Un homme des bois sur les planches
11 juillet 2025 | Texte et photos: Jean-françois reymondEdition N°3976
L’inspecteur forestier vallorbier Pascal Croisier est un homme qui a plusieurs facettes. Mais le bois est son fil conducteur. Il travaille en forêt et quant à ses loisirs, il les pratique principalement sur les planches!
Pascal Croisier est un homme qui ne manque pas de ressources… Au civil, il occupe une profession très sérieuse et officielle d’inspecteur forestier des arrondissements 9 et 20, soit la vallée de l’Orbe et le vallon du Nozon. Il est en place depuis 2004, au moment où le poste était devenu libre. C’était pour lui comme un retour aux sources, puisqu’il est né à Vallorbe et qu’il a passé son enfance à la vallée de Joux. Ses forêts jurassiennes, il les aime et se donne à fond pour elles, qui en ont actuellement un grand besoin.
Patrimoine forestier en danger
Car notre homme se montre alarmant: «À cause du rapide changement climatique, il y a aujourd’hui beaucoup de dégâts de toutes sortes dans le patrimoine forestier. Les résineux souffrent de sécheresse et dépérissent à tel point que nous devons jouer aux pompiers. Les épicéas (sapins) sont en fait une forêt artificielle. On a beaucoup trop privilégié cette espèce pour ses multiples utilités notamment dans la construction, en négligeant les feuillus (chênes et foyards) qui donnent ombre et fraîcheur indispensables. Notre rôle est maintenant d’adapter la forêt au climat actuel et de favoriser la biodiversité et l’état naturel. Cela va changer le paysage et les pratiques forestières, mais il s’agit d’intensifier cette transformation. Nous allons vivre un avenir difficile où il s’agit de fixer les priorités malgré un manque de personnel toujours plus flagrant. C’est un sacré défi, mais il est temps de valoriser les forêts pour assurer leur survie…»
Personnage attachant
Mais malgré le côté sérieux de sa profession, Pascal Croisier est adepte de la diversion. C’est dans ses loisirs qu’il trouve la légèreté, la liberté d’expression et carrément l’humour. Tout d’un coup, il aime se retrouver sur une scène de théâtre ou de spectacle… Sur les planches donc! Il a cartonné durant l’hiver dernier avec son spectacle SOL contre tous, qu’il a joué notamment à Vallorbe et au Brassus. Il y interprétait un personnage attachant qui mêle habilement humour et réflexions sur le monde actuel qui nous entoure et qui change trop vite. «Des mots qui trébuchent et des phrases qui dansent… Des jeux de mots qui s’enchaînent sans fin, presque jusqu’au tourbillon!» ne se gênait pas de noter la presse régionale.
Le virus du théâtre
L’automne passé, nous avions rencontré Pascal Croisier hors scène. Se révélant comme une personne plutôt discrète, il avait confié que sa passion pour le théâtre remonte à sa petite enfance. Malgré pourtant une évidente timidité, il avait expliqué qu’à l’âge de 10 ans déjà, il adorait émerger d’un rideau de sa chambre pour se produire devant sa famille. Avec la complicité de sa sœur, ils lisaient des poèmes et faisaient de la musique avec orgue et guitare. Une fois adulte, il s’est mis à officier comme major de table avec des sketches dans le cadre de mariages, fêtes de famille ou de rencontres amicales. À la vallée de Joux, c’est sa prof de français, Catherine Leresche, qui lui a donné le virus du théâtre… Du coup, il a rejoint sans hésiter la troupe du Cabaret de la Tranchée, une troupe combière d’amateurs, où il avait réussi à se faire une place remarquée. «C’était ma façon de m’exprimer. C’est là que mon projet s’est réalisé!» commente-t-il.
Maintenant, c’est l’entracte!
En ce début d’été particulièrement caniculaire, Pascal Croisier continue à se soucier de l’état de sécheresse des forêts. Même si on ne craint pas ici des incendies tels que ceux du sud de la France ou du Canada, ce changement climatique rapide continue pourtant d’inquiéter. Et côté théâtre, c’est désormais l’entracte. SOL ne reviendra pas pour le moment et notre inspecteur s’est lancé maintenant dans l’improvisation. Il donne des cours dans cette discipline qui est importante et novatrice. «Je suis actuellement en stand-by, comme on dit en bon français! J’improvise… Donc pas de nouveaux projets de spectacles pour l’instant. Je prends le temps de la réflexion. Je suis en suspens, en veilleuse, mais pas à l’arrêt! L’espoir fait vivre!»