Balcon du jura – Paysage Libre Vaud et d’autres organisations ont lancé, hier, une pétition contre les trois futurs parcs éoliens.
Les Nord-Vaudois verront ces prochaines années près d’une quarantaine d’éoliennes d’environ 200 m de hauteur surgir sur les crêtes situées entre le Chasseron et le Creux-du-Van. C’est du moins ce qu’envisagent plusieurs promoteurs impliqués dans l’édification de trois parcs éoliens répartis sur les territoires de la Grandsonnaz, de Grandevent et de Provence.
Face à une telle perspective, un vent d’oppositions s’est soulevé, hier matin, sous l’impulsion de la fédération Paysage Libre Vaud et de plusieurs organisations comme Pro Natura, Helvetia Nostra, la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage ainsi que BirdLife. Les militants ont lancé une pétition pour «sauver» les crêtes jurassiennes de «l’industrialisation éolienne».
Selon Jean-Marc Blanc, secrétaire général de Paysage Libre Vaud, «un tel dispositif est trop onéreux et dénature le site au profit de promoteurs qui n’hésiteront pas à vendre l’électricité au prix du marché alors qu’ils sont subventionnés par les contribuables». «Les conséquences seront irréversibles pour le paysage, la faune et la flore», renchérit Michaël Buffat, conseiller national UDC.
Chargée d’affaires pour Helvetia Nostra, une association filiale de la Fondation Franz Weber, Anne Bachmann craint notamment les conséquences néfastes des éoliennes pour les chauves-souris qui volent entre le Val-de-Travers et la Grande Cariçaie. Selon elle, la Sérotine bicolore est particulièrement menacée par l’implantation d’éoliennes sur les crêtes.
Energie complémentaire
Président du Conseil d’administration de la société Ennova chargée de développer le projet éolien de la Grandsonnaz – 17 éoliennes sont prévues sur ce site –, Pierre Gautier considère que toute activité humaine a un impact sur son environnement. «Plusieurs études développées sur le site du Mont-Crosin (JU) ont démontré que les conséquences néfastes sur les oiseaux étaient faibles.»
Et de préciser que «le peuple suisse a choisi de sortir du nucléaire d’ici 2050 et qu’il va donc falloir trouver d’autres solutions pour palier ce manque». Interrogé sur le montant d’un tel investissement, Pierre Gautier annonce qu’il s’élèvera à plusieurs dizaines de milliers de francs.
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Des communes perplexes
«C’est une aberration!», s’insurge Jean-Franco Paillard, syndic de la Commune de Bullet à propos de la pétition lancée par Paysage-Libre Vaud et consorts. Depuis 2007, l’édile suit attentivement le dossier en faveur du parc éolien de la Grandsonnaz et a déjà participé à plusieurs rencontres avec les opposants. «Ils (ndlr: les pétitionnaires) se permettent de nous faire des leçons sur notre propre territoire communal, mais est-ce qu’ils proposent des solutions concrètes pour financer d’autres projets régionaux comme les remontées mécaniques?», s’interroge-t-il.
Quant au syndic de Mauborget, Claude Roulet, il n’est pas opposé au projet d’éoliennes, mais ne mâche pas ses mots: «On bouffe l’argent des communes pour des études et des discours qui n’en finissent plus. Mais au fond, il n’y a pas de prise de position claire.»