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Un peu d’Asie sur un plateau
Quelques membres réguliers de l’Yverdon Go Club. De gauche à droite: Aline Pilet, Umasuthasharma Mohanasarma, Erwan Guenier, David Rosat et Lionel-Vincent Duperrex. Photo: Zsolt Sarkozi.

Un peu d’Asie sur un plateau

23 mars 2023

Le jeu de Go est encore relativement méconnu en Occident. Il a pourtant ses adeptes, y compris dans notre région. Rencontre avec l’Yverdon Go Club.

 

Les habitués du café Le Tempo les ont probablement déjà aperçus dans un coin de la salle, ces gens plaçant des pierres blanches et noires sur un plateau, concentrés sur ce qui ressemble à une variante alambiquée du jeu de dames.

Ils se réunissent tous les lundis soirs, les membres de l’Yverdon Go Club, afin de disputer quelques parties d’un très vieux jeu originaire de Chine. Pour un observateur externe, il peut être difficile de comprendre, à première vue, le sens, le pourquoi et le comment du placement de ces pierres. L’image d’un jeu à la fois méconnu et complexe, c’est justement ce que cherchent à combattre ces gens. «Nous nous appliquons continuellement à promouvoir ce jeu formidable que peu de gens connaissent en Occident, alors qu’il s’agit d’une institution en Asie», explique David Rosat, président du groupe.

Le club yverdonnois a connu des hauts et des bas, revenant plusieurs fois à la vie au cours de sa longue existence. Cela fait maintenant sept ans que les membres actuels se rassemblent autour du goban, la grille sur laquelle se placent les pierres.

Comme le club, le jeu de Go a rencontré des difficultés en Occident, oscillant entre intérêt et désintérêt du public. Sa première heure de gloire apparaît dans les années 1980, époque où la France se retrouve empreinte d’un fort engouement pour l’Orient, et surtout le Japon.
Dans les années 2000, c’est un manga, Hikaru no go, qui redonne de l’enthousiame pour le jeu en Europe. Enfin, c’est en 2016 que la plupart des gens entendent pour la première fois parler du Go, lorsque le programme informatique AlphaGo, développé par DeepMind avant d’être racheté par Google, parvient à battre les meilleurs joueurs professionnels, dont le coréen Lee Sedol et le chinois Ke Jie.

Aujourd’hui, l’intérêt pour le Go s’est à nouveau tarit, malgré le film documentaire AlphaGo, distribué par Netflix en 2017, et l’Yverdon Go Club peine à fédérer de nouveaux membres. «Nous acceptons n’importe qui, les nouveaux commes les vétérans, précise toutefois David Rosat. Il faut juste avoir envie de jouer. Malheureusement, c’est plus compliqué pour les jeunes, parce que nous nous réunissons au café, faute d’avoir un local personnel.»

Les membres du club en sont persuadés, le jeu de Go est à la fois simple, profond et très plaisant, y compris pour les débutants. Leur mission réside alors davantage dans le fait de faire connaître le jeu. «Nous avons déjà essayé de promouvoir le Go lors d’événements dans des magasins ou lors de tournois. Par la suite, on se dit que ce serait bien d’essayer d’approcher les écoles, pour faire connaître le jeu aux jeunes, mais aussi parce qu’il y a une bonne approche pédagogique au Go», ajoute David Rosat.

 

Infos pratiques

 

Quoi: Yverdon Go Club

Quand: Tous les lundis dès 19h30

: Café Le Tempo, Quai de la Thièle 3, Yverdon.

Pour qui: Les joueurs de tout niveaux (du débutant au vétéran)

 

Un jeu aux règles immuables

 

Le jeu de Go serait le plus ancien jeu de stratégie connu à avoir été pratiqué continuellement depuis sa création jusqu’à aujourd’hui. Son succès, constaté surtout en Chine, en Corée et au Japon, tiendrait principalement dans la simplicité de ses règles.

Jeu de stratégie par excellence, une partie consiste à construire des territoires en plaçant ses pierres sur les intersections de la grille, appelée goban. Chaque joueur place alternativement une pierre, tantôt qu’on a les noires ou les blanches, et tente de marquer des points en encerclant des intersections ou des pierres adverses.

«J’ai été attiré par le côté simple du Go, en termes de règles et de visuels, mais aussi par sa complexité, à mesure qu’on progresse», commente Lionel-Vincent Duperrex, membre et responsable de la communication du club. «C’est un jeu qui a une grande profondeur, ajoute David Rosat, président du groupe. On peut y jouer toute sa vie sans jamais en avoir une maîtrise parfaite.»

Autre avantage du Go par rapport à des jeux plus classiques: son adaptabilité en fonction du niveau des joueurs. «On peut utiliser un système de handicap pour permettre aux débutants de se mesurer à n’importe qui. Quelque chose qui est compliqué à faire aux échecs, par exemple», explique David Rosat.

Plusieurs tailles de plateau existent, sitôt qu’on a beaucoup ou peu de temps. «Un plateau standard peut coûter entre cinquante et plusieurs milliers de francs, glisse un autre membre, Erwan Guenier. J’essaie d’en fabriquer moi-même mais il y a des subtilités à respecter. Par exemple, le quadrillage est formé de rectangles, et non de carrés, pour des raisons de perspectives.»

Robin Badoux