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Un SOS reçu comme un électrochoc
Orbe, 10 octobre 2017. RNV, Yves-Alain Golaz. © Michel Duperrex

Un SOS reçu comme un électrochoc

27 juin 2019 | Edition N°2527

Orbe – Croulant sous les dettes, la webradio RNV est à deux doigts de mettre la clé sous la porte. Avant de plier bagage, elle a lancé un financement participatif. À quelques jours du terme, l’équipe a récolté 82% de la somme recherchée, mais reste confiante.

Au départ, ils étaient une bande de potes qui aimaient la radio et donnaient de leur temps sur la webradio StopFM. Pleins de rêves et d’idées, ils se sont mis à leur compte en lançant, en février 2014, leur propre chaîne sur Internet, RNV. Mais cinq ans plus tard, de ce joyeux groupe d’amis, il ne reste plus qu’une poignée de passionnés. Et ils tirent la langue. «Cela fait six mois qu’on n’arrive plus à payer le loyer, et bien trois ou quatre mois qu’on n’a pas réglé VOEnergies pour Internet», a expliqué Yves-Alain Golaz, plus connu sous le nom de Yago. Il est l’un des fondateurs de RNV, qui est installée dans les locaux du technopôle d’Orbe.

À la recherche de dons et de subventions

Bien décidés à rester actifs, les douze bénévoles de l’association RNV ont donc lancé un appel aux dons via un financement participatif, début juin. Et ils ont réussi à récolter 6615 francs sur les 8000 francs qu’ils demandaient, soit 82% du montant recherché. Mais ils n’ont plus que quelques jours pour trouver le solde, car si la cagnotte n’est pas remplie à 100% d’ici à dimanche, ils ne recevront rien. Sauf peut-être une lettre leur demandant de quitter leur local. «On va y arriver!», assure Yago. Et d’ajouter: «Je trouve déjà cool et sympa de voir que les gens se soient intéressés à notre cause. C’est très réjouissant. Par contre, je suis un peu étonné de voir qu’il n’y a eu que quelques entreprises qui ont répondu à l’appel parce qu’on propose pas mal de contreparties commerciales en échange des dons.»

Pourquoi RNV se retrouve dans une situation aussi critique? «On est une association, donc on n’a pas d’autres entrées d’argent que les 100 francs que cotisent les membres», explique Yago. Pour compléter les revenus, l’association peut également compter sur des revenus publicitaires et des sponsors.

«On bénéficiait d’une aide de 5000 francs par saison de l’Association pour le développement du Nord vaudois (ADNV), par rapport à notre émission Enjeux Nord Vaudois. Mais le partenariat s’arrête fin juin, et comme nous n’avons pas pu convenir d’un rendez-vous avec la nouvelle directrice, il ne sera peut-être pas reconduit», s’inquiète Yago, en précisant que ce montant met du beurre dans les épinards mais ne couvre, de toute façon, pas les 11 000 francs de budget annuel de l’association. À noter que pour passer sur les ondes, RNV devrait prévoir un total de charges de 27 500 francs, c’est pourquoi elle n’est disponible que sur Internet.

De son côté, Nadia Mettraux, directrice de l’ADNV, a appris avec étonnement l’existence de ce couac de communication: «Je suis navrée pour RNV car sa requête ne m’est jamais parvenue. Je peux vous dire que je vois le maximum de gens qu’il m’est possible de rencontrer, mais je n’ai pas eu connaissance de sa demande de rendez-vous.» Avant de promettre: «Je prends note de l’information et je vais rappeler l’association.»

Un cri du cœur entendu par les communes

Si, dans un premier temps, la démarche de financement participatif visait à récolter des fonds, elle avait aussi pour objectif de faire bouger les communes nord-vaudoises. Et notamment Orbe. «J’ai été ravi de voir le municipal urbigène Luiz De Souza très investi dans les discussions et dans l’envie de trouver des solutions pour assurer la pérennité de RNV, au travers d’une éventuelle entente entre différents partenaires potentiels, comme les communes, l’ADNV ou encore l’Office du tourisme, pour couvrir les frais de la radio», relève Yago.

Un idée plaisante qui, pourtant, n’a rien d’inédit aux yeux de l’animateur radio. «En 2016 déjà, on a toqué aux portes de la septantaine de communes du district pour leur demander une subvention annuelle de 250 francs. On s’attendait à un taux de participation de 50% , mais on est tombés de haut. Car on n’a reçu que six à sept réponses  et pas toutes étaient positives», se rappelle l’animateur radio. Et on leur a envoyé un nouveau courrier en début d’année qui est resté lettre morte, sauf à Yverdon-les-Bains.»

En effet, la Cité thermale, comme Orbe, étudie un moyen pour soutenir RNV. «Le Service de la culture de la Ville d’Yverdon-les-Bains m’a contacté afin de me proposer de devenir expert pour le prochain Prix Culturel Régional. Si cette première action ne permet pas de faire bouger notre problème économique, elle marque une certaine reconnaissance de notre travail et pourrait avoir des conséquences positives à moyen et long terme», se félicite Yago.

Et de conclure: «On aime fondamentalement ce que l’on fait, donc la seule chose qui pourrait nous faire nous arrêter, ce serait l’épée de Damoclès qui tombe sur nos têtes!»

Christelle Maillard