L’autorisation de cibler deux jeunes de la meute du Mont-Tendre fait débat.
Textes: I.RO
L’autorisation de tir de deux jeunes de la meute du Mont-Tendre ravive le débat. Les défenseurs du loup dénoncent une mesure qui aboutira à son extinction.
« L’an dernier déjà, deux jeunes loups de la meute avaient été tués et un troisième subadulte abattu par erreur, l’autorisation de tir visant le mâle alpha. Avec cette nouvelle autorisation de tir, l’association craint à terme une éradication de la meute du Mont-Tendre » , réagit Avenir Loup Lynx Jura (ALLJ), qui prône la coexistence entre le prédateur et les éleveurs.
Cette réaction fait suite à la décision prise le 23 juillet dernier par le conseiller d’Etat Vassilis Venizelos, chef du Département de la jeunesse, de l’environnement et de la sécurité (DJES).
Trois attaques avérées
Le conseiller d’Etat yverdonnois justifie l’autorisation par les dommages occasionnés par le meute du Mont-Tendre (différente de celle du Marchairuz proche). Cette meute formée l’an dernier a accueilli au minimum trois jeunes loups en ce début d’année.
L’Office fédéral de l’environnement (Ofev) a donné son accord le 16 juillet, ne retenant que trois attaques avérées, intervenues les 2, 23 et 25 juin sur le territoire des communes de L’Abbaye, Bière et du Chenit. Deux jeunes bovins et un veau ont péri.
Incertitudes…
« L’Ofev n’a pas retenu les autres attaques car elles ne pouvaient être attribuées au loup avec certitude, car les mesures de protection des troupeaux en place n’était pas conformes ou encore car les attaques ont eu lieu hors de la période d’estivage considérée par la loi sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages » , précise la décision cantonale, en ajoutant que depuis la demande d’autorisation envoyée par le Canton à l’Ofev, une nouvelle attaque a été enregistrée le 14 juillet sur l’alpage du Petit-Cunay (Bière), où le loup avait déjà agi le 23 juin.
Périmètre réduit
L’autorisation de tir est réduite aux périmètres concernés par les trois attaques à l’origine de la décision, et elle est limitée au 31 août. La Direction générale de l’environnement (DGE) est, par sa division Biodiversité et paysage, chargée de l’exécution.
D’autres méthodes
Pour Eric Jaquet, président d’Avenir Loup Lynx Jura, la décision vaudoise est incompréhensible. D’autant plus que selon les statistiques scientifiques, seuls la moitié des louveteaux parviennent à l’âge adulte. L’ALLJ préconise des opérations d’effarouchement au moyen de tirs non létaux sur les loups responsables d’attaques.
Et d’ajouter : « L’ALLJ condamne fermement ces tirs et estime que la protection des troupeaux ne peut passer que par le renforcement des mesures de protection préconisées par le Canton. »
D’ailleurs, l’Ofev lie la reconnaissance d’une attaque aux mesures de protection prises. Pour l’ALLJ, il faut œuvrer pour des «solutions constructives conciliant la présence des grands prédateurs et des animaux de rente».
Eric Jaquet relève au passage que depuis l’arrivée du conseiller fédéral Albert Rösti à la tête du département de tutelle de l’Ofev, une septantaine de loups ont été tirés.
On ajoutera enfin que l’association Defend the wolf a décidé de se mobiliser contre les tirs de régulation.
Attaque au sommet du Mont-Aubert
Une génisse et un veau ont péri en juillet au sommet du Mont-Aubert (Concise) sur l’alpage de La Roche, près de l’Auberge des Gélinottes. Ces bêtes ont été victimes d’un loup.
La propriétaire des animaux de rente, Laurence Gaille, témoigne : « On a perdu une génisse et on l’a cherchée pendant deux jours. Puis au moment de changer notre bétail de parc – une quarantaine de bovins au total – nous avons découvert la bête disparue morte. Et le lendemain, un veau a été agressé. Cela ne s’est pas produit le même jour, j’en suis certaine. »
La propriétaire a alerté les services de l’Etat et des spécialistes se sont déplacés au Mont-Aubert : « Ils ont fait des veilles la nuit et observé avec leurs lunettes infrarouges. Ils ont vu toutes sortes de bestioles, dont des renards, mais pas de loup. Peut-être n’était-il que de passage… »
Laurence Gaille n’a pas souvenir d’une autre attaque. Par contre, l’an dernier, elle a découvert l’une de ses génisses avec des traces de griffures au cou et les autres avaient été « serrées dans un coin » .