Nord vaudois – Alain Ledoux, le pasteur de la paroisse de Pomy-Gressy-Suchy, veut que les paroissiens vivent la foi à leur manière, en se réappropriant les lieux de culte.
En octobre 2016, Alain Ledoux devient pasteur de la paroisse de Pomy-Gressy-Suchy, après une carrière de chef d’entreprise. Afin de créer une unité entre les neuf villages, les huit lieux de culte et les trois groupes scolaires sous sa responsabilité, il décide de partir à la rencontre des paroissiens. «Je suis allé auprès de 150 personnes pour connaître leurs visions de l’Eglise et de la spiritualité.»
Après avoir obtenu différents avis, il a décidé de suivre deux axes pour dynamiser ses célébrations religieuses. Il y a un an, il a instauré un culte des familles, qui a lieu une fois par mois. «Chaque culte est en lien avec une société locale, qui est invitée pour l’occasion», précise-t-il. Lors de la célébration des 100 ans du drapeau de Suchy, en octobre 2017, Alain Ledoux a, par exemple, participé à l’événement aussi bien dans son église que lors du cortège dans les rues de la commune.
Des canapés dans l’église
Grâce à son sondage auprès des paroissiens, Alain Ledoux a pu mener des expériences au sein des communes de Pomy, de Suchy, et de Cronay. Les Sécherons se sont montrés les plus créatifs. «A Suchy, ils m’ont dit qu’il n’était pas question pour eux de se lever à 10h un dimanche matin, donc j’ai déplacé le culte à 17h.»
En plus de ce changement d’horaire, le pasteur a modifié un autre aspect pratique, mais ô combien symbolique pour les puristes du culte traditionnel. «Les bancs ne convenaient plus aux paroissiens. Nous avons donc mis des fauteuils.»
Au-delà du côté visuel, le pasteur suffragant -il sera officiellement nommé en septembre prochain- voit ses cultes comme un moyen de dialogue et de partage avec les paroissiens, par le biais d’animations autour d’un thème précis.
Une envie d’innovation qui portes ses fruits et qui séduit. En effet, le «culte des familles» réunit, à chaque fois, entre cinquante et 160 personnes, qu’elles soient protestantes, évangélistes ou catholiques.
Un scénario à choisir pour perpétuer la mission de l’Eglise
Lausanne – Conférence de presse sur l’avenir de l’Eglise évangélique réformée vaudoise
L’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) n’a pas pour habitude d’organiser des conférences de presse. «En sept ans, ça doit être la deuxième ou la troisième fois», affirme Paolo Mariani, responsable de la communication.
Pourtant, hier, à la Maison des Cèdres, à Lausanne, siège de l’EERV depuis 2016, le Conseil synodal a tenu à se plier à cet exercice, au vu des enjeux qui concernent le futur de l’Eglise. La conseillère synodale Myriam Karlström a dressé un constat alarmant : «Entre 2000 et 2015, la population a augmenté dans le canton, mais il y a 50 000 protestants en moins.»
Pour continuer à assurer la mission de l’EERV, le Conseil synodal, qui détient le pouvoir exécutif, veut que l’Eglise repense ses priorités, ainsi que le déploiement des pasteurs et des autres personnes qui œuvrent au sein de cette institution religieuse.
Trois scénarii envisageables
Au mois de mars, le Synode, le pouvoir législatif de l’EERV, devra choisir entre trois scénarii présentés lors de la conférence de presse. D’ici 2025, l’Eglise devra passer de 220 à 204 postes de travail, sans avoir recours à des licenciements.
Le premier scénario propose une diminution linéaire dans les paroisses, les onze régions de l’EERV et le canton, garantissant une équité de traitement, mais n’allant pas dans le sens du changement voulu par le contexte actuel. Le second propose d’ajouter, en plus, des transferts de postes et de responsabilités au sein des membres du personnel de l’EERV.
Enfin, le troisième, celui privilégié par le Conseil synodal, propose de tenir compte des deux premier scénarii, en «prélevant» aussi un demi équivalent plein-temps dans chacune des onze régions de l’EERV, pour permettre d’ajouter trois équivalents plein-temps comme «ressources de soutien». Ceux-ci aideront à accompagner les différents projets proposés au sein des différentes régions.
«Il faut redonner plus de créativité et de marge de manœuvre aux régions, pour qu’elles aient la liberté d’exprimer leur génie propre», a conclu Line Dépraz, pasteure et conseillère synodale.