Quand la nature fait plier les arbres
27 décembre 2009
Certaines scènes de forêts délabrées du film La Route auraient presque pu être tournées dans les gorges de l’Orbe et du Nozon, l’hiver dernier, après les fortes chutes de neige qui ont anéanti de nombreux arbres, ne supportant plus le poids de l’or blanc.
Que reste-t-il de ces troncs qui jonchaient le les forêts? Doit-on s’attendre à pareille hécatombe cet hiver, après les premières neiges en plaine? Dix ans après Lothar, doit-on craindre pour nos forêts? Eléments de réponse avec l’inspecteur forestier Pascal Croisier, qui s’est notamment occupé de la remise en état des zones touchées.
La Région: Pascal Croisier, que reste-t-il des dégâts de l’hiver dernier?
Pascal Croisier: On a prioritairement travaillé sur les zones où il fallait assurer la sécurité des barrages et des ponts. Le déblaiements des rivières a été terminé vers la mi-juin. On a ensuite opéré sur les coteaux. La forêt reste dangereuse là où il n’y a pas eu de chantiers d’assainissement. Durant le mois d’octobre, on a eu plus de travail avec des branches qui rompaient. Il reste aussi du bois mort qu’on ne va pas toucher, dans des zones difficiles d’accès. Les sentiers pédestres sont en voie de remise en état, mais ne sont pas encore ouverts au public. On fera le point au mois de mars, notamment avec les communes, qui sont responsables des aménagements tels que des barrières.
Qu’est-il advenu de ce bois tombé?
Il s’agissait à 99% de bois de feu. Du coup, les stocks ont pu être écoulés sans que cela ne perturbe le marché du bois.
Peut-on comparer cet événement avec la tempête Lothar qui avait fait de terribles dégâts il y a dix ans?
Lothar avait frappé ailleurs que dans les gorges, à des endroits exposés au vent, sur les crêtes, comme sur la côte du Suchet. Vallorbe avait perdu l’équivalent d’environ une exploitation et demie annuelle de bois. Mais le plateau et les Préalpes vaudoises avaient été bien plus touchées que le Jura, avec près de dix ans de coupe de bois abattu sur le plateau. Les chutes de neige de l’hiver dernier ont causé des soucis techniques et de sécurité avant tout, tandis que Lothar a été un problème tant technique qu’économique.
Quels espèces d’arbres ont le plus souffert?
Les résineux avaient beaucoup été touchés lors de Lothar, à cause d’un système racinaire assez superficiel et d’une plus grande prise au vent, car ils gardent leurs aiguilles en hiver. On a alors planté des feuillus sur le plateau, où il y avait trop de résineux. Il y a une année, dans les gorges, ce sont des forêts principalement composées de feuillus, comme des hêtres, qui ont été malmenées.
Court-on vers une catastrophe pour nos forêts régionales?
Non, car on possède une nature généreuse et on travaille facilement avec le rajeunissement naturel de la forêt. Ce n’est qu’une question de temps.
Et les premières neiges de cet hiver, ont-elles causé de dégâts?
Non plus, puisqu’on a eu affaire à une neige légère. L’hiver passé, il s’agissait d’un phénomène exceptionnel avec de la pluie givrante et de la neige lourde. Cette année, elle a rapidement été soufflée.