Réveiller l’âme du cloître

Nature, spiritualité et surtout émotion sont les ingrédients qui font rayonner l’espace AlmaM, une galerie nichée dans la cour du cloître.

Entre le calme de l’ancien cloître et les clapotis du Nozon, se trouve une demeure cossue. Plus connue sous l’appellation de Maison Reymond, il s’agissait en fait d’une dépendance attenante à la Maison du Prieur construite en 1398. Avec le temps, ce bâtiment a connu différentes affectations, jusqu’à ce qu’il soit racheté par Migros pour y créer une résidence d’artistes en 1994. En 2018, le géant orange tire la prise et le bâtiment perd son âme culturelle.

Arrivée à Romainmôtier grâce au hasard de la vie, l’artiste Isabelle De La Touche tombe  sous le charme de ce bâtiment situé dans la cour du cloître. Nourrie par les énergies qui habitent le lieu, cette artiste qui se passionne pour la beauté éphémère de la nature et le travail de la lumière entreprend de raviver ce passé culturel. Ainsi, au rez-de-chaussée de la bâtisse donnant sur la cour, elle y aménage une galerie d’exposition artistique en 2021. Elle la nomme AlmaM, de l’espagnol alma qui signifie «âme» en référence aux origines mexicaines de sa mère. La majuscule «M», quant à elle, est là pour signifier «Môtier». Dès lors, Isabelle De La Touche conçoit cet espace comme l’âme culturelle du cloître.

Entre nature et spiritualité

«Mon idée a tout de suite été de m’identifier à ce lieu si riche et si unique en intégrant la nature et la spiritualité qui sont l’ADN de Romainmôtier et de la cour du cloître et d’en faire la ligne directrice de la résidence», explique l’artiste. Et d’ajouter: «Je souhaite que les œuvres qui sont créées ici aient la capacité de susciter l’émotion, un dialogue intérieur chez le spectateur.» Ainsi, arts plastiques, mais également théâtre et musique sont invités à être créés dans cet espace.

D’ailleurs, construire des ponts entre les différentes formes d’expression artistique est l’un des autres objectifs de l’espace AlmaM. Isabelle De La Touche met à disposition des pièces de l’édifice pour une résidence artistique, durant le printemps et l’été pour des artistes peintres et durant un temps plus court pour les musiciens. «Le but à terme serait d’avoir un soutien financier pour que les artistes puissent travailler sans pression marchande et puissent se consacrer pleinement à la création artistique en s’inspirant de ce lieu unique.»

«Une enclave zen»

Isabelle De La Touche est également fascinée par le travail des artistes japonais. «Ils font preuve d’un mélange étonnant de savoir-faire méticuleux et de liberté qui me séduit particulièrement.» Et en découvrant que le village de Romainmôtier est jumelé avec la ville japonaise d’Oguni  – aujourd’hui comprise dans l’agglomération de Nagaoka – reconnue pour sa production de papier, l’artiste y voit l’occasion de tisser des liens entre le bourg helvétique et l’art japonais, en invitant des artistes en résidence, en proposant de stages de calligraphie, d’Ikebana, de cérémonies du thé, ou encore de méditation zen.

À noter que l’année prochaine marquera les quarante ans du jumelage entre Romainmôtier et Oguni/Nagaoka. À cette occasion, Isabelle De La Touche souhaiterait ancrer ce lien par la création d’un espace dédié à «Pierre Aubert et le Washi», le papier traditionnel japonais que l’artiste romainmonastérien affectionnait particulièrement pour imprimer ses gravures. Un projet qui doit encore être approuvé par la Municipalité et les différents acteurs concernés.

Infos pratiques

Site internet: www.almam.ch