Logo
«Tout est une question d’attitude»
Yverdon, 9 juin 2020. HCY, Alain Miéville. © Michel Duperrex

«Tout est une question d’attitude»

17 septembre 2020

Alain Miéville se fait à sa nouvelle réalité, celle d’un joueur amateur, comme tous ses coéquipiers du HC Yverdon. L’attaquant est persuadé que si ses camarades et lui s’impliquent, ils peuvent se distinguer.

Le HC Yverdon a réussi le plus joli coup de son histoire sur le marché des transfert, début juin, en enrôlant Alain Miéville. L’homme aux quelque 900 matches de Ligue nationale est très attendu dans la Cité thermale, ville où celui qui est établi dans le Gros-de-Vaud travaille, après s’être retiré du hockey professionnel au terme de la saison dernière. Voilà plongé dans le monde du hockey amateur, que l’attaquant de 34 ans découvre en même temps que le championnat qui reprend ce week-end.

 

Alain Miéville, quelles sont vos premières impressions, après avoir effectué la préparation avec vos nouvelles couleurs?

Tout est assez différent, oui différent, de ce que j’ai pu connaître. C’est notamment le cas au sujet de l’importance que prend le hockey dans la vie des joueurs, et tout le reste découle de ce constat. À ce niveau, on travaille tous à 100%, ou alors on est aux études, en plus de jouer. Si tu n’arrives pas à venir à l’entraînement, alors tu ne viens pas. C’est quelque chose auquel il faut s’habituer.

Et vous vous y faites, à cette nouvelle réalité?

Oui, totalement. Je suis de toute manière dans la même situation que les autres, dans la même perspective. Il est d’ailleurs primordial de prendre cette perspective. À ce niveau, tous les gars jouent au hockey simplement parce qu’il aiment ça.

Les premières prestations durant la préparation n’étaient pas très encourageantes, avec notamment deux défaites contre des adversaires de 2e ligue. Cela vous a-t-il fait vous dire, «mais dans quoi ai-je bien pu me fourrer»?

Non, non. Les résultats n’étaient pas du tout alarmants. On n’avait pas eu beaucoup d’entraînements avant les premiers matches, on commençait tout juste à se connaître. Personne ne joue du bon hockey après quatre séances sur la glace. Les choses se mettent peu à peu en place.

Et quelle est votre opinion sur ce HCY que vous découvrez?

Je ne connaissais pas du tout l’équipe. On pourra consituer au moins deux bonnes lignes, composées d’éléments qui sont passés par la filière élite durant leur formation, puis ensuite l’écart est plus visible. Pour être honnête, je n’imaginais pas trouver des joueurs passés par les juniors A ou top, ce qui était impensable quand j’avais évolué avec Guin en 1re ligue (ndlr: alors qu’il était junior à Fribourg-Gottéron), au début de ma carrière. Cela dit, avec Uni Neuchâtel, Franches-Montagnes et Saint-Imier (ndlr: ces deux dernières étaient finalistes des derniers play-off inachevés), on a affronté trois des meilleures formations du groupe, de ce qu’on m’a dit. On a certes commis beaucoup trop d’erreurs mais, dans l’ensemble, je nous ai trouvé au niveau de ces équipes.

Comment imaginez-vous la saison?

Je pense que si on aborde les matches avec une bonne attitude, alors on pourra faire quelque chose de pas mal. Si, au contraire, on vient à la patinoire juste pour jouer au hockey, alors ce sera compliqué, comme cela nous est arrivé lors de certaines séquences durant certains matches.

Par exemple?

Contre Franches-Montagnes, on évoluait à quatre contre quatre, et on a réussi à donner un quatre contre un à nos adversaires. C’est quelque chose qui ne peut pas arriver. Et c’est juste une question d’attitude.

Comment voyez-vous votre rôle au sein de l’équipe?

Je suis presque dix ans plus vieux que la majorité de mes coéquipiers. Par conséquent, je vais apporter mon expérience, mon calme et, bien sûr, donner quelques conseils dans certaines situations.

Va-t-on vous entendre dans le vestiaire?

Si certaines erreurs du type de celle évoquée se répètent trop souvent, c’est certain que je le ferai comprendre! Une nouvelle fois, si on fait les choses bien, alors on aura du plaisir.

Vous nous aviez dit avoir été surpris par l’énorme différence de vitesse de jeu quand vous étiez passé de la LNA à la LNB. Et alors, de la LNB à la 1re ligue…?

J’arrive au même constat (rires)! Il faut comprendre que certains ne voient pas la même chose que toi, même si ce n’est pas toujours évident. Néanmoins, je prends du plaisir: de l’exercice en jouant au hockey, il n’y a pas grand-chose de mieux.

Vous êtes conscient que votre présence nourrit de grosses attentes…

Je n’ai pas envie de prendre le puck et de faire tout seul, bien au contraire. Si on arrive à jouer ensemble, les trois attaquants, ou même les cinq joueurs sur la glace, alors chacun y trouvera son compte. Le HC Yverdon veut retrouver les play-off. Ce n’est pas le travail d’un joueur, mais de toute l’équipe.

Vous attendez-vous à un traîtement particulier de la part de vos adversaires?

J’ai vu, contre Franches-Montagnes, qu’en power-play j’avais toujours quelqu’un très proche de moi. Au niveau physique, j’aurai le temps de voir venir. Si ça joue dur mais correct, alors je n’ai aucun souci. Mais j’espère ne pas subir des charges comme celle administrée à Nicolas Gay, trois secondes après qu’il ait shooté, dans ce même match. Je ne peux pas comprendre ce genre de coups bas, encore plus à ce niveau. Tu ne vas pas gagner plus d’argent en 1re ligue parce que tu joues méchant.

Comment vous sentez-vous sur le plan physique, vous qui étiez habitué à suivre des préparations avec des équipes professionnelles?

Honnêtement, j’ai l’impression d’être hors de forme! Quand tu t’entraînes jusqu’à deux fois par jour durant des mois, ou juste trois fois par semaine, ce n’est pas la même chose. C’est d’ailleurs incomparable: l’important, c’est où tu te situes par rapport au niveau où tu joues.

Les choses sérieuses reprennent samedi, avec la réception d’Adelboden à 18h. Que cela vous inspire-t-il?

Je me réjouis surtout de voir l’attitude de l’équipe, en comparaison à celle des matches amicaux.

Manuel Gremion