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Quand la passion passe avant le beau jeu

22 mai 2019 | Edition N°2503

Milieu de terrain, attaquant, entraîneur, entraîneur-joueur, président, président-joueur: Christian Bavaud a porté toutes les casquettes d’un FC Épendes qu’il représente avec attachement depuis trente ans.

Christian Bavaud est un grand fan de Newcaslte United. Le club de l’est de l’Angleterre n’est pourtant pas le plus titré, ni celui qui attire les plus grandes stars chez lui. Et pourtant, plusieurs fois par année, l’homme se débrouille pour dégoter un billet de match, un autre d’avion et assister à une rencontre de ce football qui le fait tant vibrer. «Newcaslte, ce n’est pas la plus belle équipe de Premier League. Mais ce n’est pas ça qui compte», lance celui qui a découvert les Magpies lors de ses études à Londres. Ce qui compte, pour le président du FC Épendes, c’est le don de soi, l’amour du maillot, qui ne peut d’ailleurs que finir trempé.

La rage qui déjoue les pronostics

Le boss des Grenouilles aime rappeler que ces ingrédients-là, ses deux clubs de cœur les partagent. «On a passé 22 saisons en 3e ligue à Épendes. Si vous saviez le nombre de fois où tous les indicateurs nous donnaient relégués et où on a fini par s’en sortir grâce à notre rage…»

Une fureur qui faisait autrefois la réputation du FCE, aujourd’hui club de haut de tableau en 4e ligue. «Quand je suis arrivé, il y a trente ans, on jouait encore sur la vieille pelouse de l’œuf, qui se trouvait en direction de Suscévaz. Il avait été élu pire terrain du canton, sourit cet ancien junior d’Yverdon Sport. Je me souviens de certains duels, notamment contre Azzurri Yverdon, qui jouait très bien au ballon. Les pauvres joueurs savaient que, aussi bons qu’ils étaient, ils allaient se faire descendre en venant chez nous.» Il n’en a pas fallu plus pour que Christian Bavaud se sente au FC Épendes comme chez lui.

L’amour entre l’homme et le club est passionnel. En trois décennies, il y a eu beaucoup de bons moments. Quelques ras-le-bol, aussi. «En plus de jouer, j’ai très vite intégré le comité. Et quand je m’implique, je suis du genre à m’y mettre à fond.» Jusqu’à l’overdose… «Après cinq ou six ans, Grandson m’avait approché. Partir m’a fait un bien fou. Déjà parce qu’on avait été promus en 2e ligue. Ensuite, et surtout, parce que je n’avais plus à me soucier de l’état des lignes sur la pelouse et de la quantité de sucre à mettre dans le thé à la mi-temps. Je jouais, point.»

Tous les rôles, sauf gardien

Et puis, les Grenouilles sont tombées dans le creux de la vague. «Le président, en place depuis 17 ans,  partait. Le club avait besoin d’un successeur. Moi, j’avais 28 ans, je me sentais moyennement légitime. Les gars du coin ont poussé et…» Et Christian Bavaud a rendu service, comme bien souvent depuis qu’il a enfilé la tunique verte. «Parfois, je me demande si c’est vraiment aider le club que d’accepter de revenir, encore et encore, lâche celui qui a débuté un nouveau mandat de président il y a deux ans. Et puis, je pense à mon fils qui va avoir 2 ans. J’ai envie que, lorsqu’il sera un peu plus vieux et qu’il voudra représenter son village à travers le foot, un club existe encore pour lui ouvrir ses portes.»

Peu importe la voie que choisira le jeune footballeur en herbe – «il frappe déjà fort, je vous assure!» –, son expérimenté père saura l’orienter. «Mis à part gardien, je crois que je suis passé par tous les rôles», sourit celui qui a également porté la casquette de coach, quand ce n’était pas celle de coach-président. «J’ai notamment assisté Yann Rouilly et Gilles Chevallier. Mais je n’ai ni diplôme, ni grandes connaissances tactiques. Je m’occupais plutôt de l’aspect social et de la vie du groupe.» Sans oublier de remettre dans le droit chemin les Grenouilles qui s’égaraient et perdaient de vue les valeurs du FC Épendes.

 

Il a engagé Carlos Rangel à partir de cet été

Christian Bavaud, qui vit d’ailleurs à 50 mètres du terrain des Cartes, n’a que du bien à dire au sujet de Christian Leuenberger, l’entraîneur de la «une» depuis deux ans. «J’ai un grand respect pour lui, pour ce qu’il a accompli dans le football. Il possède d’énormes qualités. À tel point que ses capacités sont peut-être davantage en adéquation avec le plus haut niveau.» Il y a deux semaines, «Leuleu» a en effet annoncé son départ, les deux parties sentant que le message du technicien passait moins bien qu’avant.

«Je le répète, mais les 22 saisons qu’on a passées en 3e ligue, c’était un exploit. Alors bien sûr, on a sincèrement envie de remonter. Mais quelque part, militer en 4e ligue et y prendre du plaisir, ça nous va très bien aussi», précise le président du FC Épendes.

Choix a donc été fait de miser sur un formateur, figure emblématique et appréciée de la région: Carlos Rangel. «On sait comment cela s’est terminé pour lui à Bosna et à Thierrens, où il n’a pas pu s’inscrire dans la durée. Nous, on veut lui donner du temps, car on est conscients que c’est ainsi qu’il fonctionne le mieux. Il n’a plus cinq soirées par semaines à accorder au foot comme lorsqu’il était à Grandson? Aucun souci pour nous. On est sur la même longueur d’onde. On pense à demain avant aujourd’hui.»

Pour finir de convaincre Christian Bavaud, Carlos Rangel s’est pointé à leur deuxième entretien avec un dossier détaillé de ce qu’il entendait mettre en place avec son futur club. Le football pris au sérieux sans se prendre la tête: tout pour convenir au FCE.

Florian Vaney