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Un bol d’air apprécié des requérants

14 janvier 2015

Ouverte depuis deux mois, une cabane offre, quatre jours par semaine, un moment d’évasion aux requérants d’asile des Rochats, à Provence.

Par solidarité, des habitants de la région ont transformé une maisonette de l’armée en lieu d’échange pour les résidents des Rochats. © Mikaël Justo

Par solidarité, des habitants de la région ont transformé une maisonette de l’armée en lieu d’échange pour les résidents des Rochats.

Il n’est pas encore 14h, mais deux ressortissants d’Europe de l’Est ont déjà frappé à la porte de la cabane d’accueil pour requérants d’asile aux Rochats (CARAR), située sur les hauts de Provence, non loin du Centre du même nom. Une dépendance de l’Armée qui, sur l’initiative de personnes de la région, s’est transformée, depuis deux mois, en lieu d’échange et de distraction à disposition des nouveaux occupants de la caserne militaire. «La présidente et la vice-présidente de l’Association auprès des requérants d’asile Vallorbe, oecuménique et humanitaire (ARAVOH) ont participé aux séances préalables et nous avons choisi de reprendre leur modèle», explique Marie-Hélène Russi, tandis que sur l’autre table, les deux premiers visiteurs de l’après-midi commencent une partie de mikado.

A Vallorbe, où l’ARAVOH entame sa quinzième année d’activité, comme dans son antenne de Provence, le concept, qui consiste à proposer thé, café et discussions à bâtons rompus, fait recette. Et pas uniquement dans les rangs des réquerants. «Ma copine fait partie du comité. Je l’ai accompagnée une fois et je me suis tellement marré que je reviens volontiers», déclare Martial Perrin, de Provence, entre deux parties de 8 américain. En pleine préparation de café, Christiane Poget, de la Béroche, espère contribuer à délivrer une image positive de la Suisse à ses hôtes.

«Cela contribue à mon intégration»

Christiane Poget veille à ce que les visiteurs ne manquent ni de thé ni de café. © Mikaël Justo

Christiane Poget veille à ce que les visiteurs ne manquent ni de thé ni de café.

L’opportunité de connaître les Suisses, voilà précisément l’une des raisons qui incitent les requérants, comme Jean (prénom d’emprunt), à franchir le seuil de la cabane. «En venant ici, je peux rencontrer les enfants de ce pays. Cela contribue à mon intégration», déclare-t-il. Ce Centrafricain est depuis un peu plus de deux semaines aux Rochats. «Comme d’autres jeunes Africains, je suis parti pour échapper à la misère et la guerre. Dans mon continent, les droits de l’homme n’existent presque pas et l’espérance de vie est la plus basse au monde. Chez moi, des enfants de neuf ou dix ans ont des kalachnikov, témoigne-t-il. Ma mère et mon père sont morts, ajoute celui qui travaillait dans une entreprise de télécommunications.

Malgré cette tragédie, le jeune homme «veut voir l’avenir en rose. Je souhaiterais mettre mes bras, mes pieds, mon énergie et ma jeunesse au service de la société suisse, participer à sa grandeur», déclare-t-il.

Les cartes sont un passe-temps prisé des requérants. © Mikaël Justo

Les cartes sont un passe-temps prisé des requérants.

Les deux tables que contient l’espace d’accueil sont désormais pleines, et l’attrait de l’endroit pourrait encore augmenter avec la mise à disposition d’une tablette permettant une connexion au web. «Nous proposons depuis deux ans un internet corner à Vallorbe. Les requérants en profitent pour contacter leur famille via Skype. Ils nous font parfois aussi écouter la musique de leur pays», relève Yvette Fishman, vice-présidente de l’ARAVOH.

Marie-Hélène Russi (à g.), avec Yvette Fishman, vice-présidente de l’ARAVOH. © Mikaël Justo

Marie-Hélène Russi (à g.), avec Yvette Fishman, vice-présidente de l’ARAVOH.

A ce jour, le havre de paix des Rochats est ouvert quatre jours par semaine, mais la situation devrait évoluer. «Nous voulions attendre le passage de l’hiver, car la cabane n’est pas isolée. L’Armée a installé l’électricité, ce qui nous permet de chauffer. Par chance, à ce jour, l’endroit n’a pas été accessible qu’un jour ou deux à cause de la neige. Les bénévoles poussent pour que l’ouverture soit élargie», signale Marie-Hélène Russi.

A noter que les entrées au spectacle du Congolais Pie Tshinbanda (prix indicatif: vingt francs), programmé le 1er février au Temple d’Yverdon à 17h, apporteront un soutien financier à cette démarche.

Ludovic Pillonel