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Un marathon en Italie pour un village au Cambodge

27 novembre 2014

Course à pied – Lionel Imhof avalera 42 kilomètres et des poussières, dimanche, à Florence, afin de récolter des fonds pour l’ONG qu’il a créée, avec son épouse notamment, et dont l’objectif est de construire 35 maisons à Trang Baol.

Francine et Lionel Imhof avec leurs quatre enfants, Esteban, Nolwenn, Evaëlle et Théo (de gauche à droite). © Lionel Imhof

Francine et Lionel Imhof avec leurs quatre enfants, Esteban, Nolwenn, Evaëlle et Théo (de gauche à droite).

Lionel Imhof souscrirait sans doute à l’idée que celui qui veut changer le monde doit commencer par se changer lui-même. Il y a treize mois, le citoyen de Champtauroz a entamé une véritable transformation en vue de participer au Marathon de Florence, qui aura lieu dimanche. Sportif occasionnel jusqu’alors, il s’est discipliné pour suivre son programme d’entraînement et il a également repensé son alimentation. Arrivé au bout du processus, ce policier de 40 ans n’est plus tout à fait celui qu’il était, comme le prouvent les 17 kilos qu’il a perdus en route. Mais ce n’est pas en se regardant le nombril qu’il s’est convaincu de faire entrer la course à pied dans sa vie.

Sa participation au Marathon de Florence est une des démarches que Lionel Imhof a entreprises pour récolter des fonds en faveur de l’organisation non gouvernementale (ONG) Construire son avenir, qu’il a créée avec son épouse Francine notamment. Objectif: bâtir 35 maisons, dans le village de Trang Baol, au Cambodge. «Cela représente un budget total d’environ 180 000 francs», détaille-t-il.

Mouiller le maillot

En plus de se mettre en quête de financements auprès des bailleurs de fonds institutionnels et de vendre des écharpes en soie locale, il a donc décidé de mouiller le maillot, au sens propre, et de chercher des parrains pour le soutenir. «J’avais déjà entrepris une démarche similaire il y a quelques années, dans un tout autre cadre, lors d’un semi-marathon, et cela avait bien marché», se rappelle-t-il. Avec le concours d’un coach sportif, il a cette fois décidé de se lancer sur la distance supérieure. A bout touchant, il se dit aujourd’hui prêt pour les 42,195 kilomètres qui l’attendent, même s’il n’échappe pas à «l’appréhension de la course», sourit-il.

S’il a un coup de mou, il saura sans doute trouver l’énergie de continuer en se remémorant les raisons qui l’ont poussé à s’inscrire. Le projet d’entraide humanitaire monté par sa famille trouve son origine lors d’un voyage effectué durant l’été 2013. «Nous avons une passion pour la découverte des cultures du monde, le fait d’aller à la rencontre de peuples différents, explique Lionel Imhof. En 2011, nous sommes allés dans une réserve amérindienne au Canada et, l’année dernière, c’était le Cambodge.»

Sur pilotis

Partie dans le cadre d’une tournée humanitaire organisée par Jeunesse en mission, la tribu de Champtauroz participe à la construction de trois maisons à Trang Baol, un village proche de la frontière avec le Viêtnam. «Il s’agit d’habitations simples, rudimentaires, à la manière locale », précise le Nord-Vaudois. Mais dans cette région pauvre du sud du pays, où la plupart des habitants vivent dans des abris brinquebalants, qui ne résistent pas à la fureur de la mousson, le simple fait de disposer d’une maison construite sur des pilotis de béton garantit un meilleur niveau de vie.

«On s’est rendu compte qu’avec ce qui, à notre échelle, est relativement peu, on pouvait faire beaucoup, s’enthousiasme Lionel Imhof. Il faut compter environ 4000 francs pour une maison.» Lorsqu’au moment de remercier leurs visiteurs, les autorités ont signalé qu’il restait, au village, huit familles «pauvres» et vingt-sept «très pauvres» (toutes sont à la rue, la distinction tient au nombre d’enfants à charge), la fibre humanitaire des Nord-Vaudois a vibré, et ils ont décidé de continuer le travail.

Dynamique locale

La participation du père de famille au Marathon de Florence est donc une action, parmi d’autres, entreprise dans le but de débuter concrètement le projet. «On espère boucler le financement de cinq maisons cette année, précise Lionel Imhof. Ensuite, on souhaite arriver à quinze en 2016. Dès lors, tout en enchaînant avec les vingt habitations restantes, on cherchera à mettre en place, localement, des activités génératrices de revenus.» Dans la région, le travail en rizières est quasiment la seule activité «lucrative». Elle rapporte l’équivalent d’un dollar par jour. «L’idée, c’est de mettre en marche une dynamique sur le plan local», continue-til. Alors, incontestablement et à son niveau, la famille Imhof de Champtauroz aura contribué à changer le monde.

Lionel Pittet