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Un univers à part situé aux confins de la ville

9 juin 2016 | Edition N°1760

Yverdon-les-Bains – La Société de développement du quartier des Cygnes fêtera ses 90 ans, samedi à La Marive. L’occasion de revenir sur l’histoire mouvementée de cette partie de la Cité thermale.

Philippe Golliard, président de la Société de développement du quartier des Cygnes et Elena Gilliéron, archiviste de la société après en avoir été l’un des piliers pendant plusieurs décennies. © Carole Alkabes

Philippe Golliard, président de la Société de développement du quartier des Cygnes et Elena Gilliéron, archiviste de la société après en avoir été l’un des piliers pendant plusieurs décennies.

Le quartier des Cygnes, serait, s’il s’agissait de le personnifier, un vieil homme apaisé puisant dans son passé tumultueux la force d’affronter le quotidien avec sérénité. Elena Gilliéron, qui est venue s’y installer en 1977, en apprécie le calme. En tant que «mémoire» de la Société de développement, dont le 90e anniversaire sera célébré ce week-end (voir encadré), elle sait pourtant que la vie n’y a pas toujours été un long fleuve tranquille.

Le livre d’or, né en même temps que la société, et dont elle a confié la conservation aux Archives de la Ville, en atteste. «Les nombreux ouvriers occupés sur les barques formaient une population nomade un peu à part. Beaucoup se souviennent encore de ces rudes bateliers aux figures bronzées, aux allures un peu inquiétantes», peut-on, notamment, lire dans un style calligraphique renforçant l’impression un brin grisante de consulter un grimoire.

Une chronologie détaillée donne plusieurs datesclés liées à la formation du quartier. En 1837, la maison Gautschy est construite. Il s’agit de la première bâtisse de la rue des Cygnes.

L’année 1859 marque l’inauguration de la ligne de chemin du chemin de fer Yverdon-Vaumarcus, qui sépare le quartier de la ville.

Une description de ce dernier, datant de 1875, indique que «les peupliers lui donnaient un peu l’aspect d’un bois clairsemé. Naturellement, les eaux de la rivière (ndlr: la Thièle) étaient plus hautes et de grandes barques amenaient sable, pierres, graviers, bois, vins et autres marchandises».

Relations tumultueuses

Fondée «le 23 mars 1926, à l’initiative d’Alfred Nerny», la Société de développement du quartier des Cygnes avait entre autres pour objectif de «s’adresser à l’autorité», avec laquelle l’entente n’a pas toujours été cordiale, tout comme, d’ailleurs, avec les autres Yverdonnois en général.

Qualifiés de «cygnes noirs» -«une grande partie d’entre eux étaient mâchurés, soit des ouvriers du chemin de fer», nous append le livre d’or-, les habitants de cette partie de la Cité thermale située entre la Thièle et Le Bey, le lac et la voie ferrée, reprochaient à la ville d’y décharger ses détritus. Et on raconte que traverser la passerelle des Cygnes les jours de bal constituait un exercice périlleux pour les jeunes hommes de la ville, que certains habitants du quartier ont aidé à boire la tasse.

Un grand dynamisme

Affranchi de ces histoires d’un autre temps, qui donnent du sel aux discussions des anciens, le quartier n’a pas pour autant plongé dans l’apathie, loin s’en faut. Sa société, aujourd’hui forte d’environ 250 membres, a pris part à différentes réalisations d’intérêt public, comme la création d’un parc avec des jeux pour les enfants et la restauration de la Chapelle, construite «grâce à la générosité de William Barbey», et dont le centenaire à été célébré en 2001.

Le comité de la société, composé d’une vingtaine de personnes, est la cheville ouvrière des manifestations telles que les Brandons du quartier et les Cygnes en fête, dont la prochaine édition aura lieu en 2017 en raison du 90e.

«Les gens qui viennent au comité y restent longtemps. Des amitiés se créent», déclare Philippe Golliard, président de la société depuis 2010.

Une journée de fête

En 1926, date de la création de la Société de développement, le quartier des Cygnes, comptait 110 maisons et 650 personnes. Il totalise, aujourd’hui, plus de 1200 ménages pour 3500 personnes, apprend-on sur le site internet du quartier. Pour faire honneur à l’identité multiculturelle acquise par ce secteur de la ville, cette société a misé, à l’occasion de ses 90 ans, sur des représentations de musique et de danse (de 13h45 à 20h45 à La Marive), ainsi que sur des stands de nourriture de différents pays. La journée festive de samedi se déroulera comme suit: 10h30-11h30: cortège -départ de l’école des Prés-du- Lac et arrivée à La Marive; 11h45: partie officielle; 12h45: cors des Alpes; 13h: L’Avenir; 16h45-17h30: spectacle du Zarti’Cirque; 18h45: country «Les Cheyennes»; dès 21h: musique par DJ Claude.

Ludovic Pillonel