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Un panier frais et local à l’ère du numérique

8 novembre 2018 | Edition N°2370

Bavois  –  Grâce à l’initiative de quatre jeunes entrepreneurs, La Petite Epicerie permettra à ses futurs clients d’accéder aux étals d’un container, jour et nuit, avec l’aide d’une application mobile.

Les quatre amis d’enfance, Sylvain Favre, Steve Brönnimann (au premier plan, de g. à dr.), Stéphanie Favre et Steven Oulevay (au second plan), ouvriront prochainement leur petite épicerie numérique. © Michel Duperrex

Un pot-au-feu ou un bœuf bourguignon mijotés par Romain, des bricelets préparés par Charlotte, du quinoa récolté par Sylvain et de l’huile de colza produite par Jean-Claude: La Petite Epicerie de Bavois regorge de produits locaux aux mille et une saveurs. Les étals de ce container de 12 mètres de longueur sur 2,5 mètres de largeur ont de quoi en régaler plus d’un.

Contrairement à une épicerie ordinaire ouverte de 8h à 18h, les clients ont la possibilité de s’y rendre à n’importe quelle heure du jour et de la nuit pour faire leurs petites emplettes. Grâce à une application installée sur leur smartphone, ils peuvent déverrouiller la porte, scanner les produits de leur choix et les payer. L’ouverture de ce premier point de vente est prévue prochainement.

«Depuis plusieurs années, il n’y a plus de commerces à Bavois», déplore Sylvain Favre, le fils de l’ancien fromager du village. Avec sa sœur Stéphanie et deux amis, Steven Oulevay et Steve Brönnimann, il a décidé de fonder cette petite épicerie.

Inspirés par un modèle qui existe déjà en Suède, les  quatre amis d’enfance ont proposé à une vingtaine de producteurs régionaux d’achalander eux-mêmes les étals de ce container, dont la température ambiante atteint 18 degrés.

Des producteurs locaux

«Dès le départ, j’ai été très emballé par le concept», révèle Christian Fasel, agriculteur-maraîcher à Penthéréaz, qui remplira prochainement les rayons de ce magasin avec ses endives, ses choux et d’autres légumes de garde. «C’est important que le consommateur puisse s’identifier aux produits de proximité, poursuit-il.  Pour nous, ce système est avantageux, car il y a un retour sur la marge de production plus important.»

Grâce à un QR code, les clients peuvent acheter des denrées alimentaires issues de la production régionale, mais aussi des produits de base comme des pâtes, de la moutarde ou de la fécule de maïs. «Nous prévoyons de mettre en place un horaire d’ouverture avec la présence d’un vendeur, trois fois par semaine, afin de permettre aux personnes retraitées du village d’avoir accès à l’épicerie», explique Stéphanie Favre.

Une phase de test

«Pour l’instant, nous sommes encore dans une phase de test, ajoute la jeune femme. Nous avons proposé à un panel d’une quarantaine de personnes de participer au projet et de nous faire partager leurs remarques éventuelles pour réajuster les derniers détails avant l’ouverture.»

Lara Rosat, qui a accepté de tester l’application, confie qu’elle apprécie le caractère autonome du projet. «C’est rapide et moderne. Je peux venir ici quand je veux et c’est très pratique», glisse-t-elle. «L’application est relativement intuitive et permet d’avoir une multitude d’informations sur la traçabilité des produits», renchérit son mari Didier.

L’entreprise a investi quelques dizaines de milliers de francs dans ce projet, mais ne souhaite toutefois pas révéler le montant exact.

Plus d’informations sur: www.lapetiteepicerie.ch

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Plusieurs défis sont encore à relever

Chef de la Direction générale de l’agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires du canton de Vaud, Frédéric Brand fait partie des testeurs de La Petite Epicerie et il s’est régalé avec le pot-au-feu mijoté par Romain. Enthousiaste, il croit au succès de ce concept unique en Suisse et au développement de celui-ci. «Il faut que les consommateurs changent leurs habitudes et envisagent cette épicerie comme un lieu d’approvisionnement et non comme du dépannage. Cette démarche est rendue possible avec la digitalisation», commente-t-il.

Ouvert 24 heures sur 24 grâce à l’application mobile, le commerce offre, selon lui, une grande souplesse aux producteurs locaux pour achalander les étals du container. Toutefois, Frédéric Brand redoute la complexité de la logistique fine. «Il va falloir gérer le volume de stockage pour certains produits, comme le tube de dentifrice qu’on peut trouver dans d’autres commerces», poursuit-il.

Par ailleurs, les producteurs partenaires de La Petite Epicerie ont sollicité le Canton – leur requête est en cours d’examen – pour bénéficier d’un soutien financier. Ce type d’aide, dont le montant peut s’élever jusqu’à 20 000 francs, est accordé, à titre d’exemple, aux associations qui proposent des paniers de légumes.

Valérie Beauverd