Logo

Roland Thierry, comme un poisson dans l’eau

12 juin 2019 | Edition N°2516

Actif au Cercle des nageurs d’Yverdon depuis 54 ans, le Fribourgeois d’origine est le plus ancien membre d’un club au sein duquel il a œuvré en tant que joueur de water-polo, coach de natation et vice-président.

À 75 ans, Roland Thierry n’échangerait pour rien au monde ses deux sessions de natation hebdomadaires. Celles-ci sont d’ailleurs planifiées bien à l’avance, en fonction des entraînements qu’il donne au groupe «natation pour tous» du Cercle des nageurs d’Yverdon. «Le lundi, j’y vais juste avant le cours, comme ça je rentre en même temps que tout le monde à la fin de la soirée. Le jeudi, par contre, je nage après, puisqu’il y a l’équipe de water-polo qui s’entraîne encore. Des fois, je reste en marge. D’autres fois, je me joins à eux.»

Meilleur que Berlin, battu par Liverpool

Parce que Roland Thierry n’a pas peur d’aller se frotter aux petits jeunes de l’effectif yverdonnois. «Si j’ai gardé de beaux restes? Disons qu’au niveau de la nage, c’est moins évident qu’à l’époque. Mais j’ai toujours eu un assez bon shoot. Ça, j’ai gardé. Je ne tire pas forcément fort, mais je cadre bien. Il m’arrive d’en surprendre plus d’un», sourit cet ancien joueur en mimant avec sa main droite le geste d’un lancer sec. «Il y a deux ans, on a même monté une équipe pour participer à un tournoi international seniors à Montreux. On avait battu Berlin et perdu de justesse face à Liverpool. Ce sont d’excellents souvenirs.»

Né à Fribourg, l’homme a passé sa jeunesse dans un quartier situé tout près d’une patinoire, d’un terrain de foot et d’une piscine. «Alors, comme tous les gamins de mon âge, j’ai touché à tout. En arrivant à l’école primaire, c’est là qu’on a compris, avec deux-trois copains, qu’on se débrouillait pas trop mal dans l’eau. Du coup, on a rejoint le club de la ville. D’abord pour nager, puis, lorsqu’un ancien très bon joueur de Bienne, en LNA, a décidé de créer une équipe chez nous, pour jouer au water-polo.»

C’est alors que l’homme s’est pris d’amour pour la discipline. Ses talents, il les a rapidement exportés à Yverdon-les-Bains, la vingtaine fraîchement fêtée. «J’ai tendance à dire qu’on était dans l’ascenseur. Assez bons pour enchaîner les promotions en 1re ligue, pas assez pour tenir durablement en Ligue B. Il nous aurait peut-être fallu un bon étranger pour faire la différence. Mais comme on ne l’avait pas, on évoluait une année en haut, une année en bas», se remémore celui qui a œuvré comme vice-président du CNY durant des années. «J’ai même été promu président par intérim pendant quelques mois.»

Natation, water-polo et plongée

«À l’époque, reprend-il, c’était le water-polo qui amenait les gens à la natation, et non l’inverse, comme c’est le cas actuellement.» Lui ne s’est jamais vraiment posé la question. Il touche à tout ce qui est du domaine de l’aquatique, et il adore ça. «J’aime cette sensation que l’eau procure. Ce calme lorsqu’on plonge, cette agitation inhérente à une partie de water-polo», argue-t-il.

D’ailleurs, Roland Thierry vient tout juste de rentrer d’égypte et d’un périple en mer Rouge. «Je me suis mis à la plongée il y a une vingtaine d’années. Aujourd’hui, je ne pratique plus vraiment en Suisse, seulement lors d’escapades comme celles-ci», lance celui qui a préféré ne pas ranger ses affaires, sachant qu’il repart en Corse dans trois petites semaines déjà.

Il est comme ça, l’Yverdonnois. Pas hyperactif, mais pas loin. À la retraite, il trouve dans le sport un moyen de sortir, de rencontrer des gens. «J’avais dû un peu lever le pied par rapport à mes activités au CNY lorsque je travaillais. Mais maintenant, je profite. Comme j’ai le temps, je me suis mis à la pétanque. Et puis, j’aime beaucoup Fribourg-Gottéron. Je suis assidûment les résultats. Chaque été, j’espère d’ailleurs que Bernard Stalder invite l’équipe à la Coupe des Bains.»

Et tant qu’il le pourra, Roland Thierry continuera à distiller ses entraînements aux nageurs yverdonnois. «Cela dépendra aussi de la direction que choisit de prendre le nouveau jeune comité.» Au CNY, tout change, sauf l’indéboulonable Roland Thierry et ses 54 années d’activité.

 

Il n’a pas formé un duo avec Jean-Michel Larqué

Des boutades sur son nom, Roland Thierry en a entendues jusqu’à plus soif. «Aujourd’hui, c’est bon. Les gens qui me connaissent me laissent tranquille avec ça. Ils ont compris», sourit celui qui a si souvent été assimilé au célèbre commentateur français de football décédé en 2012, Thierry Roland, dont le duo avec Jean-Michel Larqué a marqué une époque.

Reste que l’Yverdonnois rigole volontiers de l’amalgame. «La semaine dernière en égytpe, j’ai remarqué que la personne en charge de notre voyage venait de Toulouse. Au début du stage, il a demandé à chaque participant de se présenter. Lorsqu’est venu mon tour, j’ai simplement dit que je m’appelais Roland. Il n’a pas bien compris. J’ai répété: Roland, Thierry Roland! Aucune réaction… Visiblement, il ne devait pas connaître.» Au moins, le Nord-Vaudois a pu passer un séjour tranquille sur la mer Rouge, sans qu’on ne lui rappelle sans cesse la drôle de ressemblance entre son nom et celui d’un journaliste avec qui il n’a pas grand-chose en commun.

Florian Vaney