Anciens militaires et politiciens se sont retrouvés vendredi dernier pour célébrer l’anniversaire de la caserne nord-vaudoise et partager quelques anecdotes. Une soirée riche en émotions à la veille des portes ouvertes du site.
Quand un lieutenant-colonel EMG donne un ordre, on se doit de s’exécuter: «Pour les plus vaillants, grimpez dans les Duro, pour les petites chaussures, montez dans les bus», a indiqué le commandant remplaçant Sébastien Rouge, vendredi dernier. Aussitôt dit, aussitôt fait, les centaines d’invités ont embarqué dans les véhicules militaires en direction des zones d’instruction de la place d’armes de Chamblon qui fêtait ses 40 ans, vendredi et samedi derniers.
L’occasion pour les uniformés de retrouver d’anciens collègues. Allemand, français, italien: toutes les langues s’entremêlaient. Assis à l’arrière d’un Duro, Alfred Pawicki, ex-adjudant sous-officier, discutait avec un autre gradé: «J’étais là pour le déménagement de la caserne d’Yverdon-les-Bains à Chamblon», lui a-t-il expliqué. L’ancien militaire, aujourd’hui installé à Villars-Burquin, a commencé à se confier alors que les coups de feu de la première démonstration retentissaient: «ça fait dix ans que je suis à la retraite, mais j’ai côtoyé cette caserne durant trente ans.» Et de lâcher: «Nostalgie quand tu nous tiens…»
Du côté des civils, on s’interrogeait notamment sur le second exercice présenté et qui mettait en scène une attaque terroriste, une prise d’otages et une intervention aérienne du Détachement d’action rapide et de dissuasion (DARD) de la police cantonale: «S’il y a du brouillard, on fait quoi avec les hélicos?», a questionné Samuel Décoppet. L’ancien syndic de Suscévaz se rappelle de l’arrivée de l’armée sur la colline, puisqu’il a participé aux négociations ayant permis d’aboutir à la construction de la caserne. «Il n’y a pas eu d’oppositions à l’époque. à présent, on ne pourrait plus faire ça, pourtant c’est le lieu idéal pour une place d’armes!»
Destins croisés
Pierre Pilloud, municipal à Chamblon en 1979, se souvient néanmoins des craintes de la population quant à l’arrivée des bérets verts. «On avait peur qu’il y ait trop de militaires qui débarquent au village et qu’on n’ait plus de place au bistrot!, a-t-il rigolé. C’était le cas au début, mais ça s’est vite calmé. Et au final, ça nous a bien arrangés que l’armée rachète les terrains, très peu fertiles.» Et Samuel Décoppet de renchérir: «à l’époque, les agriculteurs disaient qu’il fallait qu’il pleuve une fois par semaine pour qu’il pousse quelque chose à Chamblon!» De plus, il n’y avait rien sur cette colline rocheuse, sauf un vieux stand de tir que la Confédération a ensuite refait à neuf. Mais ce n’est pas tout, la Commune a aussi pu bénéficier d’une rénovation de son réseau d’eau et d’électricité, de routes goudronnées et de nouvelles infrastructures pour les activités sportives et associatives.
Sans cette décision politique il y quarante ans, l’actuel commandant de la place d’armes, Patrick Huber, n’aurait peut-être pas gagné ses galons. «C’est à la fin des années 1980, que j’ai eu mon premier contact avec une caserne, ici à Chamblon, lors d’une journée du passeport vacances. J’ai visité l’école antichar et participé à un tir d’engin téléguidé. Avec pur bonheur pour les quatre heures: du pain atomique et des chocolats noirs, a-t-il raconté. C’est avec fierté, mais aussi appréhension, que j’ai retrouvé la verte colline de Chamblon en entrant à l’école d’officiers en 1997. C’est là que ma vocation de militaire de carrière est née.»
Vingt-deux ans plus tard, Patrick Huber a gravi les échelons et, avec les démonstrations du vendredi, il a réussi à impressionner le premier commandant de la place d’armes, Henri P. Monod, en poste durant seize ans. «Non mais vous avez vu leur matériel? J’ai envie de refaire mon école de recrues maintenant!»