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«Un barrage est impossible»

8 novembre 2018 | Edition N°2370

Edmond Isoz était l’invité du Club des 1000 mardi. L’occasion pour l’ancien boss de la Swiss Football League de se pencher sur l’état du sport roi en Suisse, et notamment le potentiel barrage entre le 2e de Promotion League et l’avant-dernier de Challenge League.

Accompagné des représentants de tous les clubs de Promotion League et 1re ligue, Serge Dupperet s’est rendu à Thalwil (ZH) samedi. Le but du directeur sportif de la première équipe d’Yverdon Sport? Déposer une motion qui demande que le 2e de Promotion League puisse disputer un barrage face à l’avant-dernier de Challenge League. Un projet sur lequel la Swiss Football League (SFL) devra se prononcer, celui-ci ayant été approuvé par la majorité des représentants des troisième et quatrième divisons.

Présent à Yverdon-les-Bains à l’invitation du Club des 1000, mardi, Edmond Isoz s’est dit loin d’être convaincu par cette idée. L’ancien président de la SFL est même allé beaucoup plus loin: «Déjà, lorsqu’on lance ce genre d’initiative, il convient de le faire au bon moment. Récemment, la ligue a dû se prononcer sur la mise en place d’un barrage entre la Super League et la Challenge League.» Sachant que cette dernière demandait quelque chose, elle aurait potentiellement été plus encline à faire des concessions.

Danger de l’instabilité

Particulièrement concerné par les enjeux sociétaux et économiques, le Vaudois d’origine qui a grandi à Genève a également mis en garde concernant les conséquences d’une instabilité trop importante en Ligue nationale.  «Dans presque tous les grands championnats européens, seulement 10 à 15% des clubs se trouvent sous la menace d’une relégation. En Super League, la proportion monte à 20%, c’est énorme, surtout lorsqu’on sait ce qu’engendre une culbute au niveau financier. Les droits TV, par exemple, représentent 1,7 millions de francs pour chaque club de l’élite et 600 000 pour ceux de Challenge League. Se voir priver de cette source de revenus, c’est la garantie pour nombre de collaborateurs de l’équipe concernée de se retrouver à la porte, et cela peut conduire à la mort du club.»

C’est d’ailleurs dans l’optique de soulager les formations de Ligue nationale qu’Edmond Isoz avait créé la Super et la Challenge League, en 2003, à  de la LNA et de la LNB. «A l’époque, les quatre derniers de première divison disputaient un tour de promotion-relégation face aux quatre premiers de deuxième division. Cela mettait une pression énorme sur les clubs de l’élite. Un tir sur le poteau, un but raccroc et leur destin pouvait basculer.»

Les cinq grandes villes

Et l’ex-boss de la SFL de reprendre: «Tout comme au hockey, où les dirigeants ont tout fait pour avoir Genève et Lausanne en LNA, la Super League a besoin des clubs des villes principales du pays. Depuis la création de la Ligue national en 1933, 90% des titres ont été obtenus par Zurich (FCZ et Grasshoppers), Bâle, Berne (Young Boys), Lausanne et Genève. Si le football suisse entend se développer, ces clubs sont nécessaires. C’est là que se trouvent les plus grands bassins de population, les sponsors, les opportunités économiques. Créer des stades pour des villes de 10 000 habitants, cela n’a aucun sens.»

S’il représenterait une occasion en or pour les ambitieux clubs de Promotion League (Yverdon, Stade-Lausanne, Stade Nyonnais), un barrage avec la Challenge League placerait en contrepartie les historiques FC Aarau et FC Winterthour – drainant bon nombre de spectateurs au stade – dans une situation délicate. «Et les prétendants à la promotion ont-ils seulement la carrure pour pérdurer en Ligue nationale sur le long terme?», questionne Edmond Isoz. C’est bien là tout le casse-tête qu’ils essaient de résoudre.

Florian Vaney