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Un beau printemps pour les chouettes hulottes

15 avril 2014

Chaque année, les membres bénévoles du Groupement ornithologique de Baulmes et environs sont à pied d’oeuvre pour collecter des données sur la faune ailée. Rencontre avec l’un de ses représentants.

Pierre-Alain Ravussin se saisit de la chouette par les cuisses afin d’éviter que les serres acéréés du rapace nocturne ne se referment sur ses mains.

Pierre-Alain Ravussin se saisit de la chouette par les cuisses afin d’éviter que les serres acéréés du rapace nocturne ne se referment sur ses mains.

Les croassements des grands corbeaux accueillent l’équipe de passionnés d’ornithologie qui a suivi Pierre-Alain Ravussin sur les traces des chouettes hulottes, samedi en début de matinée, du côté de Baulmes et de L’Abergement. Sans doute effarouchée par le bruit métallique de l’échelle transportée par un bénévole, une femelle chouette s’envole du premier nichoir inspecté avant que le président du, le Groupe ornithologique de Baulmes et environs (GOBE), n’ait eu le temps de placer sa filoche autour du trou.

Elle prendra refuge sur un sapin voisin pour assister à l’examen de ses deux poussins, âgés de deux et quatre jours et pesant 40, respectivement 70 grammes, et dont le duvet naissant ne camoufle pas encore entièrement la chair rose. Le passage en revue des nichoirs se poursuit, avec à chaque fois un scénario différent. Restée couver jusqu’à l’arrivée de Pierre- Alain Ravussin sur son échelle, la chouette du deuxième nid ne s’est pas laissée attrapée sans quelques coups de griffes. Il faut dire que son trésor était de taille. Pas moins de huit oeufs, du jamais vu pour le passionné téméraire.

Cette femelle chouette n’est pas sortie lorsque le filet a été placé contre l’ouverture du nichoir, obligeant Pierre-Alain Ravussin à aller la chercher avec une échelle.

Cette femelle chouette n’est pas sortie lorsque le filet a été placé contre l’ouverture du nichoir, obligeant Pierre-Alain Ravussin à aller la chercher avec une échelle.

Alors que la martre semble avoir sévi sur le troisième site (voir encadré bleu), les deux nichoirs suivants contiennent des couvées encore au stade de l’incubation, une étape d’une durée de 28 jours chez la chouette hulotte. Agés de deux à trois semaines, les quatre poussins du dernier nid sont seuls, la présence de leur mère n’étant plus nécessaire pour les réchauffer à ce stade de leur développement.

Au nord de la vallée de l’Orbe, une soixantaine de nichoirs sont mis à disposition de cette espèce de rapace nocturne. Lorsque les conditions sont favorables, comme cette année, un tiers d’entre eux sont occupés. «C’est un beau printemps pour les chouettes hulottes», conclut Pierre-Alain Ravussin.

 

 

Des mulots parmi les proies favorites

© Michel Duperrex

© Michel Duperrex

Dans le premier nid, les cadavres de trois rongeurs avaient été déposés à côté des deux poussins. Il s’agissait de représentants de deux espèces de mulots (cicontre, un mulot sylvestre juvénile). Les chouettes hulottes repèrent les déplacements de ces proies, dont elles sont particulièrement friandes, sur le sol de la forêt grâce à leur ouïe hors normes. Cet exercice est rendu impossible en cas de pluie, c’est pourquoi les adultes font des réserves. «On retrouve parfois quarante proies dans le nid», indique Pierre-Alain Ravussin. A l’image de l’année passée, les chouettes ne nichent pas lorsque la nourriture manque.

 

Couvée victime de la visite de la martre

© Michel Duperrex

© Michel Duperrex

Le troisième nichoir inspecté (ci-dessous) a réservé une bien mauvaise surprise, les trois oeufs qui s’y trouvaient le 23 mars ayant disparu. Selon Pierre- Alain Ravussin, le nid a vraisemblablement reçu la visite de la martre, un petit carnivore forestier cousin de la fouine. Pour réduire les risques qu’une telle situation ne se reproduise, le nichoir sera déplacé d’au moins cinquante mètres. Les jeunes sont vulnérables durant la période d’une dizaine de jours où, après avoir sauté du nid, ils trouvent refuge sur les arbustes du sous-bois sans être encore capables de voler. Le président du GOBE souligne qu’il faut les laisser tranquilles durant cette période cruciale d’apprentissage.

 

 

Ludovic Pillonel