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Elle soulève les barres et les trophées
©Michel Duvoisin

Elle soulève les barres et les trophées

2 novembre 2017 | Edition N°2115

Haltérophilie – A 19 ans, l’Yverdonnoise Nadine Blanchard est championne de Suisse juniors et a commencé à briller sur la scène européenne, dans une discipline qu’elle ne pratique que depuis une année.

 

Six fois par semaine, Nadine Blanchard rejoint sa salle d’entraînement, le Crossfit Urakan, située En Chamard, pour assouvir sa passion. ©Michel Duvoisin

Six fois par semaine, Nadine Blanchard rejoint sa salle d’entraînement, le Crossfit Urakan, située En Chamard, pour assouvir sa passion.

Elle aurait pu faire comme n’importe quelle autre jeune fille de son âge. Suivre ses ami(e)s dans un bar d’Yverdon-les-Bains après les cours, repousser chaque soir l’heure de rejoindre son lit au profit d’activités bien plus trépidantes, s’adonner aux rituels de la vie nocturne durant le week-end… Sauf que Nadine Blanchard a choisi la voie du sport, de l’haltérophilie, exactement. Une discipline qui requiert rigueur, exigence et une certaine hygiène de vie. «Mais je ne vois pas ça comme des sacrifices, ou très rarement, assure l’Yverdonnoise de 19 ans. Toutes ces choses, j’en ai assez profité lorsque j’étais plus jeune, à l’étranger. Aujourd’hui, cela me paraît un peu superficiel. Lorsqu’on commence à bien manger, à dormir à heures régulières et à faire du sport tous les jours, c’est inconcevable de revenir en arrière. On se sent trop bien.»

D’autant plus lorsque les résultats ne tardent pas à arriver. Dans le cas de la Nord-Vaudoise, ceux-ci ont même brûlé les étapes. Il y a un an, Nadine Blanchard découvrait sa nouvelle vocation. Douze mois plus tard, la voilà championne de Suisse juniors dans sa catégorie. Un titre obtenu le 7 octobre dernier, à Moutier, grâce à des barres de 65 kg à l’arraché et 75 kg à l’épaulé-jeté. Sa progression est tellement fulgurante qu’elle a même commencé à chasser les médailles à l’international, se classant notamment 2e à Lochen, en Autriche, en début d’été. «Ce serait mentir de dire que l’haltérophilie est très développée en Suisse. Mais la discipline suit un peu la même courbe que le crossfit, dont on entend de plus en plus parler ici.»

 

De la boxe et du crossfit

 

Six fois par semaine, Nadine Blanchard rejoint sa salle d’entraînement, le Crossfit Urakan, située En Chamard, pour assouvir sa passion. ©Michel DuvoisinC’est d’ailleurs le crossfit, qu’elle pratique depuis deux ans et demi et qui lui permet également de se perfectionner dans son domaine de prédilection, qui a ouvert les portes de sa nouvelle passion à la jeune fille. Car non, le peu de concurrence n’est pas l’unique explication de ses résultats précoces. Le monde du sport, elle y baigne depuis sa naissance, ou presque. «Mes parents ont toujours été très actifs, ils m’ont initiée à pas mal d’activités. Et, quand je découvre quelque chose qui me plaît, c’est assez mon genre de m’y mettre à 100%. Avant ça, j’ai aussi fait de la boxe. Il paraît que j’étais plutôt douée. Et puis, j’ai découvert le crossfit. Ça a été le coup de foudre qui m’a poussée à poser les gants.»

 

«C’est inconcevable de revenir en arrière. On se sent trop bien.»

 

En parallèle, Nadine Blanchard est une voyageuse, qui s’est fait des amis aux quatre coins de la planète, du Mexique au Japon, en passant par l’Europe. Une passion qu’elle peut en partie satisfaire grâce à son talent et son acharnement dans son sport. «La plupart des compétitions internationales auxquelles j’ai pris part se sont déroulées en Suisse. Mais c’est toujours plus sympa d’aller à l’étranger, notamment avec la Fédération nationale. Lorsque c’est le cas, on est traités comme des rois et tous les frais sont pris en charge», sourit l’athlète, membre de l’Haltéro-Club Tramelan parce qu’elle «aime bien la ville».

 

Se faire une place aux JO

 

Pour financer ses escapades autour du globe, l’Yverdonnoise donne, deux fois par semaine, des cours dans la salle où elle s’entraîne. Le week-end, elle donne un coup de main à ses parents, propriétaires de l’Hôtel du Chasseron depuis deux ans.

Parmi cet emploi du temps bien chargé, Nadine Blanchard trouve encore le temps de rêver. «Actuellement, je tire (ndlr : le verbe employé pour décrire le fait d’effectuer les deux mouvements d’haltérophilie) en Ligue nationale B. Vu mes résultats, je devrais pouvoir prétendre à une place en LNA l’an prochain. Ce serait un premier pas vers des compétitions internationales plus importantes.»

Epreuves qui pourraient ouvrir les portes des prochains Jeux olympiques -Tokyo 2020- à la Suisse. «Pour ça, il faudra réussir de bonnes prestations d’ensemble. Mais trois athlètes bâloises possèdent de meilleures références que moi. Donc, si le pays obtient une place, elle sera sûrement pour l’une d’elles. Je serai probablement bien mieux préparée pour les suivants, à Paris. Mais un déplacement en France n’a pas la même saveur qu’un voyage au Japon…»

 

Un entraînement à l’américaine

 

Une fois la fin des cours sonnée, Nadine Blanchard, étudiante au Gymnase d’Yverdon, part s’entraîner. Tous les jours, en plus du samedi matin, pendant deux heures et demie. Il faut dire que la jeune fille est attentivement surveillée. Son coach habite aux Etats-Unis, où il s’est fait un nom et prépare certains des meilleurs athlètes mondiaux. Entraînements, sommeil, nutrition, tout est minutieusement contrôlé. «Je lui envoie toutes les données et il s’adapte en fonction. Je me suis débrouillée seule pendant longtemps, mais je préfère avoir quelqu’un derrière moi, pour être certaine de tout faire le mieux possible.»

Leur rencontre remonte à l’une des nombreuses expéditions de la Nord-Vaudoise. «J’ai passé ma deuxième année de gymnase à Frauenfeld, explique celle qui parle couramment français, italien, allemand et anglais. Durant ce séjour en Suisse allemande, on m’a convaincue de me rendre à une compétition à Londres. Je l’ai rencontré là-bas, alors que je ne recherchais pas spécialement de coach. Il a insisté, encore et encore, et on a fini par s’arranger.»

 

Bien entourée

 

Outre son entraîneur, sa famille participe également à rendre l’environnement de la jeune athlète le plus propice possible au bon déroulement de sa carrière sportive. «Mes proches ont bien compris à quel point j’aime ce que je fais, et ils se montre très compréhensifs. Et comme mes parents me font souvent à manger, même si je ne suis que rarement à table avec eux à cause de mes entraînements, ils essaient aussi de faire des efforts de leur côté pour mieux se nourrir.»

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Florian Vaney