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Un champion déboule
© Michel Duperrex

Un champion déboule

1 avril 2022

Mauro Quarta a découvert le carambole en novembre 2019 à Yverdon. L’ancien joueur de billard américain n’a pas décroché depuis, pour le plus grand bonheur du club local.

 

Hormis une incartade de quelques tournois au début de la décennie passée, afin de voir s’il avait toujours le niveau, Mauro Quarta n’avait plus rejoué sérieusement au billard depuis 2003. Jusqu’à ce que son beau-fils ne s’inscrive au sport scolaire facultatif et qu’il le suive dans les locaux du Club de billard d’Yverdon, fin 2019.

«Je l’ai accompagné, car j’étais curieux. Ça me démangeait depuis des années», reconnaît, tout sourire, celui qui était un très bon joueur de billard américain dans sa jeunesse, notamment 3e des Championnats de Suisse juniors en 1996.

Mauro Quarta a grandi à Winterthour, et c’est là-bas qu’il a fait ses gammes au bord des tables, avant de s’en éloigner. A Yverdon, il a découvert la variante française du billard, et il s’est immédiatement redécouvert une passion. Au début, le quadragénaire venait y jouer deux à trois heures presque tous les matins; désormais, il passe à la salle du CBY environ quatre fois par semaine.

«Il est très intéressé par la technique. Beaucoup jouent à l’instinct, lui apprend», soulève Claude Zwahlen, président d’honneur de l’Association vaudoise de billard, qui s’occupe aujourd’hui de la formation des jeunes et des néophytes au sein du club yverdonnois. Apprendre? Cela signifie lire quelques livres et, sur Youtube par exemple, regarder les formules proposées par les champions et ensuite venir essayer de les reproduire. «On connaît les schémas, il faut les peaufiner», lance Mauro Quarta, dont la meilleure séquence au trois bandes – sa discipline de prédilection – est de dix coups consécutifs. Le record de Suisse est à quinze, celui du monde à 31.

«Le trois bandes, c’est pas mal de calculs, et moi, j’aime faire tourner les boules, sourit le nouveau champion du BCY. Bon, je n’ai plus les mêmes yeux qu’à l’époque. Je vois moins bien certains coups.»

Compétiteur, l’Yverdonnois s’illustre déjà sur la scène nationale en individuel et par équipes (voir encadré). Il s’est aussi inscrit à un biathlon, variante qui mêle le jeu des cinq quilles, beaucoup joué en Italie, et le trois bandes. Avec l’ambition de gagner, bien évidemment.

Fort de son solide bagage de joueur de billard américain, Mauro Quarta s’est rapidement adapté – grâce à son assiduité –aux spécificités du carambole. «La vision du jeu change, mais les coups restent les mêmes, assure-t-il. Les boules, plus lourdes au billard français, prennent moins d’effet, ce qui augmente la difficulté.»

Les tables à trous lui manquent-elles néanmoins? «Je ne pense pas que je retournerai au billard américain à présent, coupe-t-il. Il me faudrait trop d’entraînement pour retrouver un bon niveau.» Et il a encore tant à apprendre dans sa nouvelle discipline.

 

Un nouvel essor et des résultats probants pour le club

 

L’ambiance est au beau fixe, dans les locaux de l’avenue Kiener 61. Les interrogations des dernières années ont fait place au plaisir de constater l’essor du Club de billard d’Yverdon, fondé en 1983. «J’étais inquiet pour le futur du club avant et au début du Covid, reconnaît le président Fredy Meier. On comptait alors une vingtaine de fidèles et les restrictions sanitaires nous ont contraints de fermer la salle.»

Puis, début 2020, de nouveaux membres se sont présentés, et le club est passé de 20 à 30 adhérents en l’espace de 18 mois. «C’est quasi un record absolu. On a accueilli tant des retraités que des jeunes de 30 ans. Il a suffi qu’une ou deux personnes viennent, apprécient les lieux et ramènent de nouveaux joueurs dans leur enthousiasme, savoure le président. C’est extraordinaire, car notre discipline demande beaucoup de persévérance. L’avenir est réjouissant.»

Qui plus est, le CBY a accueilli des membres assidus, qui évoluent à un bon niveau, ce qui lui permet de figurer dans le haut des tabelles. Les Yverdonnois ont notamment fait des étincelles par équipes en trois bandes, cette saison. L’équipe du club de la Cité thermale – avec Mauro Quarta, Florian Coronato, François Henny et Victor Cardoso (de g. à dr. sur la photo) – a terminé 2e du championnat de LNB, avec deux victoires et deux nuls à son bilan. Seul Zurich II, promu, a fait mieux.

«On n’a jamais eu d’aussi bons résultats au club, se réjouit Claude Zwahlen. Il faut dire que Mauro pousse tout le monde à progresser.»

Yverdon tentera de viser la promotion en LNA la saison prochaine. Et sur le plan individuel, Mauro Quarta, sacré champion de Suisse dans la catégorie ligue régionale durant l’hiver à Bâle, essaiera de décrocher le titre au niveau LNB cette fois-ci.

Manuel Gremion