«Selon moi,les jeunes sont déterminés»
20 février 2025 | Texte: Robin Badoux | Photo: Gabriel LadoEdition N°3896
La Nord-Vaudoise Lucie Theurillat, de Champagne, a quitté fin janvier la présidence de la Fédération vaudoise des Jeunesses campagnardes (FVJC). Retour avec elle sur des années d’engagement en faveur des jeunes et de la «Fédé».
Lucie Theurillat, quel est votre état d’esprit au moment de lâcher les rênes de la FVJC? Partez-vous avec le sentiment du devoir accompli?
La Fédé est en bonne santé aujourd’hui, avec une équipe aux commandes au taquet et de beaux projets, aboutis et à venir. Personnellement, je n’ai pas vu passer ces années. C’était très enrichissant. Je n’ai jamais autant appris que pendant mes trois années de présidence.
Vous semblez avoir confiance en l’avenir de la FVJC.
Bien sûr. Il y a toujours des jeunes qui s’engagent dans les Jeunesses campagnardes, que ce soit en intégrant notre association ou en prenant des responsabilités. La FVJC reste une des plus grandes faîtières vaudoises pour les jeunes, avec plus de 8000 membres, dont la moitié – ceux âgés entre 15 et 30 ans – restent très actifs. Je sais qu’ils seront entre de bonnes mains sous la présidence de Daniel Turin (ndlr: de Gilly). Il a été mon vice-président pendant trois ans, je le connais donc bien.
Est-ce donc le bon moment pour transmettre le flambeau?
L’un de mes mots d’ordre est de savoir partir au bon moment. Je me dis que j’aurais pu continuer encore quelque temps, par passion pour la FVJC, mais je souhaite aussi consacrer mon énergie à ma carrière professionnelle.
Vous êtes restée dix ans au comité central, dont deux ans à la vice-présidence et trois ans à la présidence. Quels ont été vos objectifs durant cette décennie?
J’ai eu la chance de participer à beaucoup de projets d’envergure. De manière générale, j’ai fait en sorte que la Fédé ne stagne pas en s’engageant uniquement dans des trucs qu’elle sait déjà faire. J’ai souhaité axer ma présidence sur la prévention, l’inclusivité et la santé mentale. Aujourd’hui, le combat dans ces thématiques est loin d’être fini, j’espère donc que ce sujet ne cessera pas d’être travaillé, mais j’ai confiance.
Selon vous, la FVJC doit-elle se tourner vers l’avenir pour survivre?
Oui. Il faut faire en sorte de progresser, mais tout en conservant les traditions. Les valeurs incrustées dans la FVJC sont le respect, l’engagement, le partage et les traditions. Avec mon comité, nous avons changé le dernier terme en «traditions et progrès». Car l’un ne va pas sans l’autre. Cela nous permet d’aller au-delà des stéréotypes qui nous collent à la peau encore aujourd’hui, comme celui qui veut que nos membres n’organisent que des beuveries, alors qu’il y a bien plus derrière tout ça.
On entend parfois les gens dire que les jeunes sont peu motivés. Est-ce aussi votre sentiment?
Certains pensent qu’ils sont flemmards, mais selon moi, les jeunes sont déterminés. Ils font de leur mieux. Ils savent prendre des responsabilités, je l’ai bien vu au sein de la FVJC. J’ai toujours été très fière de voir des jeunes de tout juste 20 ans et même moins arriver à organiser de grandes manifestations. Quand ils s’y mettent sérieusement, et qu’ils se sentent intégrés et tirés vers le haut, ce sont des machines!
Et vous, qu’est-ce qui vous a tirée vers le haut?
Beaucoup de choses, à commencer par ma famille. Mes parents ont toujours eu une forte fibre sociale (ndlr: sa maman tient par exemple le café L’Esquif à Yverdon). Mon père s’est beaucoup impliqué dans les sociétés locales de Champagne, dont la Jeunesse. J’ai donc toujours été bercée là-dedans. Je suis donc entrée dans la Jeunesse dès la sortie de l’école obligatoire, en 2011. Grâce à mes parents, j’ai eu une éducation où je m’efforce de m’impliquer dans ce que je fais. C’est peut-être pour ça que je suis sortie du lot et que la FVJC m’a invitée à rejoindre le comité central.
De quoi sera fait l’avenir pour vous?
Je pensais me laisser un peu de temps, même si j’avais un peu peur que mon agenda ne se remplisse plus comme avant. Mais finalement ça va, j’ai désormais plus de temps pour me consacrer à mon métier d’architecte et d’illustratrice, ainsi qu’à mon entreprise, Studio LU.TH, que j’ai monté en indépendante il y a maintenant trois ans à Champagne. Parallèlement, je travaille avec d’autres indépendantes (que j’ai rencontrées grâce à la FVJC!) pour B&Co Communication, une entreprise fondée par l’une d’entre elles. C’est aussi ça, la force de la Fédé, on y fait des rencontres inoubliables et qui peuvent durer dans le temps.
Allez-vous tout de même garder un œil sur la FVJC?
En tant que présidente d’honneur, il y a de bonnes chances que je me retrouve encore quelques fois sur les copeaux (rires)! Autrement, je vais continuer à apporter mon soutien et mon aide avec bienveillance.
Avez-vous un conseil pour les jeunes qui hésiteraient à s’engager dans une Jeunesse ou dans la FVJC?
Il faut oser, vraiment. Malgré les préjugés que peuvent avoir les gens à propos des Jeunesses, c’est une chance incroyable de posséder de telles sociétés. J’ai rencontré beaucoup de personnes dans d’autres cantons qui nous envient d’avoir tous ces ingrédients favorisant la solidarité et réunissant les jeunes autour du sport, de la fête et des rencontres. Ce sont aussi des moments très formateurs dont les expériences peuvent servir toute une vie.