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Sylvain Fridelance, coqueluche locale

24 janvier 2019 | Edition N°2421

Devancé par Guillaume Dutoit pour le titre de sportif vaudois de l’année 2018, le triathlète a pris sa revanche sur le plongeur. Il a été honoré du Prix Panathlonien remis par la section d’Yverdon-les-Bains mardi.

Largement établi parmi les cent meilleurs triathlètes de la planète, Sylvain Fridelance commence sérieusement à devenir une figure reconnue dans le milieu. Mais c’est surtout au niveau local que l’aura du sportif de Saint-Barthélemy a pris l’ascenseur récemment. Depuis les Championnats d’Europe de Glasgow, particulièrement. Le 11 août dernier, il devenait vice-champion européen avec le relais mixte suisse. Un évènement que ses proches – et moins proches – du Gros-de-Vaud et du Nord vaudois, devant leur petit écran, n’ont pas manqué. «C’est vrai que mon statut a un peu changé à ce moment-là. Les joutes ont été beaucoup médiatisées. Les journaux de la région et la télévision ont joué le jeu.» Et cela a créé une certaine effervescence dans le canton.

Entre deux selfies

Une vague que n’a d’ailleurs pas laissé passer le Panathlon-Club Yverdon-les-Bains, qui a vu en Sylvain Fridelance le digne successeur de Loïc Gasch au palmarès du Prix Panathlonien. Honoré mardi soir à La Prairie, le fer de lance du Tryverdon a profité de l’occasion pour rappeler l’importance que revêtent les distinctions locales à ses yeux. «Je passe la plupart de mon temps à m’entraîner sur les routes et chemins de la région, alors ça fait toujours plaisir d’être récompensé à cette échelle», s’est réjoui le jeune homme de 23 ans, entre deux selfies avec les membres du club-service yverdonnois. Une véritable vedette régionale.

Double contrainte

Cette position, Sylvain Fridelance pourrait encore sérieusement la renforcer en atteignant son prochain objectif majeur: une participation aux JO de Tokyo 2020. «C’est là-dessus que vont se concentrer mes efforts ces prochains mois. En participant à des courses de Coupe du monde ou de World Series, on peut gagner des points, et ceux-ci améliorent notre classement en vue d’une sélection pour les JO.»

Première étape: faire partie des 150 meilleurs triathlètes du monde. Un défi en bonne voie, le Vaudois figurant au 64e rang (il est 42e du classement spécifique aux World Series). Le nombre de tickets accordés à chaque nation dépendant des divers classements des athlètes du pays en question, Sylvain Fridelance devra encore être choisi par la Fédération suisse s’il entend se rendre au Japon.

«Si j’ai pris une longueur d’avance avec la saison que je viens de réaliser? On peut dire ça, mais elle est vraiment très légère. Disons que j’ai surtout construit des bases solides, mais que quasiment tout va se jouer durant les prochains mois», détaille le sportif de Saint-Barth’, qui militera sur deux tableaux: l’épreuve individuelle et le relais mixte, qui devrait procurer quatre autres billets à la Suisse, dont deux pour des hommes.

Passer entre les gouttes

Pour mettre toutes les chances de son côté, le cocktail est toujours le même: s’entraîner un maximum et toucher du bois au niveau de la santé. «C’est toute la subtilité du sport de haut niveau. Là, je viens de rentrer de deux semaines vraiment éprouvantes aux Canaries. Durant la première, j’ai couru 115 km. Juste après les fêtes, ce n’est franchement pas une partie de plaisir», lâche celui qui s’entraîne une trentaine d’heures par semaine, réparties assez équitablement entre la natation, la course à pied et le vélo. «Le domaine dans lequel j’ai le moins de liberté, c’est la nage. Je sais que j’ai un bassin de libre trois soirs et deux matins par semaine, c’est inflexible. A partir de là, on agence le reste de mes séances.» Pour être au top lors des grandes échéances. Cette année, les premières devraient mener Sylvain Fridelance en Afrique du Sud (Coupe du monde) et à Abu Dhabi (World Series).

 

 

Une vie de professionnel, mais…

De retour de deux semaines aux Canaries, bientôt en Afrique du Sud et à Abu Dhabi pour des compétitions, Sylvain Fridelance ne se plaint pas. Reste que, même à son niveau, il est obligé de compter sur le soutien financier de ses parents pour s’en sortir. «Si on compare la situation en Suisse à celle de France, c’est le jour et la nuit. Là-bas, les athlètes sont de vrais pros. C’est un peu particulier, parce que le triathlon rencontre beaucoup de succès chez nous. Mais en haut de la pyramide, il y a encore du travail à faire par rapport aux meilleures nations.»

Manuel Gremion