Logo

Sur les traces d’un peintre fulgurant

13 avril 2018 | Edition N°2224

Sainte-Croix – Le réalisateur Michel Rodde présentera son dernier film sur l’artiste expressionniste Oskar Kokoschka au Cinéma Royal, dimanche.

Michel Rodde affiche plus d’une vingtaine de fictions et de documentaires au compteur, qu’il a notamment réalisés pour la Télévision Suisse romande. © Carole Alkabes

On pourrait écouter le cinéaste franco-suisse Michel Rodde parler pendant des heures. Assis dans l’arrière-salle d’un café, l’homme est de passage dans la région pour présenter sa fiction intitulée «Kokoschka, œuvre-vie», qui met en lumière l’artiste autrichien qui a vécu sur les bords du Léman jusqu’à sa mort en 1980. Le film sera projeté dans la salle obscure du Cinéma Royal à Sainte Croix, dimanche à 18h.

Fasciné par le peintre expressionniste (lire encadré), Michel Rodde a décidé, il y a quinze ans déjà, d’y consacrer un film. «Je ne voulais pas réaliser un documentaire traditionnel sur son œuvre avec des historiens de l’art qui auraient expliqué pourquoi il avait peint tel ou tel tableau, explique l’enthousiaste réalisateur, qui vit actuellement à Arles (FR). Je voulais créer un film qui soit une véritable plongée dans l’univers de Kokoschka.» Cette fiction originale est ainsi composée d’images d’archives, d’œuvres et de photos. Deux voix s’expriment dans ce film, celle d’une narratrice – également actrice – et celle de Michel Rodde qui parle au nom du peintre.

«Sa vie et son œuvre sont indissociables. Kokoschka est allé puiser dans les abîmes de son existence pour comprendre qui il était. C’est à la fois un artiste fulgurant et un homme honnête. Il a toujours été fidèle à sa famille et à ses amis. En cela, il m’est proche», souligne Michel Rodde. Pour réaliser son film, le cinéaste et producteur s’est intéressé aux écrits et à la peinture de l’artiste. «C’était un peu le parcours du combattant pour lire ses textes en allemand», poursuit-il.

Cinq ans de réalisation

Pour créer sa fiction, cinq années ont été nécessaires à Michel Rodde. «Pour des raisons diverses et variées, je n’ai pas obtenu les financements espérés pour le tournage (ndlr: l’Office fédéral de la culture ne l’a pas soutenu dans ce projet). Il a fallu faire appel à d’autres mécènes et produire le film moi-même», révèle le réalisateur, qui sillonne actuellement les petites salles obscures pour présenter sa réalisation au public. «Kokoschka, œuvre et vie» est projeté en ce moment au Master of Art Festival, en Bulgarie. Quant aux Nord-Vaudois, ils pourront le découvrir dimanche en présence du réalisateur.

Un peintre qui a traversé un siècle tumultueux

Né dans l’empire austro-hongrois en 1886, Oskar Kokoschka a vécu à Vienne. Elève du peintre Gustav Klimt et soutenu par l’architecte Adolf Loos, il a évolué dans la vie culturelle bohême de l’époque avant de partir pour Berlin. «A la suite de sa rupture avec Alma Mahler (ndlr: la veuve du compositeur Gustav Mahler), Oskar Kokoschka a tenté de se suicider, révèle Michel Rodde. Il a ensuite exorcisé cet amour avec une poupée grandeur nature à l’effigie de sa bien-aimée.»

Durant la Première Guerre mondiale, le peintre expressionniste a été gravement blessé à la tête. Avec la montée du nazisme, il a été considéré comme un artiste «dégénéré». C’est à ce moment-là que les œuvres de Kokoschka sont devenues plus politiques. Il s’est alors exilé à Londres avec son épouse avant de s’installer à Villeneuve, sur les bords du Léman. Il est mort dans sa villa en 1980. Une exposition lui est consacrée au Musée Jenisch à Vevey.

Plus d’informations sur: www.oskar-kokoschka.ch

Valérie Beauverd