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«Tout à coup, il y a une petite lumière…»
© Michel Duperrex

«Tout à coup, il y a une petite lumière…»

3 novembre 2022

Samedi matin, petit attroupement sur la place Pestalozzi, par cette belle journée d’octobre. Thierry Barrigue se trouve au stand de l’Aspmad – CMS Nord Vaudois, pour dédicacer son dernier livre Oh! Vieillesse et célébrer la journée des proches aidants.

 

Barrigue, vous voilà un samedi matin de fin octobre à Yverdon avec un beau soleil. C’est déjà un événement en soi, non?

A 8h30 il ne faisait pas si beau que ça (rires)! Mais bon, le temps change, c’est sa nature. Et d’ailleurs, les temps sont en train de changer, comme le disait Bob Dylan.

Ce qui ne change pas, c’est votre succès: vous n’avez même plus assez de livres, tout le monde l’achète et se le fait dédicacer! Quel est le secret de votre popularité?

Déjà, tant mieux (rires)! Je crois que c’est parce que j’ai une profonde sympathie pour les gens, non feinte, et j’espère qu’ils le ressentent.

Pourquoi un livre sur les proches aidants?

Parce qu’ils sont chaque jour de plus en plus importants en raison du vieillissement de la population, qui ne va aller qu’en s’accroissant. Nous connaissons tous des proches aidants, et nous pouvons l’être à notre manière en accompagnant nos parents en fin de vie.

Ce livre n’est donc pas une commande?

Non, pas du tout, c’est une démarche personnelle. J’essaie de ne plus faire trop de dessins d’actualité. Quand je vois l’Ukraine… Après 55 ans de métier, ça me fatigue. Alors, je fais des bouquins sur des thèmes de société. Le prochain, qui sortira le 10 novembre, toujours chez Slatkine, s’intitulera Jamais vu ça, une expression que tu entendras toujours à la télévision quand il y a une catastrophe. Ca m’a inspiré (rires)!

Quel est votre lien concret avec les proches-aidants?

J’effectue souvent des actions en soutien de cette cause, je fais beaucoup de présence dans les EMS, comme hier à Estavayer-le-Lac. Je rencontre des personnes qui sont dans l’oubli, comme parquées. Je leur fais raconter leurs souvenirs, leur métier… Et tout à coup, il y a une petite lumière dans les yeux, je leur offre un dessin, il y a un échange. Quand on a eu la chance comme moi d’avoir eu une belle vie, j’estime qu’il faut en redonner un peu aux autres.

Un mot sur Vigousse, votre média?

Treize ans d’existence! Bien sûr, on aimerait avoir plus d’abonnés, cela donnerait plus de moyens à la rédaction, mais tout va bien. Personne ne croyait à cet hebdomadaire papier, à l’heure d’internet. Et voilà treize ans que les gens ont rendez-vous chaque vendredi avec ce que j’appelle l’hygiène démocratique.

 

Un humour grinçant qui lui fait du bien

 

«Mon père, Piem, et ma mère sont décédés il y a deux ans. Disons que leur fin de vie a été très compliquée, très douloureuse…», se souvient, ému, le dessinateur. «J’ai fait ce livre car, au-delà du sujet qui est important pour tout le monde, il me permettait d’évacuer mon stress, ma douleur, ma tristesse. Je me suis dit que faire du dessin d’humour sur ce qui me préoccupait personnellement, c’était une belle thérapie.»

Est-ce plus difficile d’écrire sur un sujet qui touche? «Non. C’est très facile, en fait. On y met beaucoup de soi-même. Il y avait une volonté terrible de ma part de dessiner sur ce thème.»

Tim Guillemin