La première romande à avoir représenté la Suisse dans la discipline aux Jeux olympiques a accepté de revenir sur son parcours sportif qui s’est achevé il y a deux ans.
«Les Jeux olympiques, c’était mon rêve impossible. J’avais 8 ans, quand j’ai commencé à y penser. A ce moment-là, le hockey sur glace féminin n’était pas une discipline admise dans le programme olympique. En 1998, la catégorie a été intégrée et mon souhait était devenu accessible. Il m’a suivi jusqu’à ce que j’y arrive enfin», évoque plein d’entrain l’ancienne hockeyeuse Sandrine Ray.
4 ans et déjà sur les patins
Pour arriver à ce sommet, Sandrine Ray a dû cravacher. L’Yverdonnoise a débuté très tôt le hockey sur glace, à l’âge de 4 ans seulement. Le commencement s’est fait à une époque où ce sport semblait être essentiellement réservé aux hommes. «C’est un coach canadien qui m’a vu faire du patinage en public et qui m’a proposé de m’entraîner avec les équipes juniors. J’ai eu beaucoup de chance qu’au Canada, le hockey soit considéré comme une discipline mixte», explique celle qui a joué pour l’équipe nationale suisse durant sept saisons.
L’ancienne sportive de haut niveau a ainsi pu intégrer les équipes de jeunes et continuer à jouer avec les garçons jusqu’à ses 15 ans. A cet âge, un coach du DHC Lyss, après avoir vu ses prouesses, lui propose d’intégrer une équipe féminine. Le début d’une grande carrière ponctuée avec un titre de championne de Suisse avec Lugano. La Nord-Vaudoise monte très vite tous les échelons et se voit propulsée en équipe de Suisse à 16 ans. En 1999, elle dispute le premier des cinq Mondiaux auxquels elle participera avec la formation nationale.
La déception puis la joie
En 2002, Sandrine Ray est passée à deux doigts de vivre son rêve et de se qualifier pour les JO de Salt Lake City (USA). «C’était vraiment le drame. On manque la qualification pour un tout petit but. Même si j’étais jeune, je me suis dit à ce moment-là que j’ai raté ma chance. On ne sait jamais s’il y en aura une autre dans le futur. Ça a été très dur pour moi», lance l’ancienne hockeyeuse. La consécration est venue en 2006. A 24 ans, Sandrine Ray a enfin disputé le tournoi olympique grâce à une qualification in extremis. «Mes coéquipières se sont qualifiées grâce à un but à quatre secondes de la fin et m’ont permis de vivre mon rêve. De mon côté, je n’ai pas pu jouer le tournoi de qualification à cause d’une fracture au poignet. Lors du tournoi officiel, on a fini 7e sur huit. D’un point de vue sportif, ce n’était pas une franche réussite, mais ça reste une très bonne expérience», confie celle qui évoluait en tant qu’ailière.
Après avoir réalisé l’objectif d’une vie et remporté un titre de championne de Suisse avec Lugano la même année, elle décide de quitter l’équipe nationale et de partir pour un tour du monde en bateau pendant deux années. «J’étais arrivée à mon but et j’ai effectué toute ma carrière en amateur. Il faut savoir que durant toute ma carrière en équipe de Suisse, je n’ai eu le droit qu’à une seule semaine de vacances.»
A son retour, elle s’est engagée avec Prilly en Ligue nationale B. Elle y a fini sa carrière il y a de ça environ deux ans. Reste qu’elle n’a pas arrêté le sport pour autant. Elle joue aujourd’hui au unihockey pour l’université de Lausanne, en 2e ligue.
Trois fois aux Jeux
Sandrine Ray a la particularité et le privilège d’avoir connu à trois reprises les Jeux olympiques, à chaque fois dans un rôle différent. La première fois en tant que joueuse en 2006. A Sotchi en 2014, elle a cette fois-ci était employée par le CIO pour être consultante envers les autres athlètes. Ceci grâce à son passé de sportive de haut niveau. Il y a deux ans, elle découvrait les Jeux paralympiques de Rio. L’Yverdonnoise y a occupé un rôle d’aumônière sportive sous la férule d’Athletes in Action, une organisation qui vient en soutien aux sportifs de haut niveau.
Vie professionnelle
Malgré le succès sportif, Sandrine Ray n’a jamais signé de contrat professionnel. Elle a réalisé un apprentissage bancaire avec une maturité professionnelle en parallèle de sa passion. Lors de sa carrière, la Nord-Vaudoise a eu des contacts avec une équipe nord-américaine et aurait pu débuter une carrière semi-pro outre-Atlantique. «Mon rêve, c’était de jouer les JO. Je savais qu’en signant aux États-Unis, cela devenait plus compliqué pour moi de revenir en sélection nationale. De plus, la possibilité existait que l’équipe dans laquelle je signais ne me laisse pas rentrer pour les compétitions internationales. Je n’ai jamais regretté mon choix de poursuivre ma carrière en Suisse», glisse l’Yverdonnoise. Aujourd’hui, Sandrine Ray travaille à 60% dans la finance, 20% dans l’aumônerie sportive et 20% dans l’accompagnement de sportifs à but thérapeutique.