Skicross – Troisième du général de la Coupe d’Europe l’hiver passé, Bryan Zooler souhaite continuer à franchir les paliers, conscient qu’il lui sera presque impossible de se qualifier pour les JO de PyeongChang, cette saison.
Promu dans les cadre A de la section skicross de Swiss Ski à la fin de la saison dernière, Bryan Zooler, 23 ans, fait toujours partie des petits jeunes de l’expérimentée et très compétitive équipe nationale de skicross. En cet hiver olympique, le skieur du Sentier aurait besoin d’un improbable concours de circonstances pour être du voyage à PyeongChang. Conscient des paliers qu’il lui reste à franchir pour s’établir tout en haut de la hiérarchie, le 3e du classement final de la Coupe d’Europe 2016-2017 parle avant tout de poursuivre sa progression.
Qu’est-ce que cela change de passer du cadre C au A de Swiss Ski ?
Sur les skis pas grand-chose, puisque tout le monde a vécu la préparation ensemble, à Saas-Fee, depuis le mois d’août. Par contre, je bénéficie d’un véhicule et de facilités pour obtenir des skis et du matériel. Cela dit, je ne suis pas passé de la nuit au jour.
Sportivement, cela vous assure- t-il une place en Coupe du monde ?
Non. La Suisse a droit à sept places au plus haut niveau et ce sont les éléments les plus en forme qui sont sélectionnés. Si je ne skie pas assez vite pour la Coupe du monde, je me retrouverai plutôt avec le groupe Coupe d’Europe.
La saison a commencé pour tout le monde par une épreuve du circuit européen, en Autriche. Et cela ne s’est pas très bien déroulé pour vous, avec une 37e place, loin de vos standings.
En fait, je suis tombé bêtement le premier jour, dès le départ de la première descente du premier entraînement. Je me suis fait mal à un coude et, sur une piste assez plate comme celle de Pitztal, j’ai été gêné à la poussée. Les une ou deux secondes ainsi perdues en début de course, lors des qualifications, ne m’ont pas permis de me hisser dans les trente premiers, pour pouvoir prendre part aux runs. C’est d’autant plus ennuyeux que c’est là-bas que j’avais très bien couru l’an dernier, ce qui m’avait ouvert les portes de quelques manches de Coupe du monde.
Comment va votre blessure ?
Il s’agissait juste d’une contusion, et cela va bien mieux. Sur place, j’ai mis beaucoup de glace durant plusieurs jours et, honnêtement, s’il ne s’était pas agi d’une épreuve importante, je n’aurais même pas pris le départ.
La Coupe du monde débute ce week-end à Val Thorens. Serez-vous au départ ?
Malheureusement non, car je n’ai pas été retenu. La sélection se faisait par une course interne -lors de laquelle j’ai toujours de la peine à me dépasser-, ainsi que selon les résultats de l’épreuve de Pitztal. Par conséquent, pour moi, mon prochain engagement sera à Arosa, où plus de places sont dévolues aux Suisses, la semaine prochaine. Il s’agira d’une Coupe du monde disputée en sprint, sur une trentaine de secondes, et en soirée. Un format court qui ne me correspond pas forcément, mais on ne sait jamais ! Ce week-end, je m’entraînerai en Autriche.
Comment s’est déroulé votre été ?
Tout s’est bien passé. Je me suis entraîné essentiellement entre Saas-Fee et Macolin, où on a effectué des tests physiques en début et fin de préparation. Cela permet de se rendre compte si on est parvenu à gagner en force, puis à la transformer en explosivité, ce qui est réussi. Cette saison, je souhaite maintenir ces mêmes valeurs pour, l’été prochain, m’atteler à prendre quelques kilos de muscle supplémentaires.
Pensez-vous avoir une chance de décrocher un billet olympique cet hiver ?
Honnêtement, ce n’est pas l’objectif. Non seulement parce que les critères sont durs, mais surtout parce que la concurrence est rude à l’interne. Alex Fiva, Armin Niederer, Marc Bischofberger et Jonas Lenherr ont tous les moyens de terminer régulièrement sur les podiums de Coupe du monde. Et puis, des Romain Détraz, Timo Müller, Joos Berry, Peter Stähli et Ryan Regez, qui revient de blessure, ont les moyens d’y prétendre selon leurs performances. Cela fait qu’on est une dizaine de skieurs pour quatre places… Compte tenu de mon évolution, ces Jeux viennent un peu vite. Et puis, ce n’est pas encore «cette année ou jamais» pour moi. Ce qui me rassure, c’est que parmi ce groupe, je reste le plus jeune. On verra où je me situe dans quatre ans.
Quelles sont vos ambitions cette saison ?
J’aimerais confirmer ma place dans le cadre A. Pour cela, je dois remporter la Coupe d’Europe ou y obtenir trois podiums, ou faire un top 16 en Coupe du monde. Mes objectifs dépendront, donc, des courses où je me trouve. Après avoir fini 3e l’hiver dernier, ça me plairait de remporter le général de la Coupe d’Europe, ce qui me permettrait d’obtenir une place fixe en Coupe du monde l’année suivante et, donc, de pouvoir prendre mes marques. Y parvenir demandera de la régularité et de ne pas se blesser. Ceci sachant que je pars déjà avec une course de handicap, après ma contre-performance en Autriche.
Si on vous comprend bien, vous préféreriez être aligné en Coupe d’Europe.
Je pense qu’il est mieux pour moi d’y skier toute la saison, plutôt que de faire un peu des deux, mais rien à fond. J’en saurai plus sur mon programme après Arosa. C’est une année un peu bizarre pour moi, car je me retrouve assis entre deux chaises. Mais en cet hiver olympique, on sent que les choses sont spéciales, qu’il y a de la pression : tout le monde est fin prêt. Enfin, compte tenu des JO, il y aura une grosse coupure en Coupe du monde, de la fin janvier à début mars. En ce sens, je préfère me retrouver encore une année à l’étage inférieur.
Du fitness et une dose d’empathie
Bryan Zooler est un homme actif. Depuis l’été dernier, il a suivi une formation pour devenir instructeur de fitness, qui lui a pris passablement de temps. «J’ai déjà un CFC de micromécanicien, mais j’avais envie d’avoir aussi cette option, dans un domaine qui m’intéresse beaucoup», lance le Combier. Si tout va bien, l’été prochain, il passera à l’étape suivante, pour décrocher le papier de personal trainer. «J’ai toujours eu de l’empathie pour les gens, et notamment ceux qui se donnent de la peine afin de perdre du poids, qui sont prêts à bouger, souligne le skieur de la Vallée. Quand on est mal dans sa peau, il est très difficile d’oser mettre un pied dans un fitness.» Un pas que Bryan Zooler aimerait aider certains à faire.