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Torréfier pour chauffer plus, et mieux

10 mai 2016 | Edition N°1739

Orbe – «Torplant», l’unité pilote d’un projet énergétique novateur de torréfaction de la biomasse forestière, a été inauguré, hier.

L’inauguration officielle du projet pilote par Claire Tansley, chargée de communication de Granit Technologies, les conseillères d’Etat Jacqueline de Quattro et Anne-Catherine Lyon, ainsi que le docteur Jean-Bernard Michel, chef du projet (de g. à dr.). © Simon Gabioud

L’inauguration officielle du projet pilote par Claire Tansley, chargée de communication de Granit Technologies, les conseillères d’Etat Jacqueline de Quattro et Anne-Catherine Lyon, ainsi que le docteur Jean-Bernard Michel, chef du projet (de g. à dr.).

A Orbe, il n’y a pas que le café qui est torréfié. L’unité pilote «Torplant» -tor pour torréfaction et plant signifiant usine en anglais-, un projet énergétique novateur, a été inauguré, hier, dans un atelier du site de TecOrbe. Développé par la Haute école d’ingénierie et de gestion du Canton de Vaud (HEIGVD), en collaboration avec la société urbigène Granit Technologies, et en partie financé par l’Etat de Vaud, le projet s’inscrit comme une solution innovante dans le domaine de l’exploitation énergétique de la biomasse forestière et des déchets verts. Une fois torréfiée, cette ressource locale et renouvelable offre un rendement élevé et stable en tant que combustible de chauffage.

«Présents partout dans le canton, notamment dans la région d’Orbe, les déchets verts et la biomasse forestière ne sont pas assez valorisés, lâche le docteur Jean-Bernard Michel, chef du projet. Torréfiés, ces résidus de végétaux deviennent un formidable combustible.» Dirigé par le docteur Michel, un groupe de recherche de la HEIG-VD a mis au point une technique de torréfaction. Un procédé complexe qui produit un combustible de qualité constante, avec un rendement calorifique égal, voire supérieur aux pellets traditionnels. «Une solution innovante avec des ressources locales, à destination des gens de la région et produisant des emplois locaux», souligne-t-il.

La conseillère d’Etat Anne-Catherine Lyon a, quant à elle, salué les synergies réalisées entre les différents partenaires du projet: «Le Nord vaudois fait office de deuxième campus du canton. Les écoles spécialisées, comme la HEIG-VD, sont actives dans la recherche appliquée et créent des ponts entre l’univers académique et l’univers industriel.»

«Torplant» offre, également, des perspectives prometteuses de commercialisation. Le partenaire industriel du projet, la société urbigène Granit Technologies, est chargée de prospecter le marché régional et national. «Le but premier est de fournir de l’énergie en grande quantité aux communes, avec lesquelles nous sommes déjà en contact», relate Claire Tansley.

«Bien plus qu’un bon élève»

Jacqueline de Quattro, conseillère d’Etat

Jacqueline de Quattro, que représente ce projet énergétique pour la cheffe du Département du territoire et de l’environnement que vous êtes?

La conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro présente des résidus de biomasse bruts (à dr.) et le résultat une fois ces déchets torréfiés et transformés en pellets. © Simon Gabioud

La conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro présente des résidus de biomasse bruts (à dr.) et le résultat une fois ces déchets torréfiés et transformés en pellets.

C’est une grande fierté. Je vois en ce projet novateur un grand potentiel de développement pour le Canton. L’Etat de Vaud fait face à de nombreux défis énergétiques solaires, hydrauliques ou éoliens. L’unité pilote présentée aujourd’hui offre des perspectives prometteuses, notamment de commercialisation.

«Torplant» s’inscrit-il, justement, en substitution aux projets de parcs éoliens qui peinent à convaincre dans le canton?

Plus qu’une substitution, l’exploitation énergétique de la biomasse forestière et des déchets verts s’inscrit comme complément et en combinaison aux projets liés à l’énergie éolienne et solaire. La sortie du nucléaire passera par un «mix» énergétique. L’aspect local de «Torplant» est primordial. Dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres seulement, les résidus naturels seront ramassés, séchés, torréfiés et stockés. Au lieu d’importer du charbon d’Allemagne ou du nucléaire de France, ce projet innovant est un pas supplémentaire en direction d’une sortie du nucléaire. Il faut absolument éviter une dépendance énergétique vis-à-vis de l’extérieur.

Yverdon-les-Bains a inauguré, il y a peu, un chauffage à distance visionnaire en termes d’efficience énergétique. Le Nord vaudois est-il le bon élève du canton?

C’est bien plus qu’un bon élève. La région joue un rôle pionnier en la matière. Grâce à des lieux comme YParc, à Yverdon, ou le Technopôle, à Orbe, des synergies entre différents acteurs se font et des ponts entre le secteur industriel et des pôles de recherche se créent. Le Nord vaudois est un moteur économique du canton, et de la Suisse.

Simon Gabioud