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Un début pas si catastrophique pour les places payantes
© Michel Duperrex

Un début pas si catastrophique pour les places payantes

14 mai 2021

On pouvait craindre le pire avec la suppression de la gratuité sur la quasi totalité des places du village. Pourtant, après quelques semaines, le bilan est plutôt positif pour les autorités.

Tout le village a dû s’y faire. Avant de garer sa voiture à Yvonand, il faut maintenant réfléchir. Depuis le 15 avril, la majorité des places publiques ne sont plus disponibles de façon illimitée et pour tout le monde.

Demander à un village entier de dégainer le disque bleu à chaque sortie ou, pire encore, de payer son ticket à l’horodateur? De quoi donner des sueurs froides à n’importe quel municipal de la police. Et pourtant, la révolte à laquelle on pouvait s’attendre n’a pas eu lieu. «Je pensais que nous aurions beaucoup de retours négatifs, reconnaît Guy-Daniel Beney, vice-syndic de la commune. Mais j’ai été étonné du nombre de réactions positives auquel j’ai été confronté.» Après deux semaines, seuls seize habitants ont réagi à cette nouvelle réglementation du stationnement. «Et aucune ne concerne le centre du village», assure le municipal chargé de la police.

Si Guy-Daniel Beney pouvait légitimement appréhender ce passage au stationnement payant, il reste en seconde ligne face aux problèmes que peut poser ce changement. Ceux qui se rendent au «front», ce sont les assistants de sécurité publique (ASP). «Certains services redoutaient la mise en place, confirme Meliha Sabotic, ASP depuis quatre ans à Yvonand. Je craignais de recevoir des commentaires négatifs. Mais à la place, certains m’ont même remerciée! Je suis très contente de la manière dont ça se passe, les Tapa-Sabllias sont très respectueux.» Il est toutefois à noter que la Commune n’a pas délivré de sanction durant les deux premières semaines. Les automobilistes ont ainsi eu le droit à une période de transition durant laquelle ils n’ont reçu qu’une fiche explicative.

Mais comment expliquer cette réaction si calme du village? «Nous avons bien communiqué, analyse le municipal de la police. Il y a eu un préavis, de grosses affiches A4 ont été posées durant les semaines qui précédaient la mise en place pour informer la population. Ce n’est pas arrivé comme un cheveu sur la soupe. Je crois que les Tapa-Sabllias en ont marre de l’indiscipline des touristes. Les places publiques… doivent rester publiques. Il est donc aussi important que chacun stationne sur une place privée. Notre but n’est pas d’embêter les gens ou de leur soutirer de l’argent. D’ailleurs, je crois que les formules choisies le montrent bien.» Et Meliha Sabotic de confirmer: «La Municipalité a été claire. Il n’est pas question de jouer aux cow-boys.»

Mais tout n’est pas rose pour autant. Car si personne n’a directement contacté le municipal pour exprimer sa réprobation, les habitants du village semblent tout de même majoritairement frustrés par ces changements. Mais visiblement pas suffisamment pour le clamer haut et fort, du moins pour l’instant. Car un point doit être relevé: actuellement, la plupart des Tapa-Sabllias ont obtenu le fameux macaron, gratuit jusqu’à la fin de l’année, qui permet de stationner sur des places publiques sans restriction. «Nous avons reçu 54 demandes et accordé 83 macarons, y compris à certains commerçants pour leurs employés. L’idée était d’être large et strict à la fois. D’un côté, on comprend qu’il s’agit d’un bouleversement et nous avons été compréhensifs avec les riverains. Mais nous avons reçu des demandes de personnes habitant le centre et qui souhaitaient se balader au bord du lac, par exemple, et donc avoir un macaron pour la zone lacustre. Dans ces cas, nous avons été stricts et refusé ces demandes.» Voilà pour la situation actuelle. Mais la population restera-t-elle aussi discrète lorsqu’il lui faudra débourser plusieurs centaines de francs pour se parquer devant sa maison? Pas si sûr… mais la réponse ne devrait pas trop tarder puisque le règlement sur le stationnement privilégié est au stade de l’ébauche avancée et que la Municipalité espère le présenter au Conseil communal cet été.

 

Et le centre des Vergers dans tout ça?

 

Seuls les parkings proches du centre des Vergers sont encore gratuits dans le village. Du coup, ils sont anormalement occupés depuis la mise en place des nouvelles mesures. «A 7h, lorsque j’arrive, soit une heure avant l’ouverture du centre, la moitié du parking est déjà utilisée, constate Julien Audergon, gérant de la boulangerie-pâtisserie Vuissoz. Au moment où je vous parle (ndlr: 9h30), alors qu’on est un lundi et qu’il pleut, il n’y a que trois places libres…»

Plutôt que des habitants eux-mêmes, le problème viendrait principalement de travailleurs qui profitent de la gratuité du parking pour garer leur véhicule toute la journée, avant de se rendre au travail en train ou en covoiturage, privant les clients du centre de places. La situation ne devrait toutefois pas durer, puisque le stationnement devrait bientôt être limité à 1h30, avec un disque bleu.

La situation est bien évidemment inverse pour les commerçants proches des places nouvellement payantes, à l’image de Mattmann Optique. «On n’a plus de voitures ventouses, donc c’est très positif pour nous, relève Jean-François Mattmann. L’avenue du Temple était très souvent saturée auparavant, alors que maintenant il n’y a parfois que deux voitures sur toute la rue!»

Massimo Greco