Trente ans de foot au féminin
12 février 2015Football – Le FC Yverdon Féminin est entré dans une année de jubilé. L’occasion de retracer le chemin parcouru, alors que le championnat de LNA reprend ses droits ce week-end.
Cela fait trente ans que des filles tapent dans le ballon au Stade Municipal. Fondée en 1985, l’équipe féminine d’Yverdon a pris son indépendance en 2007, compte aujourd’hui parmi les meilleures du pays et, à son palmarès, figurent notamment deux Coupes de Suisse, ainsi que deux titres de vice-champions de Ligue nationale A. «Jamais je n’aurais pu imaginer un tel parcours», avoue Claire-Lise Von Ow Randin, qui était à l’origine de l’histoire, avec Suzy Pattoni.
«Mordues de football et motivées par la grande époque que vivait alors Yverdon Sport, nous avons voulu créer une équipe de filles, raconte-t-elle. Nous avons passé une annonce dans le journal pour recruter des joueuses.» Celle qui se définit comme une «vraie dame de sociétés» est amenée à aller défendre le projet à l’assemblée générale du club, en 1986, au café du Centre. «Je me souviens qu’à l’époque, le comité n’était pas favorable à la création d’une section féminine. Mais les 200 membres l’ont acceptée! Aujourd’hui encore, quand je croise François Candaux, alors président d’YS, il me dit en plaisantant que, ce jour-là, je les ai bien eus.»
De fait, par la suite, les relations entre le club et ses filles ont souvent été excellentes. Arrivée début 1987 et aujourd’hui présidente emblématique d’Yverdon Féminin, Linda Vialatte s’en souvient parfaitement. «On a toujours travaillé pour Yverdon Sport. On tenait les buvettes côté visiteurs en LNA. Entraîneurs ou joueurs, personne ne nous a jamais ignorées. Lucien Favre, par exemple, ne manque jamais une occasion de prendre des nouvelles.»
Vers l’indépendance
En 2006, même si elle a toujours fonctionné de manière autonome, la section féminine sort, avec les juniors, d’Yverdon Sport, créant l’Association Yverdon Sport, avant de devenir complètement indépendante l’année suivante sous le nom du FC Yverdon Féminin. «Développer une identité propre était une volonté, se rappelle Linda Vialatte. La démarche était aussi encouragée par l’ASF. Dès lors, on a pu gérer notre image comme on le voulait.»

Linda Vialatte, présidente du club, est présente sur chacune des photos d’archive ci-dessus. Saurez-vous la retrouver?
Sportivement, l’équipe, «une vraie bande de copines qui faisaient tout ensemble», milite en 2e ligue pendant plusieurs saisons. Elle commence à prendre du galon avec l’arrivée de plusieurs joueuses du FC Combremont, qui avaient tâté du ballon à plus haut niveau. En 94 et 95, Yverdon Féminin enchaîne deux promotions et se retrouve en Ligue nationale B. Quelques péripéties plus tard, voilà les Nord-Vaudoises dans l’élite, en 1998, pour la première fois. Après deux allers-retours, elles s’y installent définitivement -jusqu’à aujourd’hui tout du moins- en 2006.
Petit à petit, le club s’est imposé comme le meilleur qui soit de ce côté de la Sarine. «Aujourd’hui, pour une joueuse romande qui veut percer, jouer un jour en équipe nationale, il n’y a qu’un chemin: celui qui mène de son domicile à Yverdon», estime Linda Vialatte.
Un certain âge d’or
Un statut incontestablement forgé durant un certain âge d’or de l’équipe, de 2008 à 2011, période durant laquelle elle a remporté deux Coupes de Suisse et terminé deux fois deuxièmes du championnat de LNA. «On avait alors une génération incroyable, avec Noémie Beney, Caroline Abbé, Maeva Sarrasin», rappelle la présidente. Depuis, quelques clubs alémaniques ont également renforcé leurs structures, rendant la concurrence plus féroce. «Le rêve de remporter le championnat subsiste néanmoins », continue-t-elle.
Pour ce faire, le défi reste assez similaire à celui des débuts. Il a juste changé d’échelle. «Il s’agit toujours de trouver des moyens financiers et des filles, sourit Linda Vialatte. Au début, c’était histoire d’être assez pour les matches, en 2e ligue, et, maintenant, c’est pour être compétitives en LNA, voilà tout.»
Au-delà, elle affirme ne pas vouloir sacrifier les valeurs du club sur l’autel de l’ambition. «Yverdon Féminin doit rester un endroit où des filles apprennent ce qu’est la vie sociale, associative», insiste-t-elle. Comme à l’époque où, assises à la buvette, les joueuses de l’unique équipe du club se mettaient à «délirer». «On disait qu’un jour, on gagnerait la Coupe, qu’on serait en LNA», souffle Linda Vialatte, en repensant à tout le chemin parcouru.
L’équipe de LNA d’Yverdon Féminin se déplace à Zurich, dimanche, à 14h, pour la reprise du championnat de LNA. Elle occupe le cinquième rang Linda Vialatte, présidente du club, est présente sur chacune des du classement.