la Société cantonale: cantine de 1200 places, carrousels et attractions de foire, place Pestalozzi décorée de guirlandes, portails de verdure pour accéder à la place d’Armes, et même un arc de triomphe à l’avenue Haldimand.
Seules les sections vaudoises sont admises pour «donner à ce jubilé un caractère de fête de famille intime». La participation est presque deux fois plus importante que lors des fêtes de 1902 et 1905, avec 51 sections – soit la totalité des sociétés en activité! –, 1200 gymnastes aux préliminaires généraux et plus de 700 individuels présents du 27 au 29 juin, logeant tous à la caserne.
1931: spectacle en 3 actes
La participation, du 18 au 20 juillet, est inférieure à celle de toutes les Fêtes cantonales de la décennie précédente, probablement en raison des grandes difficultés économiques de l’époque. Cependant, chaque soir, il y a bal au Casino. Un grand spectacle gymnique, chorégraphique et musical en trois actes et six tableaux, «Jeunesse», avec 500 figurants, est présenté du vendredi au lundi soir et retransmis par la radio romande. Au programme, des armaillis, des vieux guerriers suisses, des gymnastes modernes, l’économie yverdonnoise, des danseuses fumant des cigarettes et des nymphes de la source.
1945: pas classées
L’Association vaudoise de gymnastique féminine confie aux sections dames d’Yverdon-Ancienne et des Amis-Gymnastes Yverdon la manifestation prévue pour son 20e anniversaire. Mais elle exclut toute compétition avec classement. Des appréciations sont cependant remises aux individuelles et aux sociétés. La Journée cantonale féminine se tient le 24 juin au Stade municipal, avec 42 sociétés et 800 participantes, en gymnastique, au basketball ou encore à la balle à la corbeille. Les comités d’organisation et d’honneur sont intégralement masculins, de même que tous les orateurs du banquet officiel et de la cérémonie de clôture…
1950: un festival complet
Quelque 2000 gymnastes sont présents du 8 au 10 juillet, entre concours, culte, cortège et démonstrations. Le Stade municipal accueille notamment la finale du championnat vaudois de handball, ainsi que la course des drapeaux. Du jeudi au dimanche soir, le festival «Sol Natal», avec 500 interprètes, est joué à guichets fermés sous la cantine. Les différents tableaux montrent l’évolution d’Yverdon depuis 1820, avec la ronde des saisons, les machines à écrire Hermès, les cigarettes Vautier et la production d’électricité. La fanfare la Lyre et 180 chanteurs des chœurs yverdonnois assurent le support musical.
1980: honneur aux jeunes
On les a appelés «pupilles» («élèves» en vieux français) dès le début du XXe siècle, ils deviennent les «jeunes gymnastes» dès leur première Fête cantonale, en 1975 à Vevey. Un nom jugé plus acceptable avec l’évolution du terme, qui signifie désormais «personnes sous protection ou sous tutelle». Les «pupillettes», elles, doivent se satisfaire de l’appellation jusqu’à la fin du siècle. Yverdon-Ancienne se charge de l’organisation de la 3e Fête cantonale des jeunes gymnastes, les 14 et 15 juin, réservée aux 11 à 16 ans. Vevey JP fait sensation avec une excellente production à l’école du corps comptant 50 filles et garçons. Une mixité qui deviendra la norme.
La Fête cantonale de gymnastique 2022 recherche encore des bénévoles. Inscriptions: ici.
Les billets pour le gala du vendredi 10 juin sont en vente ici.
Article réalisé avec les archives de Jean-François Martin
