Avec son nom de baptême qui porte celui d’un des nœuds ferroviaires les plus importants de Suisse, entre Zurich, Bâle et Berne, le refuge forestier de La Combette verte ne manque pas d’étonner les touristes de passage et les marcheurs venus d’ailleurs.
Textes et photos: Roger Juillerat
« Es ist schön, dieses Waldhaus, aber warum haben sie es so genannt? (Elle est belle cette maison forestière, mais pourquoi l’ont-ils appelée comme ça ? ) », ont lancé ces deux marcheurs de Suisse alémanique, qui faisaient une randonnée sur le plateau des Granges, près de L’Auberson, et se sont arrêtés sur un banc jouxtant la Gare d’Olten pour faire un pique-nique. Tant il est vrai que le nom de ce refuge forestier, s’il est bien connu et prisé par les gens de la région et les skieurs de fond en hiver – car il sert de lieu de contrôle des vignettes –, ne manque pas de surprendre ceux qui y passent lors d’une balade.
C’est qu’il est situé non loin de la frontière avec la France, à l’intersection des chemins vers La Prise-Perrier, la douane de La Grande-Borne et Chez Henri, qui servent donc aussi de pistes de fond l’hiver venu. « L’origine de l’appellation Gare d’Olten provient justement du fait que c’est un centre de croisement important des chemins de ce plateau des Granges, indique Thierry Luthringer, conseiller communal à Sainte-Croix, qui venait d’y passer avec un ami. Car la vraie gare d’Olten est l’un des nœuds ferroviaires les plus importants de notre pays. »
Clin d’œil, hommage et vol
En consultant les archives de la Commune et du journal local, on a la confirmation de l’explication du conseiller communal: cette origine proviendrait en fait d’une plaisanterie d’Auguste Jaques, décédé en 2020 à l’âge de 99 ans, et quelques-uns de ses amis de L’Auberson. Ces derniers auraient mis en évidence le fait que ce refuge est vraiment
situé en un lieu où se croisent les chemins pédestres, et ceci en référence à cette gare du canton de Soleure où se croisent plusieurs lignes entre Zurich, Bâle et Berne, dont celle qui arrive de Suisse romande depuis Bienne. Du coup, le garde forestier Benoit Margot, chargé de la construction du refuge, avait proposé de le baptiser Gare d’Olten et de mettre un panneau quasiment identique à celui des CFF, en guise de clin d’œil et d’hommage à ces aînés de L’Auberson. Or ce premier panneau, en métal et identique à celui des CFF, a été volé en 2020 et il a fallu le remplacer par un autre qui a été conçu artisanalement en bois peint.
Et le conseiller communal Thierry Luthringer d’ajouter: « Ce plateau des Granges jouit d’un microclimat vraiment particulier ; c’est une combe qui est protégée par toutes les montagnes qui l’entourent. » Quand on consulte une carte, on remarque que c’est le cas avec d’ailleurs plusieurs des principaux sommets du Jura.
Petit historique
L’inauguration du nouveau refuge forestier de La Combette verte, baptisé Gare d’Olten, a eu lieu le samedi 11 juin 2016. D’un coût de quelque 100000 francs, il a été construit en rondins de bois à La Layettaz, puis déplacé sur le territoire du village de L’Auberson, dans le superbe environnement des Granges de la Haute-Joux, pas loin de la frontière franco-suisse. Lors de cette inauguration, Benoit Margot, le garde forestier de la commune, avait fait un petit historique de la construction, qui avait débuté en avril 2015, s’était faite en trois étapes et avait été assurée par son équipe de forestiers-bûcherons : « Je m’étais approché de Joël Delacrétaz, mon confrère de Baulmes, et nous nous étions inspirés du refuge de La Limasse, avait déclaré Benoit Margot. La fréquentation de l’endroit, les infrastructures existantes, l’adéquation avec les parcours pédestres et les pistes de fond (lieux de contrôle des vignettes), ainsi que la protection de la nature et de la faune ont constitué les critères principaux du choix de cette Gare d’Olten, qui se trouve à 1086 mètres d’altitude.» Il a notamment fallu 50 m3 de bois de sapin blanc pour la réalisation de ce refuge, de 10 mètres sur 5, et comprenant une grande pièce avec tables et fourneau, ainsi qu’une plus petite pour le rangement du matériel des pistes de fond, assuré par la Société de développement de L’Auberson.
