Nord vaudois – Les paysans d’alpage puisent dans leurs réserves de fourrage et craignent une pénurie pour l’hiver.
«Ce n’est pas l’eau qui pose problème, c’est l’herbe qui ne pousse pas en raison de la sécheresse.» Comme d’autres exploitants agricoles, Sylvie Pelet-Aubort semble inquiète. Sur son alpage de La Bullatonne-Dessous, situé sur les hauteurs de la commune de Bullet, elle doit faire face à une pénurie de fourrage pour ses cinquante vaches et puise dans ses derniers stocks normalement réservés pour l’hiver. «L’année passée déjà, nous avions connu un phénomène similaire, poursuit l’agricultrice qui gère l’alpage avec son frère depuis plus de trente ans. Pour palier ce manque, Sylvie Pelet-Aubort a déjà réservé du foin qui sera acheminé par camion.
Selon le syndic de Bullet, Jean-Franco Paillard, les quatre pâturages situés sur la commune – Les Avattes, Le Chasseron, la Bullatonne Dessus et la Bullatonne Dessous – sont raccordés au réseau d’eau. Toutefois, la sécheresse et le manque d’herbage devient de plus en plus «problématiques» assure l’édile.
Du côté de Ballaigues, on se veut moins alarmistes. «On est encore assez privilégiés par ici», soutient Gérard Leresche, l’un des agriculteurs qui fait pâturer ses génisses d’engraissement sur l’alpage des Cernys. Avec ces températures, l’agriculteur constate toutefois un retard de croissance de ses bovidés, puisqu’ils mangent moins que d’habitude.
«C’est certain, il faut qu’il pleuve. Mais la situation n’est pas catastrophique pour le moment. Les pluies du 1er Août nous ont permis de tenir une semaine supplémentaire», déclare Gilbert Poncet, municipal chargé des eaux. La Commune réfléchit actuellement à un système de pompage pour créer deux étangs aux Cernys et à la Poyette, qui serviront à abreuver les génisses en cas de sécheresse accrue.
Mesure fédérale «juste»
Pour aider les paysans à faire face au manque de foin disponible sur le marché, la Confédération a abaissé les droits de douane sur ce produit pour qu’ils puissent, le cas échéant, se fournir à l’étranger. Une mesure que Jacques Henchoz, suppléant au sein de la Direction générale de l’agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires, estime «juste», mais qui, selon lui, aura peu d’impact puisque la sécheresse sévit partout, et pas seulement en Suisse.
Un avis partagé par Gérard Leresche qui, en parallèle à son activité agricole, commercialise du fourrage en Suisse romande, notamment dans les cantons de Vaud et de Fribourg. «Depuis deux ans, on observe une forte demande qui se développe de plus en plus tôt dans la saison, affirme-t-il. Si vous voyiez en France, les terres sont complètement brûlées.»