Un lynx a abandonné un chamois à moitié dévoré, mercredi matin dans la forêt. Supputant qu’il allait revenir durant la nuit, le surveillant de la faune a installé un piège photovoltaïque qui a permis de l’immortaliser.
Les marques sur le cou du chamois découvert au bord d’un chemin forestier près de Vallorbe, mercredi matin, laissaient peu de place au doute, tout comme les traces laissées dans la neige. Un lynx devait être passé par là. Mais le surveillant de la faune a voulu en avoir le coeur net, sachant que ce prédateur a pour habitude de revenir sur les lieux pour finir de dévorer sa proie. Durant la nuit, l’animal est effectivement revenu faire pitance. Jeudi matin, il ne restait pratiquement rien de sa victime. Mais le piège photographique installé la veille avait, lui, tout enregistré de la scène qui s’était jouée durant la nuit, permettant de confirmer les impressions du spécialiste.
Dérangé en plein festin
Pour être certain d’immortaliser le lynx, tout avait été prévu: «On a attaché la proie, afin que le félin ne s’enfuie pas avec, et qu’on puisse l’observer», explique Laurent Cavallini, chef opérationnel des surveillants de la faune du Canton. L’occasion était trop belle, sachant que ce carnivore n’a pas pour habitude d’abandonner ses proies, mais plutôt de les cacher dans la forêt. Dans le cas présent, on peut supposer qu’il a été dérangé et qu’il n’a pas eu le temps de dissimuler les restes de son repas. «On voulait s’assurer que notre analyse était la bonne et tenter de voir si on connaissait cet animal», poursuit Laurent Cavallini.
C’est que les lynx, qui présentent tous un pelage particulier, se baladent avec une véritable carte d’identité sur le dos. «Grâce à leurs taches, on peut identifier chaque individu», éclaire Fridolin Zimmermann, biologiste au Kora, entité chargée par Berne du suivi des grands carnivores. C’est d’ailleurs à cet organisme que les clichés du lynx de Vallorbe ont été confiés, pour analyse.
Pour l’heure, on ignore encore si le prédateur est déjà connu. Pour le savoir, les spécialistes du Kora vont devoir scruter attentivement les images, comme ils le font habituellement pour chaque opération visant à évaluer la population de lynx dans un périmètre donné. Un véritable travail de fourmi, actuellement en cours dans le Jura vaudois et neuchâtelois, du col de la Givrine au Val-de-Ruz, où une opération de monitoring vient de s’achever. Les conclusions seront connues ultérieurement et permettront d’affiner les résultats dans ce secteur donné, sachant qu’à l’échelle du Jura suisse, selon le dernier recensement de 2015, «on estime qu’il y a une soixantaine d’individus de plus d’un an», indique Fridolin Zimmermann.