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Soixante ans de caractère
Annuellement, la marque baulmérane produit cinquante tonnes de café pour les professionnels.

Soixante ans de caractère

11 septembre 2024 | Textes: Robin Badoux | Photos: Gabriel Lado
Edition N°3786

L’entreprise Raygil fête ses 60 ans. L’occasion de revenir sur l’histoire de cette aventure familiale, dont les cafés et savoir-faire s’exportent loin à la ronde.

Costa Rica, Brésil, Nicaragua, Colombie, Indonésie… C’est tout un monde qui converge dans les locaux de l’entreprise Raygil à Baulmes, et qui en repart, sous la forme de petits grains de café. Acteur régional d’importance – si on met de côté Nestlé – pour la torréfaction et la fabrication de machines à café, Raygil souffle cette année ses 60 bougies. Pour l’occasion, les portes de l’entreprise se sont ouvertes aux visiteurs (encadré) afin de présenter ses activités passées, présentes et à venir.

Une histoire de famille…

L’entreprise voit le jour en 1964 lorsque Raymond Cretenoud et son épouse Gilda – d’où Raygil, selon les premières syllabes des deux prénoms – reprennent la concession des machines à café FAEMA de Milan. Dès 1971, Raygil sera d’ailleurs l’importateur exclusif des produits de cette maison en Suisse.

Et l’affaire va vite prendre de l’ampleur, passant de trente machines vendues la première année à 538 en 1972. En 1976, à la suite de difficultés chez FAEMA, Raygil se lance dans la production de ses propres machines à café. «Ces premières machines avaient des poignées comme celles des robinets de douche», remarque avec amusement Jérôme Michelin, directeur business de l’unité de Baulmes et directeur de vente Suisse romande pour UCC.

Raygil se lance dans la torréfaction de son propre café en 1980, grâce à une machine de torréfaction achetée en 1975, encore utilisée aujourd’hui, et met progressivement un frein à la production de machines. Au plus fort de sa production, quelque 250 machines à café Raygil sortaient tous les ans de l’entreprise vers le marché international.

… et de gros sous

Un grand tournant pour l’entreprise s’amorce en 2010 avec la reprise de la marque, alors entre les mains de Christian Cretenoud, fils du fondateur, par UCC, Ueshima Coffee Co., entreprise japonaise fondée en 1933. «UCC est le troisième torréfacteur de café en Suisse, indique Jérôme Michelin. Le site de Raygil à Baulmes est la plus petite unité d’UCC au niveau mondial et assure la production d’un café premium et artisanal.»

L’essentiel des activités de Raygil aujourd’hui se résume à la torréfaction de café, la vente de machines à café professionnelles – des marques suisses Rex-Royal, Thermoplan et de la marque italienne Nuova Simonelli –, et le service après-vente de ces machines.

Artisanat baulméran

Dans l’atelier de Raygil, les grains importés d’Amérique du Sud et Centrale, ainsi que d’Asie du Sud-Est, sont torréfiés par fournées de 25 kilos. Une toute petite production donc, mais savamment mise au point. «Les grains sont torréfiés pendant 18 minutes dans notre four, explique Sébastien May, maître torréfacteur. Dans l’industrie, le café est torréfié en seulement cinq minutes avec tout un lot de capteurs et de caméras. Ici, nous vérifions le processus à l’œil et à l’oreille. On surveille le crépitement des grains, tout en cherchant la bonne couleur. Le nez n’intervient pas, car il y a trop d’odeurs parasites dans l’atelier et, surtout, le grain fraîchement torréfié et pas encore dégazé ne sent presque rien.» C’est seulement après 24 à 48 heures de repos hors du four que le café, débarrassé de son oxyde de carbone, gagne son parfum et son caractère.


Savoir-faire dévoilé

Pour ses 60 ans, Raygil a ouvert ses portes aux curieux lors d’une journée de découverte des locaux à Baulmes. La manifestation, sur le thème du café, bien entendu, était composée d’une visite de l’atelier de torréfaction artisanale, d’une démonstration de latte art avec Vincent Baeriswyl, gérant du restaurant Le Pointu de Lausanne, et de présentations de trois méthodes d’infusion du café avec un Coffee Specialist. «Parce qu’avec un même café, on peut obtenir des saveurs très diverses», fait remarquer Emmanuel Laisné, responsable régional de vente pour UCC.

De nombreuses personnes ont fait le déplacement pour assister à l’événement, attestant de l’intérêt que suscite Raygil, en tant qu’acteur historique de la région.