Guillaume Dutoit a mis fin à sa carrière. Le sportif de Vuarrens a consacré plus de vingt ans de sa vie à son sport.
De ses débuts, des étoiles dans les yeux, à ses espoirs déçus de participer aux Jeux olympiques, Guillaume Dutoit a passé sa carrière à plonger dans les piscines du monde entier. C’est désormais terminé.
«Je me souviens des pleurs de ma première compétition, où j’avais fini dernier ou avant-dernier à la piscine de Mon-Repos. J’étais prêt à arrêter, mais un entraîneur m’avait fait un discours qui m’avait reboosté, sourit le multiple champion de Suisse en fouillant dans sa mémoire. J’ai également beaucoup de souvenirs de mes parents qui m’ont soutenu un max, mais avec le retrait dont j’ai besoin.»
La belle histoire passionnée entre Guillaume Dutoit et le plongeon de compétition s’est achevée. Le sportif de Vuarrens n’est plus «Guillaume l’athlète». A tout juste 29 ans, il a déjà dessiné les contours de sa nouvelle identité, celle de masseur thérapeute, tout en transmettant son savoir sur le plongeoir pour Lausanne Aquatique. «Cela fait un peu bizarre que ce soit terminé», admet-il tout de même.
Plusieurs fois, au cours de sa carrière, le plongeur a songé à quitter les bassins. Déjà après avoir manqué le ticket olympique pour Rio, en 2016, puis encore après Tokyo, en 2021. De nouvelles disciplines, la création de la piscine de la Vaudoise aréna et le cycle plus court d’une année jusqu’à Paris 2024 l’ont motivé à poursuivre malgré les douleurs de dos récurrentes, conséquence de la répétition des impacts dans l’eau.
Guillaume Dutoit s’est laissé jusqu’au début de la présente année pour être sûr à 100% de dire stop. C’est fait, au terme d’une année 2024 frustrante, sans Jeux olympiques pour lui, et sans le final espéré aux Européens de Belgrade, en raison d’un désaccord avec la fédération nationale: se rendre à Belgrade avec son propre coach lui a été refusé. «La goutte de trop, lance celui qui s’est depuis entretenu avec le nouveau chef de performance pour faire passer un message, du point de vue des athlètes. C’est quelqu’un de bien, j’ai bon espoir que ça se passera positivement pour les jeunes.»
Bardé de médailles, Guillaume Dutoit a manqué d’un souffle le podium lors d’un grand championnat en élite à plusieurs reprises. Belgrade aurait été sa dernière chance, en l’absence de plusieurs plongeurs qualifiés pour les JO. De quoi ajouter à la frustration. Le sportif préfère retenir le positif, comme cette 2e place à Rostock, début 2024. «Je me souviens y être allé à ma transition entre juniors et adultes, ayant l’impression de ne pas avoir le niveau.» Il a parcouru bien du chemin depuis.
Le premier à franchir la «muraille» de Chine
Médaillé d’argent aux Européens juniors de 2014 et 9e aux Jeux olympiques de la Jeunesse, Guillaume Dutoit a même eu la chance, en 2015, de partager le quotidien de l’élite chinoise du plongeon.
«J’ai été le premier athlète du monde à m’entraîner avec l’équipe nationale de Chine», sourit-il.
Cela avait été rendu possible par le président de la Fédération internationale de la discipline, qui, après avoir apprécié les performances de Guillaume Dutoit aux JOJ, avait arrangé le voyage.
«Je suis parti avec une plongeuse et un chaperon. J’ai finalement fait trois stages, le deuxième en étant seul, raconte celui qui a conservé d’incroyables souvenirs de cette expérience unique, qui a duré huit mois et demi. J’y ai énormément appris et ai gardé de très bons contacts. J’ai encore récemment croisé le coach chinois, qui est l’entraîneur du champion olympique.»
Quelques résultats
– Vice-champion d’Europe juniors à Bergame en 2014, ainsi que finaliste des Mondiaux juniors et des JO de la Jeunesse la même année.
– 4e à 1 m aux Européens de Glasgow, en 2018.
– Top 8 en individuel à 3 m et 4e place en synchro aux Mondiaux de Budapest, en 2022.
– 4e à 3 m en individuel aux Européens de Rome, en 2022.
– 2e à 3 m du Grand-Prix de Rostock, en 2024.
«J’ai fait les Jeux à ma manière»
Rio de Janeiro, Tokyo, Paris. A chaque fois, Guillaume Dutoit a essayé de se qualifier pour les Jeux olympiques dans les villes précitées mais, à chaque fois, il lui a manqué un petit quelque chose pour y parvenir. S’il a cumulé les participations aux Championnats d’Europe et du monde durant sa carrière, le plongeur n’a ainsi pas réussi à vivre l’expérience olympique en tant que concurrent.
L’an dernier, Paris était sa dernière chance. Manquer son ticket, lors d’une ultime opportunité sur le plongeoir de Doha, n’a pas été évident à digérer. «J’ai passé des mois assez affreux, reconnaît-il. Je suis néanmoins resté lucide jusqu’au bout, conscient qu’il était possible que je ne me qualifie pas.»
La piscine olympique, il l’a tout de même fréquentée, d’abord en participant à la compétition test disputée sur place – il était le seul concurrent qui n’était pas qualifié pour les JO à y prendre part –, puis en s’y rendant en tant que spectateur, l’été passé. «Ma copine y a travaillé en tant que bénévole pour le plongeon, et je suis allé soutenir des amis, voir d’autres disciplines aussi sans la pression de la compétition. J’ai même pu visiter le village olympique. A vrai dire, j’ai peut-être vécu de meilleurs JO que les athlètes: je n’avais jamais vu mes amis aussi stressés et épuisés. Cela m’a permis d’un peu démystifier le truc. Au final, j’ai fait les Jeux à ma manière.»
Il le reconnaît toutefois, assister à la compétition de plongeon à 3 m, celle à laquelle il aurait espéré se trouver au bout de la planche, n’a pas été simple. Il a néanmoins vu des Jeux olympiques «magnifiques, très porteurs», passant de très bons moments dans la capitale française. «Je suis content d’avoir pu y participer d’une autre façon», lâche-t-il, à l’heure de clore cet immense chapitre olympique qui, même s’il n’a pas pu en écrire les lignes souhaitées, a rythmé sa carrière.