Reuge a fêté en grande pompe 150 ans d’excellence
9 octobre 2015Sainte-Croix – La manufacture de boîtes à musique a célébré son anniversaire dans sa nouvelle usine en construction, mercredi soir, en présence du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann.
Fondée en 1865 par un Charles Reuge tout juste débarqué de son Val-de-Travers, la fabrique de boîtes à musique ne fait pas seulement la fierté de Sainte-Croix, commune dont elle a marqué l’histoire industrielle. Elle est beaucoup plus. L’entreprise est l’un des symboles de cet Arc jurassien suisse, région où s’est développé un incroyable savoir-faire dans les domaines de l’horlogerie et de la mécanique de précision, au sein de manufactures, dont la renommée est aujourd’hui mondiale. Pour preuve de ce prestige, la présence du conseiller fédéral en charge de l’économie, Johann Schneider-Ammann, lors de la fête des 150 ans de la société, organisée en grande pompe, mercredi soir, dans la nouvelle usine, actuellement en construction au «Platon».
«C’est ici, dans cet Arc jurassien qu’est né, il y a 200 ans, bien avant les Etats-Unis, le concept de Silicon Valley, a ainsi relevé Johann Schneider-Ammann. Chassés de Genève, les horlogers ont ainsi initié la population de ces régions à la mécanique de pointe.» Le Bernois a ensuite félicité la société Reuge pour cet anniversaire: «Vous avez réussi à faire de la tradition un avantage concurrentiel. Et 150 ans, c’est un âge que les Google, Apple et autre Microsoft doivent encore réaliser».
Nouveau «paradigme»
Depuis sa création, la manufacture a, évidemment, traversé des crises. L’entreprise compte aujourd’hui 60 collaborateurs contre plus de 300 à la grande époque. Et on est loin de la période de 1890, lorsque la commune de Sainte-Croix, «capitale mondiale de la boîte à musique», assurait à elle seule 10% des exportations de l’horlogerie suisse. Dans les années 2000, Reuge aurait même pu disparaître. «Nous avons alors changé de paradigme, a expliqué Pierre Kladny, président du conseil d’administration. D’un appareil à reproduire la musique, nous sommes passés à un objet de luxe, ce qui a amené à une réduction de l’aspect production industrielle, mais, d’un autre côté, a conduit à un développement du côté artisanal.» Aujourd’hui, les réalisations de chez Reuge sont devenu de prestigieux cadeaux. Ainsi, le CEO Kurt Kupper se félicite que Barack Obama ait récemment reçu une boîte à musique «made in Sainte-Croix» de la part de l’émir du Qatar.
«Depuis l’invention du phonographe à cylindre par Thomas Edison, en 1906, toutes les révolutions technologiques auraient dû, selon les théories économiques, signifier l’arrêt de mort de Reuge et de ses boîtes à musique», souligne encore Pierre Kladny. Malgré des retards dans le chantier, le président se réjouit de pouvoir intégrer la nouvelle usine au printemps prochain. «Un nouvel écrin pour continuer à faire rayonner Sainte-Croix».