Une succession d’événements liés à l’action yverdonnoise «Parlons du racisme» auront lieu tout au long du mois de mars. Une démarche qui révèle que la problématique est encore loin d’être réglée.
Pour lutter contre les discriminations de toutes sortes, la parole est encore l’un des meilleurs moyens. Ainsi, dans le monde, de nombreuses actions sont mises en place autour de la date symbolique du 21 mars, la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. Cette journée est généralement accompagnée de plusieurs actions tout au long de la semaine.
De son côté, la Ville d’Yverdon-les-Bains, par l’intermédiaire du JECOS (Jeunesse et cohésion sociale) et surtout du secteur Intégration, s’empare également du sujet en reconduisant son action «Parlons du racisme» tout au long du mois de mars.
L’empathie comme ressource
Chaque année, le secteur Intégration choisit une thématique au travers de laquelle le sujet du racisme structurel est abordé. Cette nouvelle édition de «Parlons du racisme» s’articule donc autour de la thématique «Dans la tête de…». Le but, inviter tout un chacun à se mettre à la place des personnes victimes de la discrimination raciale, pour mieux comprendre les émotions qu’elles ressentent et enrayer le cercle vicieux des violences.
Le sujet n’a pas été choisi au hasard. C’est à la lecture de plusieurs articles et études que le JECOS a porté son choix sur l’empathie, comme l’a relevé Mike Magnin, délégué à l’intégration et chef de ce secteur à la Ville d’Yverdon-les-Bains. Il a ainsi expliqué que l’un des meilleurs moyens de lutter contre les discours de haine, notamment sur les réseaux sociaux, est l’empathie et non la répression ou les contre-arguments, surtout dans une société qui voit une augmentation des discours polarisés.
Ainsi, la publication Tangram 48, par la Commission fédérale contre le racisme, démontre que l’accélération des transformations sociales actuelles est propice à la polarisation des débats, ce qui entraîne un clivage entre partis politiques et entre les opinions. Alors que les fractures sociales se multiplient, une culture des antagonismes se développe. Dans ce contexte, les minorités qui souffrent déjà de discrimination sont d’autant plus susceptibles d’être concernées par les manifestations de haine.
Le JECOS a donc décidé de rassembler les avis grâce à l’empathie. En plus des trois événements organisés les 15, 21 et 29 mars, les librairies de la Bibliothèque d’Yverdon et celles de l’étage et de Payot présenteront un choix de livres sur les questions raciales. La Bibliothèque proposera même une sélection de podcasts à écouter, car se renseigner, c’est aussi lutter.
Le racisme en Suisse
Le racisme est bel est bien une réalité sur le territoire helvétique. En 2022, 17% de la population résidente a déclaré avoir subi une discrimination raciale au cours des cinq années précédentes. En substance, cela représente 1,2 million de personnes, ou une personne sur six, comme l’indique le Service de lutte contre le racisme (SLR) de la Confédération, qui a effectué un monitorage sur le sujet. Et ce sans compter les personnes concernées qui n’auraient pas témoigné, n’ayant pas eu accès au sondage ou par pudeur.
Infos pratiques
Ressources mentionnées: «La polarisation est un obstacle à la lutte contre le racisme », Tangram 8.
Dominik Hansgartner et al., «Empathy-based counterspeech can reduce racist hate speech in a social media field experiment», PNAS 50, Vol. 118, 2021.
Programme complet de l’action «Parlons du racisme»: yverdon-les-bains.ch/vie-quotidienne/cohesion-sociale/integration