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Un savoir-faire atypique primé par le canton
Yann Oulevay et Valérie Roquemaurel ont bataillé pour devenir souffleurs de verre et avoir leur atelier, mais leurs efforts viennent d’être récompensés. © Michel Duperrex

Un savoir-faire atypique primé par le canton

24 septembre 2018 | Edition N°2337

Les souffleurs de verre Yann Oulevay et Valérie de Roquemaurel ont décroché, samedi, le Prix du patrimoine culturel immatériel de la Fondation vaudoise pour la culture.

Ils ont failli tout perdre et finalement ils ont tout gagné. Une pièce de leur four qui se casse au milieu des journées portes ouvertes, une inondation de trente centimètres dans leur atelier au mois de mai et les 350 heures de nettoyage qui ont suivi, ainsi que différents problèmes personnels: les deux souffleurs de verre de Pomy, Yann Oulevay et Valérie de Roquemaurel, ont collectionné les embûches depuis le début de l’année. Mais le vent a fini par tourner puisqu’ils ont obtenu le Prix du patrimoine culturel immatériel 2018, samedi, pour leur savoir-faire unique.

Remis à Lausanne par la Fondation vaudoise pour la culture, ce titre, ainsi les 20 000 francs qui l’accompagnent, sont arrivés comme le soleil au milieu de la tempête. «Comme ça nous est tombé dessus après une série de problèmes, ce prix nous met d’autant plus de baume au cœur», confie Yann Oulevay, qui a prévu d’utiliser sa moitié de la somme gagnée pour développer de nouveaux projets artistiques.

«C’est une si belle reconnaissance, lâche avec émotion sa partenaire. Je me suis toujours donnée sans compter et c’est tellement beau qu’aujourd’hui on nous donne en retour. Et ça nous rassure aussi, car cela signifie qu’on a fait le bon choix professionnel.» Captivée par l’art, Valérie de Roquemaurel utilisera, quant à elle, son enveloppe pour partir trois semaines aux Etats-Unis. «Cela fait trois ans que je rêve de partir à New York et à Seattle pour me nourrir l’esprit dans leurs musées, et je vais enfin pouvoir le réaliser.»

Long parcours avant la gloire

Si cette récompense compte autant aux yeux des deux Nord-Vaudois, c’est parce que leur métier n’est pas commun. «La première fois que j’ai travaillé le verre, je me suis brûlé tout le buste. Et le jour suivant, l’atelier de mon maître de stage a entièrement brûlé! Quelques jours après, il a fait faillite, raconte Valérie de Roquemaurel. Au moins, je savais ce qui m’attendait!»

Malgré les années qui ont passé, la jeune femme reconnaît que l’activité de verrier reste harassante, autant physiquement que psychiquement, et onéreuse. Pour couvrir leurs frais, les deux artistes doivent faire entrer 8000 francs par mois dans leur caisse. La clé du succès, c’est l’expérience, selon Yann Oulevay: «On dit qu’on ne devient un bon maître verrier qu’après dix ans de pratique», assure celui qui a consacré dix ans de sa vie à voyager à travers le monde pour apprendre toutes les techniques et les facettes de ce métier.

Christelle Maillard