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Il s’est bâti un avenir en Suisse
©Michel Duvoisin

Il s’est bâti un avenir en Suisse

9 novembre 2017 | Edition N°2120

Hockey – 1re ligue – Arrivé il y a neuf ans aux novices du HC Fribourg-Gottéron depuis la Lettonie, Juris Zandovskis a tenté de faire sa place en Ligue nationale, sans y parvenir. Il s’est, par contre, totalement intégré, tombé sous le charme des montagnes.

Juris Zandovskis prend ses marques à Yverdon, où il est attendu comme un joueur dominant. ©Michel Duvoisin

Juris Zandovskis prend ses marques à Yverdon, où il est attendu comme un joueur dominant.

De Riga à Yverdon, Juris Zandovskis a suivi un parcours atypique. Arrivé en fin d’été au club de la Cité thermale, l’attaquant du HCY a débarqué en Suisse durant son adolescence, dans l’espoir de percer crosse à la main. A défaut d’être parvenu à s’installer dans l’élite du hockey sur glace, le Letton de 24 ans, 1m90 sous la toise, a tracé sa propre voie dans son pays d’adoption. Récit.

 

Son arrivée en Suisse

 

En 2008, et alors qu’il ne pipait pas un mot en français, Juris Zandovskis est arrivé à Fribourg- Gottéron dans la peau d’un timide jeune homme de 15 ans. «C’est mon père qui a fait le nécessaire, je crois après avoir discuté avec Oleg Sorokins (ndlr : le défenseur letton a fait un court passage chez les Dragons il y a dix ans), se souvient le néo-Yverdonnois. Je n’ai pas eu mon mot à dire. Chez nous, si papa dit, alors tu fais ; mais j’étais content.»

 

Débarqué en première année novices, l’ado a habité à côté de la patinoire de Saint-Léonard, avec quelques coéquipiers, choyé par une gouvernante, tout en suivant des cours intensifs de français. «L’intégration n’a pas été facile, notamment à cause de la langue», glisse celui qui a, après sa scolarité, pu suivre un apprentissage.

Ses parents, qui voulaient offrir un avenir radieux à leur fils, n’ont plus pu payer le loyer une fois que Juris Zandovskis a été déplacé dans une chambre plus coûteuse. «On m’a alors dit de me trouver un appartement, mais je n’étais qu’écolier… Je n’étais pas très performant en novices. Certainement que si j’avais été meilleur, les choses se seraient passées différemment. Au final, j’ai été hébergé par une famille fribourgeoise durant plusieurs années.» Ses péripéties ne l’ont pas découragé pour autant. «Je ne voyais de toute façon pas mon avenir en Lettonie. La Suisse m’a plu, les gens y sont plus joviaux que chez moi, la qualité de vie est incomparable, le hockey pratiqué me plaisait et les paysages sont magnifiques : dans mon pays d’origine, la montagne la plus haute est à 312 mètres !»

Autant d’arguments qui ont convaincu l’ailier de persévérer. C’est, d’ailleurs, à son entrée en juniors qu’il a totalement trouvé ses marques sur et hors glace.

 

L’écueil manqué

 

Ses performances en juniors élite ont amené Juris Zandovskis à s’entraîner régulièrement avec la première équipe de Gottéron, avec qui il a disputé deux matches amicaux et un en championnat de LNA, en 2012-2013. Une saison durant laquelle il a aussi joué trois rencontres en LNB avec le HC Sierre, inscrivant un but et deux assists au passage.

Au début de l’exercice suivant, alors que le club de Graben avait fait faillite, le jeune hockeyeur espérait obtenir sa chance en Ligue nationale et avait eu quelques contacts. «Sans agent, je pensais que Fribourg, avec qui j’étais sous contrat, se chargeait de me placer.» Dans les faits, rien n’a été conclu, et le HCFG a décidé d’envoyer son junior à Guin. «Et moi, j’étais trop fier pour appeler les équipes. Dans ma tête, si quelqu’un avait besoin de moi, il me contacterait. C’était une erreur. J’aurais dû m’investir plus, demander à faire des essais, pour avoir une chance de percer.»

Il a, du coup, décidé de rejoindre son ami Pierrick Beutler au HC Uni Neuchâtel (1L), alors entraîné par Gil Montandon, où Juris Zandovskis a passé les quatre dernières saisons. «Vers la fin de la deuxième année, j’ai encore eu des contacts avec un agent, pour rejoindre la LNB. Puis, on ne m’a plus donné de nouvelles. C’est là que j’ai tiré un trait sur une carrière professionnelle.»

 

Sa vie hors glace

 

S’il n’a pas pu rejoindre l’élite du hockey, le Fribourgeois a totalement réussi son intégration. Depuis trois ans, il est vendeur de meubles dans son canton. «Mon avenir, je le vois 100% en Suisse. En Suisse romande, même. Car cela prend du temps de s’intégrer et je n’ai pas envie de recommencer », déclare le polyglotte, qui a également appris l’allemand, essentiel dans sa région bilingue, en plus de déjà maîtriser le français, le letton, le russe et l’anglais.

 

Le skater hockey

 

Cette année, Juris Zandovskis s’est essayé au skater hockey, à Givisiez. Avec un succès certain, puisque le club est devenu vice-champion de Suisse. «Il m’a fallu m’adapter au patinage, qui est très différent sur des rollers. Pour le reste, ça s’est bien passé. Surtout, l’atmosphère, plus décontractée qu’au hockey sur glace, me plaît beaucoup.»

 

Le choix d’Yverdon

 

Juris Zandovskis a, une fois de plus, suivi Pierrick Beutler en rejoignant le HCY. Il a choisi de quitter Neuchâtel après l’ascension en MSL : «Je n’y serais pas arrivé avec le travail.» Les déboires extrasportifs du club ne l’ont pas, non plus, incité à poursuivre l’aventure. Il s’est alors engagé à Sierre, avant de renoncer pour des raisons personnelles. «J’ai pensé arrêter le hockey, jusqu’à ce que d’autres clubs me contactent, que j’en parle à Pierrick et qu’il me convainque de le rejoindre à Yverdon.»

Sa nouvelle équipe ne tourne pas encore comme elle le devrait, mais «la saison est longue» et l’attaquant se veut rassurant : «Il faut gagner un ou deux matches pour prendre confiance.» Et tout ira mieux, foi de Letton.

 

Le derby puis le skateathon

 

Ce sera la fête, samedi à la patinoire, avec le derby entre le HC Yverdon et le HC Vallée de Joux (17h45), suivi du skateathon du club yverdonnois.

Toutes les équipes du HCY, ainsi que l’école de hockey prendront part à l’événement, dès 20h15. Chaque participant accomplira un maximum de tours de glace, en dix minutes, afin de récolter des fonds grâce au parrainage. A cette occasion, la patinoire sera décorée sur le thème du cinéma hollywoodien : «Ciak ! On tourne».

Le Rugby-Club Yverdon, le club de skater hockey de Cheyres et des écoliers patineront aussi, lors de cette soirée qui se terminera par du patinage libre, en musique, dès 21h30, pour tous (entrée libre, sauf pour le match). Chacun trouvera de quoi se sustenter.

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Manuel Gremion