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Un centre de compétences pédiatriques débarque à Y-Parc

31 juillet 2020 | Edition N°2763

Yverdon-les-Bains – Physiothérapeute, Myriam Bertholet-Laala lance un projet innovant au coeur d’Explorit.

Quels parents n’ont pas eu à affronter les problèmes posés par un enfant malade ou souffrant de déficiences? Dans ce type de situation, forcément pénible, il faut encore affronter les affres du système et la dispersion des services avec, à la clé, des pertes de temps considérables. Physiothérapeute spécialisée dans le traitement des jeunes patients, établie de longue date à Yverdon-les-Bains, Myriam Bertholet-Laala songeait depuis longtemps à créer un pôle de compétences dédiées à l’enfant. Le projet Explorit, anciennement Kindercity, à Y-Parc, lui a donné l’occasion de concrétiser cette idée.

Il faut être un peu fou pour se lancer dans une telle opération. Mais Myriam Bertholet-Laala ne recule devant aucune difficulté. Il y a un peu plus d’une année, alors que le projet Explorit prenait une forme concrète, elle s’est intéressée aux locaux disponibles dans le centre de services attenant aux espaces ludiques. Et elle a pris une option sur une surface de 600 m2, bien plus grande que ce qu’elle avait imaginé.

Après avoir établi un plan financier, elle est allée trouver sa banque. «J’ai eu affaire à une super conseillère et j’ai bénéficié de l’aide du Cautionnement romand», explique la jeune entrepreneuse, qui a obtenu le feu vert définitif en janvier dernier. Il fallait dès lors susciter l’émulation nécessaire pour obtenir la collaboration d’indépendants spécialisés dans le traitement des enfants, le but étant de réunir un maximum de compétences pédiatriques.

«A ce stade, nous sommes une vingtaine de professionnels d’horizons différents. J’ai procédé à une bonne soixantaine d’entretiens», explique l’initiatrice, avec un large sourire. On imagine à peine le travail réalisé ces derniers mois par cette mère de deux enfants, qui travaille par ailleurs dans son propre cabinet de physiothérapie à la rue du Valentin.

Un partenariat d’indépendants

Néanmoins, l’initiatrice ne se voit pas à la tête d’une nouvelle entreprise. Le projet a en effet consisté à réunir des compétences dans un même lieu géographique et à développer les synergies entre les différents acteurs. La conceptrice a pris le risque de s’engager personnellement pour la location de l’espace, qu’elle sous-louera ensuite à ses partenaires. Ceux-ci s’engagent pour une période minimale de deux ans. Tous les baux ont d’ores et déjà été signés.

Faciliter la tâche des parents

Ce sont ainsi trois physiothérapeutes, dont l’une est spécialisée dans le biofeedback pour le traitement de l’énurésie – autrement dit le pipi au lit –, deux ostéopathes pédiatriques, deux logopédistes, deux ergothérapeutes, des psychologues de l’enfance, des orthopédistes spécialisés dans l’appareillage des enfants et trois sages-femmes qui vont œuvrer de manière indépendante, à l’enseigne de Medicit-Y. Ce nouveau centre dédié à l’enfance et aux familles ouvrira officiellement ses portes le 4 janvier prochain.

«Nous n’allons pas nous contenter de partager des locaux. Nous aurons des réunions régulières et des colloques thématiques pour partager nos expériences et développer des synergies. Le but est de réunir en un même lieu des services qui faciliteront la tâche des parents. Nous envisageons aussi une collaboration avec la garderie qui se trouvera à l’étage en dessous. On pourrait imaginer par exemple un soutien pour l’accueil d’enfants handicapés», explique la conceptrice.

Un appel aux pédiatres

Myriam Bertholet-Laala est très heureuse de la manière dont le projet a évolué jusqu’ici. Mais il lui reste encore le dernier obstacle, souvent le plus difficile, à franchir. «Nous cherchons désespérément deux médecins pédiatres. Dans notre région, c’est une denrée rare. J’espère y arriver ces prochaines semaines. à ce moment-là, je pourrai dire que j’ai réussi à réunir une équipe de rêve», explique l’initiatrice. L’appel est donc lancé.

Bien évidemment, l’auteure du projet a consulté les médecins de la place. Le problème des pédiatres est un vrai serpent de mer dans le Nord vaudois. Depuis de nombreuses années, tous ont prolongé leur activité au-delà de l’âge légal de la retraite pour éviter que la population ne souffre de la pénurie. Farouchement optimiste, Myriam Bertholet-Laala escompte que la situation se débloquera d’ici l’automne.

La thérapeute yverdonnoise ajoute que la plupart des partenaires ont pris connaissance du projet par le bouche-à-oreille. Elle prie pour qu’il en ira de même avec les médecins pédiatres, le but étant  d’obtenir deux équivalent temps plein, assurés par deux personnes ou plus.

Lorsqu’on s’étonne de l’ampleur du défi, Myriam Bertholet-Laala répond simplement: «J’avais juste envie de créer une petite famille qui a envie de travailler avec moi!» Ce projet, accueilli favorablement par les services du médecin cantonal, ne fait pas peur à cette compétitrice dans l’âme. Elle prépare déjà les Championnats du monde de gymnastique de société, qui auront lieu l’an prochain à Lisbonne.

Isidore Raposo