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Un Yverdonnois pour relancer le Salon
Arrivé il y a tout juste un an à la tête du Salon international de l’automobile, Sandro Mesquita est déterminé à redonner une nouvelle dynamique à la manifestation. dr

Un Yverdonnois pour relancer le Salon

3 mai 2021

Au terme de longues négociations, la Fondation du Salon de l’auto et celle de Palexpo sont parvenues à un accord.

La Fondation Palexpo et sa cousine du Salon international de l’automobile de Genève n’avaient d’autre choix que celui de s’entendre, tant leur destin est lié. La seconde avait en effet été à l’origine de la première et un divorce, même par consentement, paraissait inimaginable. La raison a donc fini par l’emporter. La prochaine édition du Geneva International Motor Show (GIMS) devrait donc avoir lieu l’an prochain, du 17 au 27 février, soit deux semaines avant la période traditionnelle d’une manifestation centenaire. Et pour relever ce défi, la Fondation du Salon a fait appel à un Yverdonnois, Sandro Mesquita.

A 46 ans, l’ancien élève du collège Léon-Michaud et du CESSNOV – il a ensuite obtenu un master en communication – affronte ce qui se présente comme le grand défi de sa carrière. Le directeur général n’a pas attendu l’annonce de l’accord entre les deux fondations pour se mettre au travail. Depuis de longs mois, il a établi des contacts avec les partenaires potentiels pour esquisser la forme du nouveau Salon de l’automobile. Car elle sera fondamentalement différente de la manifestation classique qui, durant plus d’un siècle, a été la véritable capitale mondiale de l’automobile, accueillant jusqu’à 12 000 journalistes et des centaines de milliers de visiteurs. Le record absolu a été établi en 2005, avec 747 700 entrées à l’occasion de la 75e édition!

Depuis, bien de l’eau a coulé sur le Rhône et la crise sanitaire, arrivant en pleine transformation de l’industrie automobile, a imposé la fermeture d’une page glorieuse. Mais plutôt que de s’appesantir sur un passé glorieux, Sandro Mesquita a le regard tourné vers l’avenir. Et une sereine détermination. Intronisé en pleine tempête, en mai de l’année dernière, quelques semaines après l’annulation tardive – à onze jours de l’ouverture – de la manifestation, il n’a eu d’autre choix que celui de se tourner vers l’avenir.

De quoi sera fait le futur Salon? «L’idée est de réadapter le format, la forme et le contenu, de manière à répondre aux changements intervenus dans le domaine de l’automobile», explique le directeur général. Et de poursuivre: «On doit aujourd’hui traiter les problèmes de mobilité, les nouvelles technologies, tous les changements en cours dans le domaine de l’automobile. La formule éprouvée durant cent ans est dépassée. L’heure est par exemple aux voitures intelligentes. Le nouveau Salon doit être une plate-forme qui permet au monde de l’automobile de dialoguer, notamment avec son public et ses utilisateurs.»

Avant même la pandémie, certaines grandes marques avaient tourné le dos à la manifestation. Participeront-t-elles à ce qui apparaît déjà comme une véritable renaissance du Salon de l’automobile? «On a commencé les discussions il y a quelques mois. A ce stade, nous avons eu des réactions très positives et bienveillantes. Mais ce n’est pas encore une signature au bas d’un contrat. On est en train de recommencer de zéro. On doit reconquérir les marques. On va se battre pour y parvenir. Le challenge est là!», explique Sandro Mesquita avec beaucoup de détermination dans la voix.

Le nouveau directeur général, arrivé en mai de l’année dernière, se trouve donc face à une page blanche. Une situation tout sauf inquiétante pour lui. Il a déjà commencé à constituer une petite équipe et, à mesure que les parternariats se concrétiseront, la cellule sera étoffée. Car la relance de la manifestation passe aussi par une nouvelle structure (voir encadré).

Le défi est d’autant plus difficile que les délais sont courts. Le nouveau directeur général mise sur une montée en puissance qui devrait atteindre son apogée dans le courant de l’automne. Un objectif qu’il aborde avec calme. «L’équipe de base grandira au fur et à mesure. On va avancer par paliers car il faut être attentifs aux coûts», ajoute Sandro Mesquita.

 

Attaché à sa ville

 

A 46 ans, l’ancien élève yverdonnois, aujourd’hui domicilié à Lausanne, revient régulièrement dans sa ville de coeur, où il a vécu jusqu’à 30 ans, et où séjourne encore une partie de sa famille. Ses parents, qui ont tous deux travaillé à l’Hôpital de Chamblon, sont retournés au Portugal. Ils vivent à Porto. Sandro Mesquita a travaillé durant une vingtaine d’années dans la communication, créant sa propre agence dans le cadre d’un réseau, acquis par la suite par le géant Publicis.

 

La raison, et un partenariat, ont fini par s’imposer

 

Il y a tout juste un an, l’atmosphère entre les Fondations de Palexpo et du Salon était à l’orage. L’annulation, au tour dernier moment, de la manifestation automobile, principale source de revenus du palais des expositions, avait provoqué 11 millions de francs de pertes et un litige inextricable. Mais jeter l’époque aurait un impact considérable sur l’économie genevoise, les retombées du GIMS étant estimées à 200 millions de francs. La recherche d’un partenaire a été privilégiée -selon des rumeurs, il s’agirait d’un investisseur institutionnel du Moyen Orient dont le nom devrait être dévoilé prochainement- et elle permet aujourd’hui de relancer le moteur. Au gré de ce conflit, les structures ont été éclaircies. En effet, depuis vingt ans, la Fondation du Salon n’avait qu’un employé, le directeur de la manifestation. Les autres ressortaient de la Fondation Palexpo. Désormais, chaque institution aura son personnel propre. Et pour reconstituer une équipe, Sandro Mesquita a bien évidemment privilégié les collaborateurs affectés au Salon sous l’ancien régime, pour autant qu’ils aient manifesté leur disponibilité.

Isidore Raposo