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Quel avenir pour les gymnases?
Frédéric Borloz et Isabelle Moret présentant leur stratégie pour l’enseignement post-obligatoire dans la bibliothèque du Gymnase d’Yverdon-les-Bains.

Quel avenir pour les gymnases?

10 septembre 2024 | Textes: Maude Benoit | Photo: Gabriel Lado
Edition N°3785

Une réunion au sommet a eu lieu hier au Gymnase d’Yverdon-les-Bains, Frédéric Borloz et Isabelle Moret venant présenter leur stratégie concernant la formation postobligatoire à l’horizon 2040.

25 ans possédant un certificat ou un diplôme après l’enseignement obligatoire? 87%! Un chiffre énoncé par Frédéric Borloz, chef du Département de l’enseignement et de la formation (DEF), lundi après-midi au Gymnase d’Yverdon-les-Bains, lors de la conférence de presse sur la stratégie cantonale en matière d’enseignement postobligatoire. Ce chiffre est en constante augmentation du fait de l’évolution démographique, de l’attrait et du prolongement des études gymnasiales. Pour contrer le manque de places et les infrastructures vieillissantes, le DEF et le DEIEP (Département de l’économie, de l’innovation, de l’emploi et du patrimoine) doivent travailler ensemble pour anticiper les enjeux et exigences de l’enseignement d’ici à 2040.

Une stratégie sur le long terme

Les objectifs du Canton sont de permettre aux élèves et aux enseignants de travailler dans des environnements de qualité, avec des ressources qui correspondent à leurs besoins, tout en intégrant les défis financiers, territoriaux, durables, écologiques et pédagogiques actuels. Il est également nécessaire de réfléchir aux infrastructures périscolaires nécessaires, comme des places d’étude, des aménagements d’espaces de restauration et des infrastructures sportives pour les étudiants. Une attention particulière est d’ailleurs mise sur ce dernier point avec notamment le projet de construction d’un complexe sportif à Lausanne.

En termes de chiffres, le Canton devrait donc compter dix-huit sites de formation en 2040, avec en moyenne 1200 élèves et 44 salles polyvalentes par établissement. Les étudiants seront environ 24 par classe.

Dans son ensemble, cette planification se veut flexible pour s’adapter aux nouveaux enjeux qui se présenteront entre aujourd’hui et 2040, un point sur lequel Frédéric Borloz a tenu à mettre l’accent. C’est en partie pour cette raison que le conseiller d’Etat ne donne pas de montant approximatif des coûts que cette stratégie va engendrer. Trop d’inconnues restent en suspens.

Les gymnases, le gros du travail

Partant du constat que les infrastructures à disposition ne remplissent pas tous les critères souhaités par la planification, il faut donc les rénover ou construire de nouveaux bâtiments.

À ce titre, la construction de trois nouveaux gymnases est prévue d’ici 2040, en plus des projets déjà en cours à Crissier, Aigle et Echallens. Ils devraient se situer dans le Nord et l’Ouest-vaudois, ainsi que dans la région lausannoise, sans que plus de précisions ne soient exprimées. Les gymnases du Bugnon (site d’Ours) et de la Cité, quant à eux, vont subir d’importants travaux. À l’horizon 2040, le Bugnon (site de Sévelin) et Provence fermeront leurs portes, car ne répondant plus aux critères du Canton. Le Gymnase Auguste-Piccard devrait être relocalisé en prévision de l’extension de la HEP (Haute école pédagogique), qui se situe non loin de là.

L’objectif de tous ces changements est de mieux répartir les élèves dans les bâtiments, mais aussi géographiquement. Ces gymnases devraient être construits près des centres d’habitation pour permettre une mobilité efficiente.

Les écoles professionnelles ne sont pas oubliées

Pour ce qui est des écoles professionnelles, de nouveaux établissements devraient voir le jour, notamment à Payerne (2030), une école professionnelle sociale à Yverdon-les-Bains (2035), ou encore un deuxième Centre d’orientation et de formation professionnel (Cofop) à Lausanne (2040). Un centre sportif devrait être construit à l’horizon 2040 pour les écoles professionnelles de la région lausannoise. Enfin, l’école polytechnique de la vallée de Joux et les écoles professionnelles de Montreux et Lausanne devraient subir des travaux d’extension.

Patrimoine et durabilité

Une stratégie d’une telle ampleur demande évidemment de construire de nouveaux bâtiments et de disposer de terrains sur lesquels les édifier. C’est dans ce cadre que le DEIEP est concerné. Isabelle Moret, cheffe du département en question, est donc intervenue pour présenter la stratégie immobilière et patrimoniale de l’État de Vaud en ce sens. Cette stratégie se décline en cinq piliers. Le premier s’attache à la propriété du terrain. Le Canton souhaite éviter au maximum de devoir louer des terrains ou des locaux, ce qui l’entrave dans la réalisation de ses projets, notamment en matière de durabilité. Isabelle Moret mentionne ainsi l’acquisition récente du Gymnase d’Etoy en 2023. Toutefois, il faut également pouvoir faire preuve de flexibilité avec le patrimoine de l’Etat, pour adapter et étendre les biens cantonaux, et parfois même se résoudre à louer en attendant de pouvoir acquérir.

L’Etat se veut également exemplaire en matière de climat et durabilité afin de réduire la consommation d’énergie et la neutralité carbone d’ici à 2050. Pour ce faire, il s’agit de rénover et d’adapter les infrastructures existantes et de prévoir des projets architecturaux qui répondent déjà aux exigences du Canton, tel le Gymnase du Chablais, fait de bois et de panneaux photovoltaïques.

Il s’agit également de préserver le patrimoine existant, que ce soit le bâtiment historique de la cité ou les gymnase caractéristiques des années 80 à l’image du Gymnase d’Yverdon-les-Bains.


Quid du gymnase en quatre ans?

Le Tribunal fédéral a rejeté le recours contre la maturité en quatre ans déposé par la Ligue vaudoise contre l’allongement du gymnase. Ainsi, que les Vaudois le veuillent ou non, ils devront se plier aux exigences fédérales en matière d’enseignement postobligatoire. La première volée concernée débutera en 2032.

La formule sera la suivante: les jeunes pourront terminer avec leur 10e année d’école obligatoire et entamer directement un gymnase en quatre ans. Ils pourront aussi terminer leur cursus normal en onze ans et ensuite entreprendre un gymnase en quatre ans.

Les modifications et changements que ce passage du gymnase de trois à quatre ans sont déjà pris en compte dans la planification, assure Frédéric Borloz.