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Un cas suspect d’Ebola au cœur du Nord vaudois

25 septembre 2014

Finalement non infecté, un jeune requérant d’asile guinéen, soupçonné d’être porteur du virus, a mobilisé les autorités cantonales et fédérales, entre Vallorbe et Saint-Loup.

Le 17 septembre, un jeune Guinéen se présente aux portes du centre d’enregistrement de Vallorbe. Il sera immédiatement placé en quarantaine à Saint-Loup.

Le 17 septembre, un jeune Guinéen se présente aux portes du centre d’enregistrement de Vallorbe. Il sera immédiatement placé en quarantaine à Saint-Loup.

Le sang de Stéphane Costantini, le syndic de Vallorbe, n’a fait qu’un tour, mardi soir, au moment où il a été informé qu’un cas suspect de porteur du virus Ebola avait été détecté au centre d’enregistrement des requérants d’asile situé dans la Cité du fer. «Dans un cas pareil, vous laissez tomber tout ce que vous êtes en train de faire, racontait-il, hier. Je me suis tout de suite renseigné auprès des autorités fédérales pour savoir s’il y avait des mesures de précaution à prendre au niveau de la Commune.» Les craintes de Stéphane Costantini sont des plus légitimes. La simple évocation d’Ebola, du nom de la terrible fièvre hémorragique transmissible, fait peur.

Le syndic de Vallorbe sera, heureusement, vite rassuré. Le requérant en question n’a passé qu’une demi-heure dans sa localité, étant placé en quarantaine à l’hôpital de Saint-Loup, aussitôt qu’il y eu soupçon. «L’homme, d’origine guinéenne, n’est jamais entré dans le centre», confirme Céline Kohlprath, porte-parole de l’Office des migrations (ODM), à Berne. Elle explique que des procédures avaient été mises en place pour les migrants arrivants d’un des trois pays africains touchés par l’épidémie, soit la Sierra Leone, la Guinée et le Liberia. Céline Kolhbrath souligne, enfin, qu’à ce moment, le requérant ne présentait aucun symptôme (le virus n’est pas transmissible avant l’apparition des premiers symptômes).

En quarantaine

Dans les faits, c’est le 17 septembre que ce jeune Guinéen se présente à l’accueil du centre d’enregistrement vallorbier, en provenance de Fance. La personne remplit les critères de suspicion du virus : son arrivée a lieu pendant la période d’incubation (maximum 21 jours) et, surtout, il déclare à qu’un membre de sa famille est décédé d’Ebola. Les procédures de quarantaine se mettent en place immédiatement. Durant une semaine de surveillance à Saint-Loup, rien ne se passe. Cependant, il y a deux jours, l’homme commence à avoir de la fièvre. Il est alors envoyé au CHUV, où des échantillons sanguins sont prélevés, puis analysés dans le laboratoire de haute sécurité des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Hier, ils se révéleront, finalement, négatifs. Par mesure de sécurité, des tests complémentaires seront effectués ces prochains jours, pour confirmer que le patient n’est pas contaminé par Ebola. «La population suisse n’a été mise en danger à aucun moment et ne court actuellement aucun risque», communiquait, hier, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Premier cas suspect

Ce Guinéen représente le premier cas suspect recensé dans le canton de Vaud. «Les autorités se préparaient à une telle éventualité depuis deux mois, relève le médecin cantonal Karim Boubaker. La surveillance se fait partout dans le canton, avec une attention particulière pour des sites sensibles comme le centre d’enregistrement de Vallorbe, où nous avons le plus de chances d’avoir des personnes venant des zones à risque.» L’homme se veut rassurant : «Les procédures mises en place ont très bien fonctionné.» Une surveillance qui restera en vigueur, tant que l’épidémie sévira en Afrique. Une période qui, selon les dernières prévisions peu encourageantes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (lire encadré), pourrait durer longtemps.

 

Près de 20 000 cas d’ici novembre

Prévisions sombres

Les prévisions concernant l’épidémie de fièvre Ebola ne sont guère encourageantes. D’après le bilan de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), publié ce lundi, le virus a déjà touché 5843 personnes, dont 2803 mortellement, dans trois pays africains : Liberia, Guinée et, le plus touché, Sierra Leone, pays aujourd’hui aux portes de la guerre civile. Une situation qui a incité les Etats-Unis à décider l’envoi de 3000 soldats au Liberia pour combattre l’épidémie. De son côté, la semaine dernière, l’ONU a déclaré la mobilisation générale contre le virus. Si la progression devait rester stable, l’OMS prédit que l’on pourrait atteindre 20 000 cas d’ici le 2 novembre, tout en sachant que le taux de létalité de la maladie est en moyenne de 50%. L’épidémie d’Ebola est la plus grave de l’histoire de cette fièvre hémorragique, identifiée en 1976. Pour l’heure, même si des essais cliniques sont en cours, notamment en Suisse, il n’existe aucun vaccin ou traitement homologué contre la maladie.

Yan Pauchard