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Un grand coeur forgé dans la douleur

13 août 2015

Yverdon-les-Bains – Catherine Carp, la nouvelle présidente du Conseil communal, est une femme généreuse, dont l’épreuve de la perte de deux enfants n’a pas réussi à faire faiblir les engagements.

Enfant de Lausanne, la PLR accédait au Législatif de la Cité thermale en 2005 avec l’envie de s’engager pour sa ville d’adoption. © Michel Duperrex

Enfant de Lausanne, la PLR accédait au Législatif de la Cité thermale en 2005 avec l’envie de s’engager pour sa ville d’adoption.

Catherine Carp a toujours réalisé des bons scores, lors des élections pour le Conseil communal, les Yverdonnois apportant leur voix à une personnalité chaleureuse, ouverte et à l’écoute. Le jeudi 25 juin dernier, encore une fois, la PLR sera plébiscitée, par ses collègues cette fois, lors du vote pour l’accession à la présidence du Législatif de la Cité thermale. Une reconnaissance pour son travail, au sein des principales commissions, celles de gestion et des finances. Mais pas seulement. «Je suis particulièrement content du score de Catherine», glissera, alors, un élu socialiste. Ils sont nombreux, dans l’assemblée, à savoir que le sourire et la gentillesse de cette ancienne infirmière cache une souffrance sourde, celle d’avoir perdu deux de ses enfants, coup sur coup, Alain en 2007 et Henri en 2009. Le premier souffrait de problèmes cardiaques, le second a été emporté par une leucémie. Des épreuves qui ont façonné ses nombreux engagements, tant dans le milieu associatif que dans la politique. Des convictions qui trouvent aussi racines dans son enfance et ses origines multiples.

Catherine Carp naît le 27 mars 1955, d’une maman irlandaise et d’un papa belge. «Ils s’étaient rencontrés alors qu’ils séjournaient tous deux à Leysin, raconte la nouvelle présidente du Conseil communal. Ils s’installeront à Lausanne, où j’ai grandi.» Elle se souvient de ces vacances passées, petite, chez une grand-maman du Plat Pays, mais surtout de ces étés, quand elle était adolescente, à travailler dans la ferme d’une grande-tante, au sud de Dublin. Elle y apprend l’anglais au contact des ouvriers agricoles, attrapant au passage leur fort accent. Elle découvre le combat des membres de sa famille durant la guerre contre l’Angleterre, ainsi que l’histoire de ce grand-père, peintre et intellectuel, fervent trotskiste. «Je n’ai pas tout à fait choisi la même voie», rigole Catherine Carp.

Il y aura ensuite la rencontre avec son mari, Peter Carp, un pédiatre d’origine hollandaise. Le couple habite à Zurich, où Catherine suit une formation d’infirmière, vocation qui l’habite depuis que, à l’âge de 16 ans, elle a subi une lourde opération des genoux. Une profession qu’elle quittera pour se consacrer à ses quatre enfants: Sarah, Benoît, Henri et Alain, un cadet qui nécessite beaucoup de soin. Il y a quelque vingt-cinq ans, la famille s’installe à Yverdon-les-Bains, qui manque alors de pédiatres. Les années passant, Catherine Carp ressent le besoin de s’engager pour sa ville d’adoption. Elle entre au Parti libéral, celui dont les idées lui correspondent le plus: «Je crois que chacun est responsable de son destin et que l’individu doit être autonome et ne pas dépendre d’un état.» Elle entre au Conseil communal en 2005. A côté, elle s’investit dans différents organismes, toujours en lien avec l’enfance: Fondation Petitmaître, Pro Familia Vaud ou une association pour enfants qui ont des problèmes cardiaques.

Une vie qui basculera avec la mort d’Henri et d’Alain. Des disparitions qu’elle évoque toujours avec beaucoup d’émotion: «Sur le moment, on apprend à vivre seconde après seconde. On essaie de trouver le beau dans la moindre des petites choses». En mémoire d’Henri, musicien, fan des rythmes africains qui avait longtemps séjourné au Burkina Faso, Catherine Carp ira travailler dans un dispensaire à Ouagadougou, qui accueille des enfants atteints du noma.

«Siéger au Conseil communal m’a fait du bien, confie encore l’Yverdonnoise. Cela m’a obligé de sortir et de m’occuper d’autres problèmes.» Un Législatif qu’elle présidera pour la première fois le 3 septembre prochain. «Ce sera un honneur», insiste-t-elle. Une échéance qui ne l’a stresse pas outre mesure. «Je crois avoir un caractère calme qui permettra d’apaiser les tensions, qui ne manqueront pas de subvenir en cette période préélectorale.» Comme toujours, elle prendra les problèmes les uns après les autres. Elle a traversé trop de tempêtes pour se laisser déstabiliser.

Yan Pauchard