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Un arbre qui ne laisse pas indifférent
Les habitants ne restent pas indifférents face à l’arbre installé au centre de la place Pestalozzi.

Un arbre qui ne laisse pas indifférent

5 septembre 2024 | Texte: Benjamin Ambühl | Photo: Gabriel Lado
Edition N°3782

Brenda Tuosto et le Service de la mobilité, de l’environnement et des infrastructures ont présenté à la population leur étude sur les îlots de chaleur et leur projet d’un arbre au centre, mardi soir aux Caves du château.

S’il y a bien un sujet qui est sur toutes les lèvres depuis lundi dans la Cité thermale, c’est celui-là: la Municipalité de la Ville d’Yverdon-les-Bains veut planter un arbre sur la place Pestalozzi (voir l’article dans l’édition de mardi 3 septembre), et s’est déjà offert une exposition immersive qui accueille un platane et du mobilier mobile durant un mois, pour un coût de près de 40 000 francs et pour sensibiliser la population sur la question.

Entre «Il y a tellement d’autres endroits pour planter des arbres» et «C’est plutôt joli un platane sur cette place», il y en a pour tous les goûts au niveau des réactions des passants. Le projet, dont les coûts sont estimés entre 80 000 et 100 000 francs, et qui a été présenté officiellement au public mardi soir, focalise l’attention. C’est d’ailleurs bien le but du Service de la mobilité, de l’environnement et des infrastructures, qui veut utiliser la visibilité générée pour ouvrir le dialogue sur la thématique climatique. «On veut que ce projet, qui touche une place emblématique de la ville, permette de mettre la lumière sur les différentes zones qui ont été relevées par l’étude sur les îlots de chaleur, ainsi que sur les 30 projets de revitalisation réalisés ou en cours dans la ville, explique Antoine Sauser, adjoint au chef de service et responsable environnement. Notre ville se doit d’entamer une mue, de cibler et prioriser les zones qui doivent être revégétalisées. Nous avons notamment pour objectif de planter 80 arbres et 2 000 buissons aux Rives du lac, un autre îlot de chaleur.»

Des avis partagés

Présents devant la population venue en nombre mardi soir, Brenda Tuosto, municipale de la Mobilité, de l’environnement et des infrastructures, Antoine Sauser et Lionel Guichard, responsable des espaces verts, avaient préparé leur dossier. Et ils ont eu raison, car de nombreuses questions sont apparues en fin de séance, le projet suscitant autant l’intérêt que les débats au sein de la population yverdonnoise. La première  question a toutefois concerné… le projet de parking de la place d’Armes, la zone étant l’un des principaux îlots de chaleur de la ville mais également le champ de bataille  d’une guerre fratricide entre la gauche et la droite yverdonnoise depuis de nombreuses années. Tant le syndic Pierre Dessemontet que la municipale Brenda Tuosto l’ont assuré, le projet n’est pas figé, et la commission du Conseil communal va revenir prochainement avec une proposition.

En quête de soutien

Au jeu de l’applaudimètre, la Municipalité et les services de la ville ont pris une petite option mardi soir, les applaudissements étant un peu plus nourris pour la réponse de Brenda Tuosto que pour la remarque qui lui a été adressée, concernant la préservation en l’état de la place. Toutefois, deux camps se sont vite dessinés au sein des personnes présentes: les partisans d’une ère nouvelle, sublimés par le projet immersif actuel et admiratifs du travail de la Ville tant sur l’analyse des îlots de chaleur que sur les nombreux projets de revitalisation développés. À l’opposé, il y avait les partisans de la «beauté du vide», attachés à leur place Pestalozzi où la majestuosité du vide n’a d’égale que la somptuosité des silhouettes du temple, de l’Hotêl de Ville et du château.

Amenée sur la table, la suggestion d’une «première mondiale» avec un platane de Noël au lieu du traditionnel sapin a fait sourire l’assistance. Lionel Guichard et Antoine Sauser ont rappelé que des possibilités existaient pour mettre le sapin de Noël ailleurs, ou pour faire une forêt de petits sapins, comme cela s’est fait par le passé. Mais la municipale n’a pas rejeté l’idée de mettre des guirlandes sur le platane, en décembre.

Brenda Tuosto l’a dit en ouverture de séance, reprenant Charles Darwin: «Les espèces qui survivent sont celles qui s’adaptent le mieux aux changements.» Reste à savoir si une majorité d’Yverdonnois accepteront un changement de décor radical de leur place la plus emblématique.

La nécessité de convaincre

La consultation publique dure jusqu’à la fin du mois de septembre, à la suite de quoi un sondage d’opinion sur un panel de 3000 Yverdonnois et réalisé par un institut indépendant sera effectué. La décision finale, qui sera prise par le Conseil communal, sera difficile tant les avis au sein de la population semblent partagés. Et promet de traditionnels débats explosifs au sein de l’organe délibérant de la Ville. Entre fascination pour la beauté de l’arbre et sa symbolique à cette emplacement et volonté de respecter la disposition actuelle d’une place supercentenaire qui reçoit souvent des louanges de beauté de part et d’autre, les discussions promettent de continuer à être animées jusqu’à ce qu’un arbre s’installe définitivement sur la place Pestalozzi.