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Un artisan devenu infirmier-chef pour sa femme

30 octobre 2014

A 90 ans, Bernard Viglino est le proche aidant de sa bien-aimée. Une casquette que le Chavornaysan a revêtit il y a près de trente ans.

Entouré de ses oeuvres, Bernard Viglino prend chaque jour soin de sa femme, chez lui, à Chavornay. © Nadine Jacquet

Entouré de ses oeuvres, Bernard Viglino prend chaque jour soin de sa femme, chez lui, à Chavornay.

Madeleine Viglino n’a jamais eu une bonne acuité visuelle, mais depuis 1975 sa myopie s’est transformée en perte de la vue. Depuis trois ans, après s’être méchamment blessée à la cheville, elle ne peut presque plus se déplacer et c’est dans un lit d’hôpital, installé dans le salon de sa vieille maison bernoise au centre de Chavornay, que la femme, qui fêtera bientôt ses 97 ans, passe ses journées et ses nuits.

«C’était une femme dynamique, ce qui lui est arrivé était impensable», déclare son mari, le peintre, mosaïste et verrier Bernard Viglino. Ce dernier est fatalement devenu, il y a près de trente ans, ce qu’on appelle un proche aidant, puisqu’il consacre de son temps, au quotidien, pour assurer le soutien dont sa femme a besoin.

Sept décennies de vie commune

A 90 ans, malgré ses reins douloureux et ses problèmes aux artères coronaires, Bernard Viglino veille sur sa bien-aimée, avec qui il partage sa vie depuis 71 ans. Il la lève de son lit et lui procure différents soins. Chaque jour, il reçoit l’aide d’un infirmier à domicile. «Ils viennent pendant une heure et demie et moi je m’occupe d’elle pendant les 22 heures qui restent, explique Bernard Viglino, qui a appris à cuisiner, à faire le ménage et la lessive. Malgré les difficultés, j’ai de la chance de pouvoir m’occuper d’elle tous les jours», confie l’homme, qui a pris la casquette d’infirmier-chef, tout en gardant son air moqueur et jovial.

Madeleine Viglino a fait plusieurs séjours dans des EMS, mais son mari n’était pas satisfait des prestations proposées. «On me demandait de venir pour lui donner les repas, parce que le personnel n’avait pas le temps de le faire, et je la retrouvais encrassée, explique-t-il. Nous sommes bien mieux ici.»

Une caverne et un enfer

Depuis plusieurs années, Bernard Viglino ne se permet que de brèves sorties. Il s’empresse d’aller faire les commissions pour éviter de laisser sa femme seule trop longtemps. Sa maison est devenue le monde dans lequel il vit comme enfermé.

Tous ses murs sont ornés de tableaux, de mosaïques, d’images découpées et de montages artistiques. La maison, jadis entretenue de manière hautement conventionnelle par Madeleine Viglino, est devenue une véritable caverne d’Ali Baba. «L’art m’a sauvé la vie, en peignant on oublie tous ses soucis. Ce petit monde que j’ai créé est mon paradis terrestre, mais il est également mon enfer.»

 

La Journée des proches aidants

La Journée des proches aidants a lieu aujourd’hui. Dans le but d’informer les personnes qui accompagnent un proche atteint dans sa santé, des conférences sont, notamment, organisées dans la région. Ce soir, à Orbe, entre 18h et 20h, à la salle du Casino, une rencontre propose deux conférences: «Accompagner un parent gravement malade et travailler» et «Accompagner une personne en fin de vie – les situations critiques selon la perception des proches aidants».

De plus, une table ronde permettra d’entendre les points de vue de professionnels et les témoignages de deux proches aidants, dont Bernard Viglino. A Yverdon-les-Bains, un espace d’écoute, de parole et de liens permettra aux proches aidants d’échanger leurs expériences. Le forum a lieu entre 19h et 21h, aux Alizés, ruelle du Vautier 5.

www.vd.ch/proches-aidants

Muriel Aubert