Carton plein pour la premier Festival international de marionnettes, qui a fait salle comble de jeudi à hier. Plus de 150 écoliers de la région et six illustres artistes ont présenté la complexité et la finesse de cet art aux multiples facettes.
Parfois elle ne tenait qu’à quelques fils, parfois à aucun, mais ce qui est certain, c’est que la magie a opéré. Petits et grands ont été transportés dans des univers féeriques lors du Festival international de marionnettes, à Concise. Plus de 150 écoliers nord-vaudois et six professionnels de renommée mondiale et venant des quatre coins du globe ont présenté cet art sous différents aspects entre jeudi et hier soir. «On nous a demandé de sortir du traditionnel et d’élargir au maximum la conception populaire de la marionnette pour montrer l’éventail des possibilités de cet art», confie Claudio Cinelli, venu exprès depuis l’Italie pour présenter son spectacle samedi soir.
Et c’est bien ce que les marionnettistes ont proposé en offrant, chacun, un show d’un style bien particulier: les écoliers ont misé sur des marottes ainsi que des marionnettes à gaine et à fils, comme le célèbre Jordi Bertran (Barcelone) et le duo de Saint-Petersbourg The Fifth Wheel. Valeria Guglietti (Buenos Aires), elle, a joué avec des ombres chinoises tandis que les Italiens, Claudio Cinelli et Laura Kibel utilisaient leur corps pour s’exprimer. Tous ont fait leur maximum pour que la fête soit belle, quitte à y laisser quelques gouttes de sueur au vu de la chaleur qui régnait dans la Grande salle de Concise.
Du traditionnel au conceptuel
Le Catalan Jordi Bertran a ouvert les festivités jeudi en présentant le style le plus classique: les marionnettes à fils. Mais ce n’est pas pour autant que l’artiste, profitant de plus de trente ans d’expérience, a glissé dans la simplicité. Avec son spectacle muet, il laisse ses personnages, qu’il a façonnés avec précision et délicatesse, communiquer avec finesse par leurs gestes. «La marionnette est un objet à travers lequel je m’exprime et dans lequel je mets toutes mes émotions et mes sentiments. C’est le reflet de mon âme, révèle-t-il. Grâce à elle, je peux avoir le grain de folie de Salvator Dali et le talent de Louis Armstrong alors que je ne sais pas jouer de la trompette.»
Il ne se contente toutefois pas de fabriquer des personnages connus, il y apporte aussi une touche de poésie et une pincée d’originalité. «Après avoir lu L’Avare de Molière, j’ai vu un robinet et je me suis dit que cela ferait une belle histoire. J’ai donc imaginé un spectacle où Harpagon n’est pas avare d’argent, mais d’eau. Et j’ai créé une marionnette avec un robinet en guise de tête.»
Claudio Cinelli, lui, ne souhaite pas se cantonner à un seul style. «La technique, c’est optionnel. L’important, c’est la relation entre l’animateur et son public. D’ailleurs, on ne fait pas de catégorie en fonction des styles de marionnettes mais par rapport à la place du montreur: soit il est au-dessus de sa marionnette, soit au-dessous, soit à côté, explique-t-il. Pour chacun de mes spectacles, je me demande quel est le message que je veux faire passer et quel est le meilleur moyen d’y parvenir. Ça peut être tout et n’importe quoi, une figure humaine ou non. Si on pousse la réflexion, on pourrait même créer un spectacle d’art conceptuel où la marionnette est une pensée.»
Un avis partagé par le directeur du Festival, Michel Poletti: «Ce qui compte, c’est le marionnettiste car c’est lui qui permet à un objet inanimé de devenir magique. C’est lui qui porte le public vers le rêve.»