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Un roman inspiré d’un brin de nostalgie

13 janvier 2021

Journaliste localier dans l’âme, Philippe Villard est aussi un auteur talentueux. Il vient de publier Plume-Patte, un récit empreint d’empathie.

Journaliste talentueux, il s’exprime avec une qualité d’écriture rare, à l’occasion intervenant au Centre de formation au journalisme et aux médias (CFJM) à Lausanne. Philippe Villard est une véritable pépite d’or pour une rédaction. Car il partage volontiers sa riche expérience avec ses jeunes confrères. Et si le journalisme, essentiellement en raison des formats pratiques, a parfois étreint ce besoin d’expression, le roman qu’il vient de publier témoigne de son talent, mais aussi d’une richesse de vocabulaire impressionnante.

Au travers de l’histoire d’un personnage tout simple comme on peut en croiser tous les jours dans la rue, surnommé Plume-Patte, l’auteur nous emmène dans la vie d’un couple modeste, au travers d’une époque certes révolue, mais qui a marqué sa génération.

C’est la France de Giscard et Mitterrand, celle de l’épopée glorieuse de Saint-Etienne en Coupe des champions de football, mais aussi et surtout celle des petites gens que Philippe Villard, reprenant l’expression de l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qualifie de «France d’en bas». établi dans la région nyonnaise, l’auteur a vécu une bonne partie de sa vie en Savoie. Enfant déjà, il accompagnait son père, cafetier-restaurateur à Chambéry, chez les démolisseurs de la région pour récupérer des pièces de voitures. Et c’est tout naturellement que son «Plume-Patte», bricoleur aux mains d’or, à l’occasion braconneur de lapins lors de ses tournées de surveillance nocturne, est le fil rouge de cette plongée véritablement ethnologique dans une époque où, avec l’usure du temps, les couples se supportaient plus qu’ils ne s’aimaient, et où les plus modestes parvenaient à survivre au gré de combines et de petits trafics qui traduisaient une véritable solidarité.

Cette France-là, Philippe Villard en a été véritablement imprégné, pour ne pas dire marqué. Au point que, dans la pratique de son métier de journaliste, il a toujours exprimé un penchant pour les faibles, autant qu’un œil critique, mais rarement injuste, pour les puissants. Le temps passant, et les évolutions technologiques se succédant à un rythme infernal, l’écart entre les classes s’est encore accentué.

Conscient de sa position d’une certaine manière privilégiée, l’auteur s’interroge sur la vie et l’avenir de ces petites gens. Ils nous montre par son vécu, et ça ce n’est pas du roman, que les gens modestes recèlent souvent une grande richesse et des capacités étrangères aux biens matériels. Ce livre est un véritable hommage à une population qui, malgré la lutte des classes, flirte en permanence avec la précarité.

à l’heure de décliner mes intérêts – j’ai eu le bonheur de collaborer avec l’auteur à la direction de La Côte, et il n’y a pas si longtemps à La Région –, j’avoue que j’ai été emballé par la lecture de Plume-Patte. Non seulement parce que le roman nous entraîne dans un monde que m’a révélé le talentueux Jean-Paul Dubois, mais aussi parce que Philippe Villard y exprime toute sa richesse de journaliste humaniste et un humour proverbial.

Isidore Raposo