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Regard d’un Français sur le badminton en Suisse

30 décembre 2013

Badminton – Établi en Suisse depuis dix ans et président du BC Orbe, le Normand Jérôme Franconville compare le statut de sa discipline des deux côtés de la frontière et pointe le manque de considération dont souffre le sport helvétique.

Jérôme Franconville, un homme de passion au volant du BC Orbe.

Jérôme Franconville, un homme de passion au volant du BC Orbe.

Président du BC Orbe et responsable du mouvement juniors de l’Association vaudoise de badminton, Jérôme Franconville occupe une place importante dans le microcosme régional de la discipline. Banquier de profession, il consacre la plupart de son temps libre à sa passion. Originaire de Normandie, il a atterri en Suisse il y a dix ans de cela. Son expérience permet de comparer le badminton dans ces deux pays voisins, mais au combien distants en termes de ressources allouées à ce sport.

Le président urbigène observe une différence dans l’organisation de la discipline. «Dans le canton de Vaud, des joueurs sont sélectionnés. Ceux-ci forment des groupes d’entraînement entre joueurs de niveau élevé afin de progresser plus vite qu’au sein de leur club.» Il ajoute qu’il existe un sentiment de loyauté des joueurs envers leur club formateur. Ils continuent à participer à la vie de leur société malgré leur sélection dans ces groupes vaudois ou en équipe suisse juniors. «Par exemple, ici à Orbe, nos jeunes expérimentés donnent des entrainements aux novices débutant le badminton. Une façon de redonner aux plus jeunes ce que le club leur a donné.»

Une situation très différente à ce qui se produit en France : «De l’autre côté de la frontière, les jeunes sont repérés dans les clubs et accueillis dans les CREPS.» Ces Centres de ressources, d’expertise et de performance sportives sont des établissements régis par l’Etat à travers le Ministère des sports. Les CREPS s’occupent des entraînements et accompagnent de jeunes sportifs d’élites dans leur développement au quotidien, tout en leur permettant de poursuivre leurs activités scolaires. Des structures sport-études qui sont quasi inexistantes en Suisse pour le badminton. Un frein évident pour les joueurs qui souhaitent progresser dans ce sport.

Investissement étatique

«En Suisse, à mon avis, la différence de mentalité à l’égard du sport joue un rôle non négligeable, estime Jérôme Franconville. La France investit bien plus dans le sport qu’ici. On l’aperçoit avec l’Etat qui s’implique activement dans le sport avec ces CREPS et surtout avec l’INSEP (réd : Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) par lequel passent pratiquement tous les sportifs d’élite français, à l’exception peutêtre des sports d’équipe.» Puis de rajouter qu’en Suisse, les sports les plus vendeurs et plus médiatisés sont privilégiés financièrement parlant. Le football, le hockey, le tennis et les sports de neige sont prioritaires. La preuve avec la suppression provisoire de l’équipe nationale féminine de basketball, faute de moyens.

Le fait que le badminton reste un sport presque amateur, même en LNA, exemplifie parfaitement le statut de nombreux sports en Suisse. Jérôme Franconville de conclure : «On a l’impression que les instances sportives suisses attendent qu’on ait un champion olympique en badminton pour s’impliquer. Or, c’est impossible vu le progrès que font nos voisins. Même si nous évoluons, mais à vitesse bien réduite.»

Sandozan Kandasamy