Un Rapport agricole 2010 bien alarmant

L’Office fédéral de l’agriculture a mis l’accent sur le nombre d’exploitations agricoles, en chute libre, mais aussi sur la main d’oeuvre, laquelle a fortement diminué en Suisse.

Le monde agricole est en pleine mutation...

Alors que la récolte de betteraves bat son plein, l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) a rendu public le Rapport agricole 2010. Si celui-ci ne comporte pas de nouvelles renversantes ou inconnues du secteur agricole helvétique, il met en valeur des constats alarmants, à l’image du recul du nombre d’exploitations agricoles.

Si le nombre total d’exploitations agricoles avait fortement diminué au cours de la décennie entre 1990 et 2000, il en est de même au cours de la dernière décennie, même si la tendance s’est atténuée. 20 000 exploitations agricoles avaient en effet été rayées du territoire entre 1990 et 2000, contre 10 000 depuis le début des années 2000. La chute libre semble enrayée, et la baisse absolue du nombre d’exploitations a donc diminué de moitié. Réjouissant? Non, car, comme le souligne l’OFAG, le «potentiel de diminution des petites structures» semble maintenant largement épuisé. En gros, il sera difficile de faire pire dans l’avenir. Ce constat ne serait pas alarmant, juste inquiétant, si l’on constatait que ces exploitations ont disparu pour se regrouper. La disparition par l’absorption n’est peut-être pas souhaitable, probablement négative, mais elle n’aurait rien de dramatique si elle ne s’accompagnait pas de diminutions du nombre d’emplois dans le secteur.

37 000 emplois en moins

Il y a en effet plus grave que la diminution du nombre d’exploitations, car celle-ci a pour corollaire une baisse de la main d’oeuvre, avec toutes les conséquence induites sur le marché du travail et pour les assurances sociales: dans les années nonante, le nombre de personnes actives dans l’agriculture a en effet diminué de près de 50 000 unités. Depuis l’an 2000, ce nombre a encore diminué de 37 000, soit une baisse de la main d’oeuvre de près de 100 000 personnes au cours des vingt dernières années, rien de moins! 

L’Union suisse des paysannes et des femmes rurales (USPF) a quant à elle réagi assez vivement à ce rapport, et principalement au passage concernant l’état de santé des femmes dans le secteur: «Les agriculteurs et les paysannes sont proportionnellement moins nombreux à aller chez le médecin». Tout irait donc bien? Par pour l’USPF: «L’Office fédéral de l’agriculture a toujours minimisé nos soucis dans ce domaine.» En conclusion? «Le rapport confirme que la tendance de faire parler les chiffres et les faits en faveur de l’OFAG et en défaveur de l’agriculture a été maintenue.»

Sévère? Le constat en ce qui concerne les exploitations est en tous les cas alarmant.